Le sort semble s’acharner sur la Tunisie. Le pays subit une forte augmentation du nombre de victimes du coronavirus. Elle enregistre désormais plus de 10 000 décès.
Un bilan qui ne cesse de s’aggraver avec les effets décuplés du variant anglais et la pénurie criante de moyens (de masques, de tests, de respirateurs, de lits de réanimation) pour faire face à la crise sanitaire de la Covid-19.
Les hôpitaux sont au bord de la rupture. Certains services sont saturés. Les lits de réanimation sont occupés à plus de 80%. Or le caractère laborieux de la campagne nationale de vaccination ne laisse pas présager d’une amélioration de la situation. Pis, le moral collectif commence à être sérieusement affecté par un sentiment anxiogène et la difficulté de se projeter dans un avenir encore incertain.
La bataille des masques
Alors que la campagne de vaccination contre la Covid est à peine lancée, la bataille des masques n’est toujours pas gagnée. Pour la population, la question de sa protection se pose : la première, les tests massifs sont indispensables pour savoir qui est contaminé et mieux gérer sa sociabilité ou son traitement en cas d’aggravation. Ils n’ont pas eu lieu, comme cela a été pratiqué ailleurs, avec une très grande efficacité.
L’absence de tests, va de pair avec la présence du virus partout sans le savoir. Alors oui, dans ce cas, face à ce terrible manque, les masques sont un maillon indispensable. Cette protection devient alors un usage nécessaire surtout en situation de proximité, si vous êtes en face d’un contaminé qui s’ignore.
Porter des masques pour accompagner les gestes barrières est pour toute la population, un élément clé pour participer à la contention de la pandémie. Aujourd’hui, un couvre-feu et un certain nombre de restrictions sont imposés pour juguler cette crise sanitaire. Mais, il faut bien se nourrir et aller faire nos courses au dehors. Beaucoup vont travailler, souvent au contact du public sans masque, ni gant.
Un dévoilement sur l’état de l’Etat
Depuis l’indépendance, la République tunisienne s’est conjuguée avec le modèle de l’Etat fort. Un modèle dont la décomposition est dévoilée avec force par la crise systémique provoquée par la Covid-19.
D’un côté, face à l’urgence sanitaire, économique et sociale, les citoyens en ont appelé instinctivement à un Etat protecteur, instance de premier et de dernier recours, tandis que le président de la République n’a pas hésité à remobiliser un discours martial sur la souveraineté et l’autorité de l’Etat.
De l’autre, ce même Etat s’est montré vulnérable, faillible et en partie incapable de répondre aux besoins exprimés par ses citoyens. Si ses agents (hospitaliers, de l’enseignement, de l’action sociale, etc.) se sont montrés digne de leur mission de service public, la défaillance de nombre de ses dirigeants politiques et bureaucratiques affecte la chimère d’un État omniscient et omnipotent.
Derrière les incohérences et contradictions de la communication officielle, une réalité implacable s’impose à nous. Celle d’un État qui désarmé et désorganisé face à un virus …
Des conséquences politiques
La crise sanitaire liée à l’épidémie Covid consolide la fracture entre les citoyens et leurs dirigeants. Les répercussions de la Covid-19 ont exacerbé la crise sociale et économique, notamment avec l’effondrement des salaires dans le secteur-clé du tourisme. Malgré des circonstances dramatiques propices aux appels à l’unité nationale, une défiance prégnante s’est ancrée dans l’opinion.
La stratégie retenue par l’exécutif consiste à ne rien mettre en débat, à écarter le corps social de la gestion de la crise et à infantiliser les journalistes. Elle a accentué cette distorsion entre le peuple et ses gouvernants.
Aujourd’hui, la confusion générale perdure dans la gestion de la crise. La défiance des citoyens est en grande partie liée à l’impréparation, aux atermoiements et contradictions d’un exécutif marqué par un double déficit de transparence (dans son discours) et d’efficacité (dans son action). En effet, cette défiance a un coût : si le gouvernement a pris la décision de renforcer les restrictions pour freiner la propagation du virus, l’adhésion populaire est loin d’être acquise.
Enfin, il viendra le temps d’établir les responsabilités. Mais aujourd’hui l’union et la solidarité sont indispensables pour sortir de cette situation épidémique.