Le serpent de mer de l’affaire dite BFT, celle qui promet de donner le coup de grâce aux finances chancelantes de l’Etat tunisien, réapparait encore une fois dans un débat réputé se dérouler, à tort, à huis clos au sein de l’ARP.
Le débat en principe très secret se déroulerait autour de deux points essentiels : la falsification du dossier par de faux frères et le non remboursement des dettes auprès de la banque par de faux jetons. Il faut préciser que des clients tout à fait tunisiens n’ont pas jugé utile de régler leur ardoise auprès de la BFT pour des sommes avoisinant les 500 milliards, même quand des poursuites ont été diligentées à cet effet.
Par ailleurs, l’Etat tunisien a constaté, et cela ne date pas d’hier, que le rapport de l’IVD sur le sujet a été bidouillé, juste de manière à permettre au plaignant de se prévaloir du rapport en question, revu et corrigé et publié au Journal officiel sur la question.
« Des clients tout à fait tunisiens n’ont pas jugé utile de régler leur ardoise auprès de la BFT pour des sommes avoisinant les 500 milliards »
Or, jusqu’à nouvel ordre, les auteurs du bidouillage en question restent mystérieux, lors même que l’on se trouve devant un délit majeur de faux et usage de faux, délit pour lequel n’importe quel citoyen justiciable aurait été très sévèrement sanctionné. Même l’alibi qui consiste à dire que nous serions dans une république bananière ne tient pas la route.
Le « toilettage » du rapport aurait en effet été effectué au cours de l’intervalle de temps entre la remise au Président de la République et l’envoi à l’imprimerie du Journal officiel.
Les nombreux hauts commis de l’Etat par lesquels le texte a transité n’y ont vu que du feu. On peut aussi imaginer que l’entourloupe fait partie d’une ruse, encore va-t-il falloir trouver une explication cohérente à ces manquements.
En d’autres termes : qui complote contre qui et pour arriver à quels objectifs ? Dans cette affaire de gros sous, et dans beaucoup d’autres, la facture à payer le sera pour tout le monde, y compris pour les éventuels comploteurs qui s’entretuent pour se maintenir aux postes.
Tout se passe comme si le sport en vogue dans les milieux dits, par excès de langage, politiques, était de scier la branche sur laquelle on est assis. Cela va du corporatisme devenu vertu cardinale au faux messianisme devenu argument de réclame pour la chose politique. Il ne se passe pas un jour sans que l’on vienne nous « extasier » par des révélations fracassantes sur des comploteurs retors.
Certains députés sont passés maîtres dans cet exercice. Ils créent le buzz, uniquement pour se positionner dans le rôle passablement héroïque de pourfendeur avisé de l’ennemi. Ce dernier n’est d’ailleurs pas en reste, dans une bataille équivoque dite à la Pyrrhus, celle où l’on brûle les terres par lesquelles on passe, quitte à ne plus rien trouver à manger, au final.
« La facture à payer le sera pour tout le monde, y compris pour les éventuels comploteurs… »
Le virus dit Covid-19 a trouvé des scientifiques capables de lui tenir tête, en usant de l’intelligence humaine mise au service de la santé pour tous. La pandémie des tenants du complot débusqué à tous les coins de rue ne relève malheureusement pas de la science, elle puise ses ressources dans les tréfonds noirs de bonimenteurs devenus hérauts de la morale. On nous dit que l’appareil judiciaire, civil et militaire, se saisit de la question en vue de démêler le vrai du faux.
Le temps de la justice, on le sait, n’est pas celui de certains réseaux sociaux, devenus instruments de la désinformation souvent affidée, de près ou de loin, aux réseaux terroristes passés maîtres en matière de manipulation de l’information. Il n’y a qu’à se demander à qui profite le démantèlement de l’Etat civil, qui résulte de la déstabilisation incessante des institutions, en particulier des institutions sécuritaires.
Dans la guerre du faux, il n’y aura certainement aucun gagnant. Un pays ne peut avancer que par la valeur ajoutée apportée par les actants de tout bord.
Le faux est par essence une soustraction. Cette règle simple et de bon sens est malheureusement devenue inaccessible pour beaucoup de nos élus. La guerre du faux relèverait de la psychiatrie, quand le pays manque désespérément d’asiles.