La guerre des images en Tunisie prend une autre tournure. Tout porte à croire que l’ARP est devenue un hémicycle des idées les plus farfelues ou innovantes pour certains. Ainsi, aujourd’hui, la présidente du PDL Abir Moussi intervenait lors de la plénière, portant un gilet pare-balles; ainsi qu’un casque de moto sur la tête. L’objectif n’étant pas de jouer à la Daft Punk ou de porter l’habit d’un cosmonaute; mais bien pour des raisons sécuritaires. Cela dit, une chose est sûre; l’image fera certes le tour du monde. Alors que peut-on déduire de cette image?
Kerim Bouzouita, anthropologue, nous dresse un état des lieux de cette image d’Abir Moussi, qui ne cesse de faire réagir la toile.
Ainsi Kerim Bouzouita met l’accent sur la communication politique à l’époque contemporaine, qui compte, selon lui, de plus en plus sur la force des images. Il précise dans ce contexte: « Les images de nos jours provoquent un impact émotionnel fort sur les électeurs. On a vu cette semaine sur Kaïs Saïed une image de lui en train de prier dans une zone où les enjeux sécuritaires étaient importants.
Et de poursuivre: « Aujourd’hui, avec son gilet pare-balles, Abir Moussi crée l’événement. Car tous les médias vont se focaliser sur cette image qui aura beaucoup d’impact, surtout au niveau émotionnel. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans les projets politiques; mais nous sommes dans la guerre des images. D’ailleurs, l’objectif est de conquérir les électeurs via l’émotionnel; et non via une approche rationnelle, idéologique ou encore classique. Ce qui permet à des personnalités comme Kaïs Saïed et Abir Moussi d’utiliser des images, de confisquer tous les espaces publics. Tout en privant les autres acteurs politiques d’une quelconque utilisation d’image. »
Par ailleurs, la question déterminante est de savoir si cette image pourrait peser sur les négociations avec le FMI. Selon Kerim Bouzouita, une telle image va certes impacter l’image de la Tunisie auprès des bailleurs de fonds. A savoir les créanciers, qui eux prêtent en fonction de plusieurs paramètres.
Il ajoute: « De plus, le cirque politique auquel nous assistons depuis 2019, devient de plus en plus burlesque. Alors que le rôle de l’opposition est de s’opposer. Abir Moussi n’est pas là pour jeter des fleurs à un gouvernement, c’est son plein droit d’être dans l’opposition. Mais pour les bases de la démocratie, l’opposition se focalise sur des projets ou des choix politiques. Car ce n’est pas juste de bloquer un pays pour des intérêts électoraux. »
Et de conclure: « On peut déduire que Kaïs Saïed et Abir Moussi sont des virtuoses de la communication politique de la guerre des images. Sauf que chaque jour on se rend compte que cette guerre n’est pas dans l’intérêt du citoyen tunisien. Mais uniquement dans l’intérêt électoral de ceux qui nous plongent dans cette guerre. »