Un drame national, mais qui ne représente pas une première ! Malheureusement, le meurtre de Refka Cherni nous rappelle une triste réalité. Une réalité amère ponctuée d’un machisme héréditaire que nous reflètent plusieurs crimes, actes et commentaires écœurants.
Refka Cherni, une sœur, une fille, une mère… a été tuée par son conjoint. Après avoir porté plainte deux jours avant le meurtre, son conjoint l’assassine.
5 coups de feu, un mort !
C’est ainsi que se résumeront les faits dans le procès verbal. Un agent de la Garde nationale, munie de son arme de service, tire à bout portant sur une civile (et nous avons même eu droit à un avant-goût avec un policier pointant son arme sur les civils, il y a de cela quelques jours).
On joue, feu! Tel qu’appris à l’entraînement, il met fin à la vie de sa compagne ou de son otage pourrions-nous dire.
« Selon l’ONU FEMME, Chaque jour, 137 femmes sont tuées par un membre de leur famille »
L’auteur du crime est le seul apte à nous expliquer dans son interrogatoire les circonstances de cet acte injustifiable. Néanmoins, les langues de certains énergumènes se délient et nous « illuminent » avec leurs explications et analyses aussi choquantes l’une que l’autre.
« Elle l’aurait bien cherché pour certains »! D’autres estiment que les femmes sont devenues beaucoup trop indépendantes et ne respectent plus cet être qui leur est supérieur, cet être sacré et suprême qu’est l’homme. Analyse symptôme de notre société machiste et de notre héritage patriarcal.
« 35 % des femmes dans le monde ont subi au moins une fois des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime »
Notre société, n’oublions pas, chérit la stabilité et l’union familiale en dépit des souffrances de la femme.
Un mari agressif, il se calmera lorsque tu lui mettras au monde son premier enfant! Possessif ? C’est une preuve d’amour! C’est par amour qu’il réagit ainsi! Une petite gifle? Ce n’est rien. Tu dois lui pardonner car il s’agit du père de tes enfants. Tu l’a provoqué! Un petit bleu, le fond de teint fera l’affaire! Tu dois te montrer obéissante! C’est un homme, il sait ce qu’il fait! Tu oserais mettre en prison ton mari !
Ce n’est qu’un échantillon des « arguments » reproduit à chaque agression! Des explications basées principalement sur le chantage émotionnel et sur le regard des autres couronné par une insouciance totale à l’égard de la victime. Le calvaire et la destruction graduelle d’un être puisque même si l’enveloppe corporelle transpire encore, l’âme, de son côté se retrouve fracassée et consumée par les atteintes perpétuelles. Une âme vivant dans un tourbillon d’harcèlements, de menaces et de rabaissement.
5 coups de feu, une seule victime ?
Certes Refka Cherni nous a quitté ! mais qu’en deviendra-t-il de sa famille, de ses proches ? Nous a-t-elle quitté pour un monde meilleur ? 5 coups de feu pour un aller simple vers l’au-delà!
Les balles ne s’arrêteront pas au corps de Refka. Elles continueront leur course folle pour blesser à jamais son entourage. Une blessure qui ne cicatrisera jamais. Ils devront encore une fois faire face aux regards des autres et porter la marque pour le reste de leurs vies.
Selon le rapport de l’ATFD, 75% des femmes En Tunisie ont été victimes de violence pendant le confinement général du 16 mars et le 30 avril 2020
« Les autres » cesseront d’en parler aussi souvent que maintenant et n’hésiteront pas à évoquer le sujet pour tuer le temps ou marmotter. Son entourage, quant à lui, pourra-t-il se remettre de cette atrocité ? Son enfant grandira en l’absence de sa mère et en constante compagnie du fantôme d’un père meurtrier. Faisant face, sûrement seul, à la société, il essayera tant bien que mal de survivre et de mener une vie normale, mais, nous ne serons jamais ce qu’il endurera véritablement tel que nous ne saurons jamais ce qu’a enduré Refka Cherni avant d’être lâchement assassinée.
“La violence à l’égard des femmes pendant la pandémie de Covid-19”, 67% des formes de violences sont conjugales
Les jours, les semaines et les années passeront. Nous oublierons ce crime et nous nous vaquerons à nos occupations et à notre routine. La Tunisie se ventera de sa législation progressiste et de ses « fameux » acquis de la femme.
Puis, nous nous retrouverons encore une fois face à des feuilletons, à des campagnes publicitaires et autres contenus misogynes. Ce contenu va « inculquer » le même héritage machiste à nos enfants. Il leur enseignera la « véritable » place de l’homme et l’amour à coup de « je n’ai pas pu me retenir de te violer ».
à méditer…