Que peut-on déduire de la visite de Kaïs Saïed, le président de la République en Egypte? Il est clair qu’un grand nombre d’analystes politiques voit dans cette visite une réussite.
De son côté, Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie en Allemagne, au Japon en Inde et en Corée souligne lui aussi que la visite de Kaïs Saïed était un succès sur le plan protocolaire. Car, il estime que « les officiels égyptiens, avec à leur tête le président Abdelfatteh Sissi, ont multiplié les gestes d’égard et de considération pour la Tunisie et le président Kaïs Saïed. Mais aussi quant à la teneur des discussions qui ont dégagé une concordance de vues. Et ce, tant sur les moyens de renforcer les concertations et les relations bilatérales dans tous les domaines; que sur les questions internationales. Et particulièrement celles concernant la paix et la sécurité dans notre région; notamment le dossier libyen et le terrorisme international. »
Elyes Kasri: « Une Constitution qui s’est avérée être une source de dilution »
Et de poursuivre: « La concordance de vues des présidences tunisienne et égyptienne sur la stabilisation de la Libye et la consécration du processus démocratique dans ce pays voisin important pour les deux pays augurent de jours meilleurs pour notre région.
Toutefois, si la direction égyptienne a l’avantage de l’homogénéité politique et d’une expérience internationalement reconnue en matière de développement et de croissance économique, la Tunisie se présente comme un partenaire amoindri par un exécutif tiraillé par un bicéphalisme antagoniste, un parlement qui représente ce qu’il y a de plus exécrable dans le pays et une Constitution qui s’est avérée être une source de dilution de l’autorité et de blocage politique. »
Par ailleurs, on s’interroge sur l’état des lieux de la diplomatie tunisienne. A cet effet, Elyes Kasri met l’accent sur l’importance de la diplomatie tunisienne, qui selon lui, aura à surmonter la situation inextricable dans laquelle l’a mise la Constitution entre les présidences de la République et du gouvernement de même que les séquelles de la purge menée par les gouvernements successifs depuis 2011, à l’instigation des tenants de l’islam politique trop pressés de faire place nette pour leurs propres réseaux à l’étranger et les abus commis sous prétexte de rajeunissement des compétences.
Le dialogue tuniso-égyptien, un acquis!
Avant d’ajouter: « En fait, si l’entame du dialogue tuniso-égyptien est un acquis remarquable, le suivi et la mise en œuvre des décisions prises risquent de poser problème du côté tunisien. Lequel est loin de disposer des moyens institutionnels de la partie égyptienne.
Apres avoir eu le courage et la perspicacité de se rendre en Egypte et de s’exprimer clairement avec son vis-à-vis égyptien sur des questions de la plus haute importance pour la Tunisie, le président Kaïs Saïed devra veiller à la mise en œuvre de ce qui a été convenu au Caire. »
Et puis pour en finir, même si grosso modo, la visite de Kaïs Saïed en Egypte est un grand succès; la question est de savoir s’il a les moyens de mettre en œuvre de ce qui a été annoncé. A-t-il les moyens de les appliquer? La question mérite réflexion. Et comme on dit wait and see…