La Tunisie a largement souffert de la pandémie. Le monde du travail a fait, de ce fait, les frais de nombreuses mesures restrictives qui l’ont largement handicapé. La célébration aujourd’hui de la Journée internationale des travailleurs a donc un goût bien amer. La pandémie a du reste révélé nos retards et nos errements.
Il suffit de faire le tour de la toile pour s’en convaincre. Partout dans le monde, la même interrogation: comment le monde du travail va « fêter » le 1er mai? Surtout, y aura-t-il des manifestations et des défilés ou pas? Certains pays ont décidé de les interdire. Vous l’avez compris, la pandémie est encore là. Et le monde du travail comme les autorités s’interrogent sur le bien-fondé de la célébration de la Journée internationale des travailleurs qui date de la fin du XVIIIème siècle.
Quoi qu’il en soit, ce 1er mai 2021 va ressembler comme deux gouttes d’eau à celui de l’année précédente. Il marque la conscience que le monde du travail a beaucoup souffert d’une pandémie qui a changé notre manière de travailler. En témoigne l’instauration du télétravail et la mobilisation d’équipes réduites. Ou encore la rotation du personnel.
Voici ce que nous lisions il y a quelques jours (le 24 avril 2021), à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la Sécurité et de la Santé au travail, par l’Organisation Internationale du Travail (OIT): « Le télétravail a explosé, isolant davantage les salariés à leur domicile, seuls derrière leurs écrans. Ce qui a aussi pour effet de brouiller un peu plus la limite entre vie professionnelle et vie privée. »
Jusqu’à 20% du PIB
L’OIT a ajouté, dans le même ordre d’idées: « Au sein des entreprises également, le rapport au travail a évolué sous le poids des lourdes contraintes sanitaires, facteurs de stress et de mal-être; et du recours intensifié aux visioconférences et autres outils numériques qui favorisent le distanciel. »
La Tunisie n’a pas échappé évidemment à ce schéma universel. Qui a, comme partout, affaibli le tissu productif. Et n’a pas permis à tout le pays de fonctionner normalement. Handicapant évidemment l’emploi et les finances, dont celles de l’Etat. Lequel a connu un véritable recul de ses ressources fiscales.
Des centaines de milliers d’emplois ont été, en outre, perdus; et des secteurs comme le tourisme sinistrés. L’Etat s’est prêté à leur secours comme du reste les banques. Mais, est-ce suffisant? Des indications présentées récemment nous disent que des pays riches ont dépensé jusqu’à 20% de leur PIB pour sauver leur tissu économique. Et encore!
La situation du pays est largement connue. Elle était déjà bien difficile avant que le pays ne connaisse cette pandémie. Et cela va de mal en pis. Le politique étant en grande partie responsable d’une crise institutionnelle qui n’en finit pas de nous rendre la vie difficile. Avec une guerre maintenant bien déclarée entre les trois présidences (République, gouvernement et parlement).
Des défaillances que l’on imagine à divers niveaux
Voici en quelques mots l’image qu’offre la Tunisie aux yeux du monde en ce 1er mai 2021; avec des dysfonctionnements certains et des difficultés. Et le secours que l’on pourra trouver auprès du Fonds Monétaire International (FMI) offrira peut-être un réconfort dans les quelques jours qui vont suivre cette fête du travail. La Tunisie ayant imaginé un plan pour une sortie d’une crise qui n’a que trop duré.
Une pandémie qui a changé le monde du travail en Tunisie. Ainsi en est-il du télétravail et du téléenseignement que l’on essaye, ici et là, de mettre en place. Avec les défaillances que l’on imagine à divers niveaux: infrastructure, apprentissage, disparités, etc. En fait, et comme cela a été dit plus d’une fois, la pandémie est venue montrer nos retards et nos errements. N’a-t-on pas mis trop de temps à épouser les évolutions nécessaires que beaucoup d’autres ont réussi bien avant nous? Et dire que l’on se plaît à affirmer que nous sommes le premier pays arabe et africain à avoir introduit internet!
Se condamner à l’oubli
Terrain, entre autres, sur lequel la Tunisie devra consacrer nombre de ses efforts, l’usage des nouvelles technologies est incontestablement un chantier primordial. De toute manière, les efforts à consentir, dans le cadre des réformes que les membres de la délégation qui va faire le déplacement de Washington, pour convaincre le staff du FMI de débloquer une nouvelle tranche de crédit, passent par un usage intensif de cet outil.
Il faut observer le monde qui nous entoure, y compris dans la région arabe, pour comprendre que l’on se doit d’aller au plus vite sur cette voie. Nombreuses tâches ne peuvent continuer à faire l’économie de prestations à distance. Sinon, nous devrions accepter, à terme, de figurer parmi les derniers de la classe d’un monde en réelle mutation. Un dernier de la classe vers lequel peu d’investisseurs se tournent.
En fait, il est temps, assurent de nombreux consultants, nationaux et internationaux, qui se penchent sur le cas tunisien, que nous changeons. Tant au niveau de nos pensées que de nos manières de travailler. La conscience est un élément central qui doit évoluer. De nouveaux logiciels gouvernent le monde. Ils ont pour nom travail en groupe, qualité, bonne gouvernance, innovation, etc. L’oublier c’est se condamner à l’oubli.