« L’avenir de la protection sociale dans la région MENA : Tirer tout le parti d’une crise sans précédent ». Tel est l’événement marquant d’une série d’échanges entre les décideurs de haut niveau, responsables politiques, autorités de réglementation, dirigeants d’entreprises du secteur privé .
Cet événement organisé par la Banque Mondiale met l’accent sur les débats vis-à-vis de l’avenir de la protection sociale dans la région MENA et sur la manière, financièrement viable, d’apporter une protection aux personnes démunies.
Présent lors de ce débat, Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord revient sur la pandémie de Covid-19 qui selon lui, a révélé crûment la nécessité pour les pays de la région MENA de disposer de systèmes de protection sociale adaptatifs, inclusifs et viables. En l’absence de réformes, ces systèmes seront de plus en plus déconnectés des réalités de demain.
« 18 millions de personnes se trouvent dans la pauvreté »
Il estime: « La pandémie a eu un impact dévastateur sur la vie. Et nous avons des chiffres de la région Mena où on parle de 18 millions de personnes qui se trouvent dans la pauvreté. Ce qui est énorme. C’est un sans précédent. »
Avant d’ajouter: » Ainsi la Banque mondiale a programmé des projets au Maroc, en Tunisie, en Palestine, au Yemen, au Liban fondés sur le partenariat en particulier. Cela prouve que même si nous ne sommes pas en crise, il faut être prêt pour la crise. «
Citant l’exemple de la Tunisie, Ferid Belhaj souligne que « Les programmes de la Tunisie, étaient sur des projets qui existaient déjà qui permettaient d’identifier et de cibler les pauvres ».
Contrer les effets de la COVID-19
Ainsi il rappelle que la Banque mondiale a pris des mesures pour contrer les effets de la COVID-19, avec des dispositifs d’assistance et d’assurance sociale, ainsi que des programmes ciblés sur le marché du travail.
De ce fait, la Banque Mondiale a accompagné le déploiement de ces mesures en mobilisant des financements et une assistance technique rapides, flexibles et adaptatifs. «
« Il faut impérativement repenser la protection sociale »
Par ailleurs, un des volets évoqués est celui de l’avenir des jeunes, où les circonstances de demain sont totalement différentes. Car aucun de nous ne peut prédire quel sera le marché du travail dans quelques années, mais qu’il va falloir être prêt.
Il s’avère qu’aux derniers chiffres, d’ici 2050, plus de 300 millions de jeunes auront besoin d’emplois dans la région Mena.
En somme, Ferid Belhaj conclut: « Il faut impérativement repenser la protection sociale dans la région MENA. Le souci constant de l’innovation, de l’apprentissage et du partage d’expériences dans la conception et la mise en œuvre des mesures de protection sociale sera déterminant pour dessiner les contours de la nouvelle normalité dans la région. »
Rappelons que la région MENA connaissait déjà une recrudescence de l’extrême pauvreté (dont le seuil est fixé à 1,90 dollar par jour), avec un taux de 7,2 % en 2018, contre 3,8 % en 2015 et 2,4 % en 2013.
Selon des estimations de la Banque mondiale pour la région, la crise de la COVID-19 aurait fait basculer dans l’extrême pauvreté 8 millions de personnes supplémentaires tandis que 18 millions d’individus de plus doivent vivre avec moins de 5,50 dollars par jour.