Mardi matin, 13 avril 2021, des éléments de la force publique envahissaient le siège de la TAP. Ils agressaient les journalistes et les employés de l’Agence, pour imposer l’installation de Kamel Ben Younes, au poste de nouveau PDG de l’agence. Ils ont également bloqué l’accès des journalistes aux services de la rédaction.
Les employés de Tunis Afrique-Presse (TAP) ont décidé d’observer une grève générale, le 22 avril 2021, avec présence sur les lieux de travail, pour dénoncer l’obstination de la présidence du gouvernement à nommer Kamel Ben Younes à la tête de leur institution.
La décision de nomination de Kamel Ben Younes à la tête de TAP a paru au Journal officiel de la République tunisienne (JORT), le 6 avril 2021, date à laquelle le personnel de la TAP avait entamé un sit-in illimité au siège de l’agence.
Le secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Anthony Pelangi, qui commentait le déploiement des forces de l’ordre pour imposer l’installation de Kamal Ben Younes, au poste de directeur général de l’agence Tunis Afrique Presse (TAP), a déclaré, mardi, que la prise d’assaut par la police du siège de l’agence « n’est pas seulement une menace pour ses journalistes, mais aussi pour la liberté de la presse en Tunisie ».
M. Pelangi, cité par le FIJ, sur son site officiel, a ajouté que « de telles nominations politiques n’ont pas leur place dans les institutions médiatiques publiques ».
Le Secrétaire général de la FIJ a, par ailleurs, salué les journalistes de l’agence TAP et le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). En effet, ils « se sont levés aujourd’hui pour défendre leur droit à l’indépendance et le droit des citoyens à une presse de qualité ».
La FIJ a annoncé qu’elle rejoint le Syndicat national des journalistes tunisiens pour condamner cette « intrusion ». Elle appelle à mettre fin à cette « nomination politique », à la tête de l’agence.
Dangereux et sans précédent
Pour sa part, le Parti unifié des Patriotes démocrates (Al-Watad) a dénoncé, mardi soir, les agressions commises par les policiers, sur instruction du chef du gouvernement. Et ce, à l’encontre des employés et journalistes de l’Agence Tunis Afrique Presse(TAP), qui s’opposeraient à l’installation de Kamel Ben Younes à la tête de l’agence. Une nomination que soutient le parti d’Ennahdha.
Ainsi, le parti a qualifié ces actes de « dangereux et sans précédent ». Tout en saluant la lutte des journalistes et leur position contre les nominations partisanes; et en faveur de l’indépendance des médias publics.
Politique de bras de fer
De son côté, le Parti Al Joumhouri qualifie de « précédent dangereux », l’incursion de la police dans les locaux de l’agence TAP. Et ce, pour imposer la nomination d’un nouveau président directeur général. Nomination à laquelle s’opposent les journalistes et les employés de l’agence.
Il a appelé le gouvernement, dans un communiqué, à revenir sur la politique de bras de fer. De même qu’à engager un dialogue sérieux avec les représentants de la presse et des médias pour épargner à la Tunisie « une nouvelle crise ».
« Le recours du gouvernement au déploiement des forces de l’ordre pour imposer cette nomination à la tête de la plus ancienne institution de presse publique après le refus de cette nomination par les journalistes et le personnel de l’agence, en raison de son caractère politique, est une tentative d’asservissement des médias publics au lieu d’ouvrir un dialogue avec eux ». C’est ce qu’on peut lire dans le communiqué du parti, rendu public, suite à l’incursion, mardi 13 avril 2021, de la police dans les locaux de la TAP.
De ce fait, « Al Joumhouri » réitère son refus des tentatives de mainmise sur les médias, plutôt qu’un dialogue sérieux et urgent. Et ce, « pour les réformer et les sauver du contrôle des partis, des lobbies et de l’argent corrompu ».
Le parti a rappelé que la radio SHEMS FM, (bien confisqué), se trouve dans la même situation. Avec le même problème, après le refus de la nomination d’un directeur administrateur. Lequel « ne remplit pas les critères de gestion des institutions en difficultés financières », selon les personnels de la radio.
Les représentants des syndicats des médias refusent la nomination de Ben Younes
Les représentants des syndicats des médias ont dit rejeter la nomination du nouveau Président Directeur Général à la Tête de la l’Agence Tunis-Afrique-Presse, annonçant la poursuite des mouvements de protestation contre cette désignation « ouvertement politique et partisane ».
Il s’agit du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), de la Fédération générale des médias et de la section du SNJT à l’agence TAP.
Au cours d’un point de presse, les représentants des syndicats ont dénoncé l’incursion de la police dans les locaux de l’agence TAP. Et les agressions commises sur des journalistes qui protestaient contre la nomination du nouveau PDG.
« Le siège de la TAP a été envahi par des sécuritaires pour assurer un passage en force du nouveau Président Directeur Général, Kamel Ben Younes », ont-ils fustigé.
Amira Mohamed, vice-présidente du SNJT, a réaffirmé le rejet catégorique de cette nomination ouvertement politique et partisane. Tout en dénonçant le recours de Ben Younes aux forces de l’ordre qui, selon ses dires, ont agressé les journalistes et le personnel de l’agence.
C’est une première! Même sous le régime de Ben Ali la police n’a jamais envahi les locaux d’un établissement médiatique, a-t-elle fustigé.
Elle a, dans ce sens, réclamé de tenir la TAP à l’écart de toute tentative d’asservissement et d’instrumentalisation politique.
Nomination « ouvertement politique »
Pour sa part, le secrétaire général de la Fédération générale des médias, Mohamed Saïdi, a souligné que l’incursion des forces de l’ordre dans les locaux de la TAP montre que le mouvement Ennahdha est derrière cette nomination « ouvertement politique ».
« Il s’agit d’un scandale au vrai sens du mot », a-t-il lancé, assurant que « le personnel de l’agence est plus que jamais déterminé à empêcher Ben Younes d’atteindre ses fins ».
En sit-in ouvert depuis le 6 avril courant, le personnel de la TAP a décidé, hier lundi, d’observer, le 22 avril courant, une grève générale avec présence sur les lieux du travail, pour dénoncer l’obstination de la présidence du gouvernement à nommer Kamel Ben Younes à la tête de l’institution.