L’Italie remporte un gros contrat concernant la construction de l’autoroute reliant la Tunisie à l’Egypte; ainsi que la reconstruction de l’Aéroport international de Tripoli. Et ce, au nez et à la barbe des pays riverains, dont la Tunisie.
Rome semble rafler la mise de l’énorme chantier des grands travaux en Libye. Et ce, en remportant le gros contrat de la construction de l’autoroute qui reliera la Tunisie à l’Egypte. Ainsi que la reconstruction de l’Aéroport international de Tripoli pratiquement en ruines. Un symbole de la guerre civile qui déchira ce pays depuis la chute de Moamar Kadhafi.
Di Maio: « Un pays à reconstruire »
« Les entreprises italiennes sont sur le point de redémarrer les travaux de construction de la plus grande autoroute libyenne. Elle s’étendra de la frontière tunisienne à celle de l’Egypte. L’inauguration du premier tronçon, se trouvant à l’Est du pays, se fera dans quelques mois. Les Italiens se chargeront également de reconstruire l’aéroport de Tripoli ». C’est ce qu’indiquait le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio. Et ce, lors d’une interview, hier jeudi, sur les ondes de la radio Confapi.
Selon le chef de la diplomatie italienne, « la Libye est un pays à reconstruire ». Soulignant à l’occasion que Najla El Mangoush était hier jeudi 22 avril en Italie, dans le cadre d’un forum d’affaires entre les entreprises des deux pays. Et ce, « pour construire un canal direct pour les investissements ». Najla El Mangoush étant la première femme, ministre des Affaires étrangères dans l’histoire de la Libye.
« L’Italie a signé de nombreuses conventions avec la Libye; lesquelles n’attendent que d’être réactivées. Ces accords sont à même de créer avec le nouveau gouvernement et la paix qui s’en est suivie, de nouvelles opportunités pour les entreprises italiennes ». Ainsi, soulignait encore le ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Un projet d’autoroute pharaonique
Longue de 1700 km, cette nouvelle autoroute comprendra 12 ponts, huit aires de service et six parkings. On estime les délais d’exécution entre deux et trois ans. Le coût total s’élève à 963 millions d’euros. A noter à ce propos que c’est la société italienne « Salini Impregilo » qui mettra en œuvre la première phase de l’ouvrage.
Sachant que le projet de construction de cette autoroute express dormait dans les tiroirs du ministère libyen des Transports depuis… 12 ans.
En effet, le président du Conseil des ministres de l’époque, Silvio Berlusconi, et Muammar Kadhafi avaient posé le 30 août 2009, la première pierre d’une autoroute devant relier l’Egypte à la Tunisie.
Cette autoroute côtière de trois voies traversant le pays d’est en ouest, devait comporter 263 ponts et plus de 1400 tunnels, 18 péages et 30 aires de repos.
La frilosité de la Tunisie
Mais qu’en est-il de la participation de la Tunisie à ce gigantesque chantier de reconstruction de la Libye? Après que le nouvel exécutif- né d’un processus onusien lancé en novembre dernier et confirmé en mars par un vote de confiance du Parlement- a pris place.
Rien de concret à part la visite officielle que le président de la République avait effectuée le 17 mars dernier à Tripoli. Où il avait pris contact avec les nouveaux dirigeants libyens. Et où il avait le tact et l’élégance de ne pas soulever le volet économique. En plus de la participation du directeur général de l’Instance chargée de la réalisation des projets d’habitat et des équipements collectifs en Libye, Ahmed Mehdi Bouderbala, à la 3ème édition du Forum économique tuniso-libyen, organisé à Sfax les 11 et 12 mars 2021. Pourtant, lors de ce forum, les sociétés publiques et privées tunisiennes ont été invitées à présenter leurs candidatures pour participer aux projets de reconstruction à Tripoli et dans d’autres villes libyennes.
D’autre part, selon le chef de projet de l’autoroute Msaed – Ras Jedir, Sami Omar Sadi, il a été convenu avec la partie tunisienne de tenir des réunions dans les prochains jours. Et ce, afin d’examiner les moyens de développer le réseau autoroutier entre les deux pays.
Bref, à défaut d’une diplomatie officielle agressive et de manque d’audace de la part de nos entreprises publiques et privées, nous sommes réduits à manger les restes. Si restes il y a.