De toute évidence, le récent discours du président de la République est resté en travers de la gorge du parti islamiste Ennahdha. Tous les coups sont désormais permis contre le locataire du palais de Carthage. Y compris les plus infâmes et les plus tordus.
Pour Montplaisir, il y a une ligne jaune qu’il ne faut jamais chevaucher: celle du ministère de l’Intérieur. Un département de la plus haute importance pour les islamistes. Car c’est un placard à cadavres où s’entassent pêle-mêle les casseroles des affaires qui sentent le souffre, les dossiers noirs; notamment ceux des assassinats politiques. Et surtout, le mystérieux dossier de l’aile militaire d’Ennahdha.
Déclaration de guerre d’Ennahdha
Or, cette ligne jaune a été allégrement franchie par le président de la République. Puisqu’il provoquait dimanche dernier un véritable séisme politique en s’auto-déclarant commandant suprême de toutes les forces armées militaires et sécuritaires. Une manière habile de mettre la main sur le département stratégique de l’Intérieur. De même qu’une menace diffuse que Rached Ghannouchi ne pourrait jamais tolérer.
Face à ce qui a été perçu par les islamistes comme une déclaration de guerre, la réponse du mouvement Ennahdha a été d’une extrême violence.
D’abord, en considérant la proclamation du chef de l’Etat comme « une manière de piétiner la constitution et les lois du pays. Et une atteinte contre le régime politique et les prérogatives du chef du gouvernement ».
Et de poursuivre: « Le président renoue avec la violation de la constitution, en considérant un document abrogé, comme une source pour justifier sa propension à monopoliser le pouvoir. »
Ainsi, le mouvement considère l’implication de l’institution sécuritaire dans les conflits, comme « une menace à la démocratie, la paix civile et les acquis de la révolution ».
Alors, « Ennahdha affirme son rejet du penchant autoritariste du chef de l’Etat. Et l’appelle à s’en tenir, sérieusement, à la constitution sur la base de laquelle, il a été élu. Tout en cessant toute tentative de bloquer et de démanteler les rouages de l’Etat ». C’est ce qu’on peut lire dans un communiqué publié hier mardi sur la page officielle du Mouvement Ennahdha.
Ensuite, en menant à travers les réseaux sociaux une féroce campagne sponsorisée. Laquelle vise à diffamer et dénigrer Kaïs Saïed. Avant de lâcher leurs molosses pour s’attaquer à l’honneur de l’homme.
Infamie
Mais le Rubicon fut franchi quand le sinistre Rached Khiari, député islamiste radical et ancien Al Karama, connu pour ses pseudo-fuites et ses déclarations farfelues, publiait lundi 19 avril 2021, une vidéo. Dans laquelle, il affirme révéler « des données fracassantes relatives au financement de la campagne électorale du président de la République Kaïs Saïed ». En précisant, sans rire, détenir « des preuves irréfutables étayant ses propos ».
Selon le « respectable député », Kaïs Saïed, aurait reçu un gros montant de la part de l’ambassade américaine à Paris pendant la campagne présidentielle. Ajoutant que le son directeur de campagne, Faouzi Daas, avait reçu ce montant par le biais de mandats. Et soulignant qu’il dispose de documents, y compris les numéros de ces mandats.
Mais, tenait-il à nous informer, une fois au pouvoir, Kaïs Saïed avait laissé tomber ses bienfaiteurs américains. Et ce, pour nouer un partenariat stratégique avec les Français. Fin du feuilleton!
Poussant le bouchon plus loin, Rached Khiari a également défié le président de la République de le démentir. Assurant à l’occasion qu’il renonce à son immunité parlementaire et qu’il se tient prêt à comparaître devant la justice pour confronter Kaïs Saïed.
Mépris
De deux choses l’une. Soit le Président est à la botte des puissances étrangères et il doit être jugé pour haute trahison. Soit le député est l’auteur de graves et fausses accusations contre la plus haute personnalité de l’Etat. Et il doit comparaitre devant le Ministère public ou le Parquet militaire. D’autant plus qu’il se prétend prêt à renoncer à son immunité parlementaire. Chiche!
Pour le moment, la présidence de la République a choisi de garder un silence lourd et méprisant.
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.