Il a fallu un an et demi au président Kaïs Saïed pour qu’il s’installe dans son rôle de président de la République. Il y a près d’un mois, le 17 mars exactement, il a eu le flair et le bon sens politique d’être le premier chef d’Etat à se rendre en Libye. Une visite qualifiée d’ « historique » par le président du Conseil libyen Mohammed El Menfi. A quand une visite en Syrie?
Un mois plus tard, Kaïs Saïed se rend en Egypte où il a fait l’objet d’un accueil extrêmement chaleureux de la part du président Abdelfattah Sissi. Trois sujets ont été au centre des entretiens tuniso-égyptiens: la Libye, la sécurité hydraulique de l’Egypte et l’assèchement des sources du terrorisme. Tandis qu’on s’interroge sur un déplacement en Syrie.
La Libye étant frontalière de l’Egypte et de la Tunisie, quoi de plus naturel que les deux pays coordonnent leurs positions et harmonisent leurs actions en vue d’aider le voisin meurtri par dix ans de guerre, de terrorisme et d’interférences étrangères à se stabiliser et à entamer la reconstruction?
Quoi de plus naturel aussi que la Tunisie exprime sa solidarité avec les autorités égyptiennes dans la crise qui les oppose à l’Ethiopie au sujet du barrage « Ennahdha »? Un barrage immense dont la deuxième phase de remplissage risque de mettre en danger la sécurité hydraulique de l’Egypte et la stabilité dans la région.
Le troisième sujet, l’assèchement des sources du terrorisme, est d’une haute importance pour les deux pays qui ont souffert et souffrent encore sur le plans économiques, sociaux et politiques du fléau généré par l’islam politique. On n’a aucune idée du contenu des entretiens des deux présidents à ce sujet. Toutefois, une chose est certaine: les autorités égyptiennes, de par les interrogatoires auxquels ont été soumis depuis juillet 2013 les dirigeants de la confrérie islamiste, sont sans aucun doute en possession d’informations importantes qui pourraient concerner la section tunisienne de la dite confrérie. Et il est fort probable que le président Sissi en aurait transmis quelques unes à son hôte.
Post délirant
Une telle perspective ne peut pas ne pas être redoutée par les dirigeants d’Ennahdha qui, jusqu’à présent, s’abstiennent de commenter officiellement la visite de Kaïs Saïed au Caire. Mais il n’est pas difficile de deviner leur avis sur la question. Mais leur avis ne doit pas être différent de celui de l’ancien président Moncef Marzouki pour qui Kaïs Saïed, en se rendant en Egypte a commis… l’irréparable!
D’ailleurs, dans un post délirant publié le 9 avril sur sa page Facebook, Marzouki demande « pardon à l’âme de Mohammed Morsi, aux martyrs de Rab’aa et aux milliers des enterrés vivants dans les prisons de Sissi ». Au nom de qui ces excuses sont présentées? Au nom de « la Tunisie de Bouazizi » !!! Il voulait sans doute dire celle de Moncef Marzouki et de la Troïka.
Dans son délire, Marzouki se tourne ensuite vers le président Kaïs Saïed: « Cet homme auquel la révolution a permis d’arriver au pouvoir ne la représente plus. Il ne représente pas non plus l’indépendance du pays, son unité ni ses intérêts ni ses valeurs, et à plus forte raison l’honneur de la Tunisie. »
Chacun est libre de choisir son idéal. L’idéal que choisit Marzouki est « la Tunisie de Bouazizi » jouant sur les mots. C’est-à-dire la Tunisie martyrisée, sauvagement agressée, terriblement défigurée par le terrorisme sanguinaire, détournée de ses objectifs de développement par l’islam politique, vidée de son énergie et de ses richesses par la déprédation, la rapine, la corruption et le brigandage politique. Voilà la Tunisie dont s’honore Marzouki.
Après l’Egypte, la Syrie?
Cela dit, comme tout le monde sait, quand « la Tunisie de Bouazizi » l’a choisi comme président, Marzouki a très bien représenté l’indépendance, les intérêts, les valeurs et l’honneur du pays…
Cependant, le fan de « la Tunisie de Bouazizi » derrière lequel il se barricade a raison sur un point: nous devons demander pardon. Nous devons présenter impérativement des excuses. Mais non pas à « l’âme de Morsi », ni aux « martyrs de Rab’aa », ni aux « enterrés vivants dans les prisons de Sissi ». Les excuses que nous sommes tenues de présenter humblement et officiellement sont celles que le peuple syrien attend.
Nous devons nous excuser des dégâts politiques causés aux relations tuniso-syriennes par l’ancien président Moncef Marzouki. Nous devons nous excuser des horreurs infligées au peuple syrien par les milliers de terroristes tunisiens. Sans la négligence, pour ne pas dire la complicité, de la « Troika » et de Moncef Marzouki, la Tunisie n’aurait jamais été gratifiée du très douteux privilège de « premier exportateur du terrorisme ». Mais que voulez-vous, c’était « la Tunisie de …. Moncef Marzouki et consorts »
Après l’Algérie, la Libye et l’Egypte, le quatrième voyage du président Kaïs Saïed sera-t-il en Syrie? C’est la destination qui s’imposera à lui s’il veut nous prouver qu’il s’est installé bel et bien dans sa fonction de président et dans son rôle de réparateur des dégâts causés par son peu illustre prédécesseur, par la « Troika » et par l’islam politique.