La Tunisie, aux abois, se tourne vers le Fonds monétaire international pour la quatrième fois en une décennie. Ainsi, La délégation tunisienne, qui séjourne du 3 au 9 mai à Washington pour entamer des négociations avec l’institution internationale, essaye de « vendre » des propositions de réformes. Et ce, afin de recevoir du FMI un prêt de quatre milliards de dollars remboursable sur trois ans. Des promesses encore plus difficiles à tenir qu’auparavant.
Avant même que la délégation officielle tunisienne qui se trouve actuellement à Washington n’entame les négociations avec le FMI pour solliciter un prêt de quatre milliards de dollars remboursable sur trois ans en contrepartie de promesses de réformes économiques; le groupe financier américain Bloomberg, spécialisé dans les services aux professionnels des marchés financiers et dans l’information économique et financière, vient de divulguer, mardi 3 mai 2021, le contenu d’un document qui aurait été élaboré par le gouvernement tunisien. Et ce, pour convaincre le gendarme financier international de la nécessité de soutenir la Tunisie. Pour mettre en œuvre et accompagner le programme de réforme de l’économie nationale concocté par le gouvernement de M. Mechichi.
Réformes douloureuses
Toujours selon ce document confidentiel relayé par la sérieuse agence américaine de presse Reuters, la délégation tunisienne dirigée par le ministre de l’Economie Ali Kooli et composée notamment, du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, des conseillers économiques du chef de gouvernement et du président de l’UTICA, Samir Majoul, aurait promis notamment la réduction de la masse salariale du secteur public à 15% du PIB d’ici 2022, au lieu de 17,4% actuellement. En partie grâce à des retraites anticipées et à des réductions du temps de travail.
La délégation tunisienne aurait également promis la réduction progressive des subventions à partir d’aujourd’hui et jusqu’à 2024. En échange des subventions versées directement aux catégories démunies.
Ainsi, la réduction des subventions toucherait, dans un premier temps, les produits alimentaires. Avant d’englober progressivement l’essence, l’électricité et le gaz.
D’autre part, et toujours selon ce document confidentiel, il serait question d’un programme de départs volontaires des employés de la Fonction publique. De manière à baisser la masse salariale à 15% du PIB, contre 17,4% du produit intérieur brut en 2020.
Sachant que le FMI a déjà exhorté la Tunisie à mettre en place des réformes économiques audacieuses. Et ce, afin de réduire les déficits budgétaires chroniques ainsi que la dette du secteur public. En réduisant la masse salariale pléthorique, les subventions et les transferts aux entreprises publiques.
Handicaps
Ceci-dit, le gouvernement qui s’apprête à négocier le nouveau prêt avec le FMI part avec des handicapas majeurs.
D’abord, le prêt sollicité servira essentiellement à boucler le budget de l’Etat. Lequel s’élève à 52,6 milliards de dinars en 2021 et non à relancer l’économie et investir dans les infrastructures.
Ensuite, le gouvernement de Hichem Mechichi n’a pas pris la peine d’informer et de solliciter l’aval de l’ARP. Comme si le pouvoir législatif n’était qu’une vulgaire chambre d’enregistrement. Grosse faute politique.
Enfin, la réaction in extenso négative de la part de l’UGTT, laquelle crie déjà aux « lignes rouges » à ne pas dépasser. Bien au contraire, le SG de l’UGTT de la centrale ouvrière, Noureddine Tabboubi, avait même relancé 1er mai à l’occasion de la fête sa demande de nouvelles augmentations!
On n’est pas sorti de l’auberge.