L’ère post-révolution est marquée par une bipolarité idéologique. Les partisans de la théocratie mettant à l’ordre du jour l’inquisition. Et les défenseurs de la modernité, faisant valoir le bourguibisme. Pour construire un sanctuaire, il faut qu’un sanctuaire soit détruit: c’est la stratégie d’Ennahdha. Alors que le président de la République et le chef du gouvernement se défient.
D’autre part, le pouvoir exécutif est actuellement un aigle à deux têtes, partagé qu’il est entre Kaïs Saïed et Hichem Mechichi. Tandis qu’un pronostic hâtif évoque un futur duel entre le président de la République et la présidente du Destour, Abir Moussa.
Alors, faisons la différence entre les contradictions essentielles. Dans ce cas, idéologiques entre l’islam politique et les modernistes. Et les contradictions secondaires, qui traduisent le jeu politique, sinon les états d’âme entre le président de l’Etat et la présidente du Destour. Sachant qu’ils sont dans le même camp et défendent le même enjeu.
Certes, la vie politique connait, au cours du mois de ramadan, un certain relâchement. Après les années de désillusions post-révolution, les citoyens vivent une conjoncture d’évasion. Les gens se replient sur leur vie familiale et se préoccupent du vécu alimentaire d’exception du mois du jeûne. Les médias accordent la priorité aux feuilletons et aux programmes religieux, oubliant les parades des pseudo-politiciens.
D’ailleurs, les partis s’en accommodent. D’un côté, Ennahdha ne perd pas de vue son souci de s’emparer des rouages de l’Etat. De l’autre, le parti destourien accorde la priorité au combat de l’islam politique. Le duel du combat de l’espace politique occulte les urgences, que l’ère post-ramadan mettrait, sans doute à l’ordre du jour.
L’Etat est certes éclaté. Mais les acteurs politiques reprendront leurs combats. En bloquant la politique d’intervention d’Ennahdha, redimensionnant le gouvernement qui est désormais sous ses ordres.
Alors, si Ramadan est une conjoncture de repli, à court terme. Il ne peut cependant fermer l’horizon et occulter les attentes. Après la sieste, le réveil est inéluctable. Les partis devraient en prendre acte.