Pour Abdellatif Mekki, le dirigeant nahdhaoui et ancien ministre de la Santé, le blocage actuel réside dans le choix du gouvernement de technocrates. A ses yeux, le parti islamiste n’est en rien responsable de cette crise, n’étant pas le parti « qui gouverne et décide ». Mais oubliant au passage qu’en réalité, rien ne se fait sans sa bénédiction.
Qui est responsable du blocage de la vie politique en Tunisie? Pour Abdellatif Mekki, l’ancien ministre de la Santé et dirigeant nahdhaoui de premier plan, la réponse fuse comme une évidente. A savoir que c’est le gouvernement de technocrates qui est à l’origine de tous les maux, notamment de l’instabilité qui pèse sur le pays ces derniers temps.
Tous responsables, « sauf Ennahdha »
« Ennahdha n’est en rien responsable de la crise, n’étant pas le parti qui gouverne et décide; d’autant plus qu’il ne dirige aucun ministère. D’évidence, il y a une différence entre un parti politique qui détient le pouvoir par lui-même et qui soit représenté au sein du gouvernement et un parti qui se contente de donner son avis ». Ainsi faisait-il observer hier lundi, lors de son intervention sur les ondes de Shems FM.
Et d’argumenter: « C’est le gouvernement de Hichem Mechichi qui gouverne en concertation avec les partis majoritaires au Parlement. A l’instar du bloc de la Réforme, le mouvement Qalb Tounes, la collation d’Al Karama ainsi que le mouvement Ennahdha ». Précisant à l’occasion qu’il s’est toujours opposé à un gouvernement de technocrates, lequel est « à l’origine des cafouillages actuels ».
Tous responsables, tous coupables? Pour le dirigeant nahdhaoui, tout le monde est en partie responsable de la crise politique actuelle. « Tous les partis doivent rendre des comptes et assumer leur responsabilité. L’opposition aurait dû proposer des projets alternatifs et non se contenter de créer un blocage au sein des institutions de l’Etat. Les partis seront jugés par les citoyens, sachant qu’à chaque échéance électorale, le peuple vote pour Ennahdha ». C’est ce qu’assurait encore Abdellatif Mekki.
« Ennahdha détient une stratégie économique claire. Mais aucune stratégie ne peut être mise en œuvre dans le cadre d’une telle instabilité politique », a-t-il déploré.
Drôle de logique
Sur un autre volet, il était prié de donner son avis sur la manifestation organisée par son parti le 1er février dernier au cœur de la capitale. Et ce, en dépit de la recrudescence de la pandémie. L’ancien ministre de la Santé a rappelé avoir refusé de participer à ce rassemblement pour des raisons sanitaires.
Toutefois, il n’existe selon lui aucun lien de causalité directe, établi par les scientifiques, entre les manifestations et la recrudescence de la pandémie en Tunisie. « La situation sanitaire actuelle résulte principalement d’un relâchement général et du manque du respect des gestes barrières ».
Mais sur quelle base scientifique s’appuie ce médecin de son état pour énoncer cette énormité ? Et que dire des milliers de personnes entassées dans des bus bondés et déversées sur la capitale. Et qui sont revenues chez elles propager le virus mortel aux quatre coins du pays?
Kamel Ben Younes, « l’homme de la situation »
D’autre part, revenant sur la nomination controversée du journaliste et universitaire spécialisé en Communication, Kamel Ben Younes, à la tête de la TAP et le tollé soulevé par les employés de cette institution publique, M. Mekki a nié tout rapprochement de Kamel Ben Younes avec le parti islamiste. En assurant que sa nomination est fondée sur le mérite, « compte tenu de sa riche expérience professionnelle dans le secteur médiatique ».
« Certaines personnes à l’Agence TAP se croient encore sous l’ancien régime de Ben Ali. Et elles ont la certitude que ces postes leur sont réservés, ce qui n’est pas du tout acceptable », s’est-il écrié.
Kaïs Saïed taclé par Abdellatif Mekki
Enfin, commentant la récente visite du président de la République, Kaïs Saïed en Egypte, l’auteur de la fronde du Groupe des 100 contre le cheikh de Montplaisir, n’a pu résister au plaisir de tacler le locataire du palais de Carthage. « Cette visite, relativement inattendue, aurait dû être mieux préparée à l’avance en Tunisie. Afin de parvenir à conclure des conventions favorables à l’intérêt du pays et pour ne pas susciter de suspicions ».
Ajoutant, lucide, que la Tunisie et l’Egypte, ainsi que l’armée tunisienne et celle de l’Egypte ont choisi des « chemins différents ».
Ceci-dit, c’est dans le choix des chemins que réside toute la différence M. Mekki.