« Quand on ne sait pas où l’on va, tous les chemins mènent nulle part » (Henry Alfred Kissinger). Proposition d’analyse géopolitique.
Comment analyser la situation tunisienne actuelle, en géopolitique? Alors, reprenons les thèmes d’un diagnostic, hors Tunisie, de Bernard Minier, en l’adoptant. Ainsi, nous pouvons parler des « Quatre cavaliers de l’Apocalypse » qui ont pour nom: finance; politique; surenchère passéiste; et arrêt de l’exploitation des principales ressources et non leur épuisement (Bernard Minier, Le cercle (2012).
Certes, la Tunisie n’est pas en train de s’écrouler. Les acteurs politiques ne sont pas en train de « danser sur un volcan ». Mais ils se préoccupent davantage de questions marginales et de choses insignifiantes.
Comment expliquer autrement les situations conflictuelles, entre le président de la République, le chef du gouvernement et le président du parlement? Lesquelles bloquent de fait la gouvernance, le traitement des questions vitales et la prise en charge des enjeux du pays.
Les attentes sociales sont oubliées. L’endettement occulte toute politique d’investissement. L’ultime recours au FMI pose la question de la dépendance de l’étranger. D’ailleurs les négociations qui ont cours actuellement semblent laborieuses. Sa demande de mettre fin à la politique de subvention, dans son postulat de « la vérité des prix » soumettrait le pays à rude épreuve. En effet, ne perdons pas de vue, la révolte du pain, en 1984. Seraient-ils réussis, les financements du FMI différeraient la crise, sans la traiter. Mais ils sont actuellement nécessaires.
« L’histoire ne se répète pas »
Par ailleurs, un faux usage de l’histoire tunisienne du XIXe siècle met à l’ordre du jour, chez des acteurs hâtifs, une comparaison avec les origines du protectorat, décrites par Jean Gainage. Ils se trompent. L’histoire ne se répète pas. Les conditions actuelles (mondialisation, multipolarisation, solidarité onusienne et réveil des peuples) ne le permettent pas.
Aussi, nous ne pouvons nier le jeu international qui accompagne et tente d’infléchir la dynamique interne. Des dérives sont possibles. Certains acteurs peuvent l’exploiter, dans leur recherche d’un Père Noël. Mais la population tunisienne reste la maitresse du jeu. Le pouvoir lui appartient.
En outre, la pénurie d’oxygène, pour traiter la pandémie, a confirmé la solidarité effective de l’Egypte et de l’Algérie. Ne sous-estimons pas la solidarité des mouvances arabes, africaines et tiers-mondistes.
Au final, la nécessaire solution, à plus ou moins brève échéance, revient à ce rappel de Paul Valéry: « La meilleure façon de réaliser ses rêves est de se réveiller. »