Une imposante manifestation de soutien aux Palestiniens a eu lieu, ce samedi, à Tunis, à l’appel du plusieurs formations de l’opposition et de diverses associations et organisations dont la centrale syndicale UGTT.
Cette manifestation qui coïncide avec le 73 anniversaire de la Nakba est partie de la statue d’Ibn Khaldoun, devant la Cathédrale de Tunis, jusqu’à place du 14 janvier, au milieu d’un dispositif de sécurité renforcé, déployé à l’emblématique avenue de Bourguiba.
En dépit du confinement lié à la pandémie de coronavirus, en vigueur jusqu’à dimanche, plusieurs militants de la société civile et de responsables de partis de gauche et nationalistes ont pris part à ce mouvement.
« Libérons Al-Qods », « Avec mon âme et mon sang, je défends Al-Aqsa », « une loi incriminant la normalisation », ont notamment scandé des jeunes défilant contre l' »agression sioniste » et brandissant des drapeaux palestiniens.
« Le silence de la Tunisie s’explique par sa soumission à la direction américaine en vue d’obtenir un crédit du FMI », a accusé Hamma Hammami, secrétaire général du parti des travailleurs.
Hamma Hammami a également dénoncé le « mutisme » du président Kaîs Saied qui considère que toute normalisation est une « haute trahison » et le mutisme du mouvement Ennahdha qui plaide pour « une fraternité islamique présumée ».
« Le silence des pays arabes s’explique, car la majorité des pays arabes ont des relations directes avec l’Etat sioniste », a encore déclaré Hammma Hammami, appelant à accélérer la promulgation d’une loi incriminant toute normalisation avec l’Etat hébreu.
A l’avenue Bourguiba à Tunis, les manifestants ont brandi des banderoles où l’on pouvait lire « Sauvons Cheikh Jarrah », un quartier d’al Qods-Est – où des familles palestiniennes sont menacées d’expulsion au profit de colons israéliens. C’est le sort de ces habitants qui a déclenché le soulèvement du peuple palestinien.
« Je veux dire aux dirigeants arabes, cessez la normalisation avec l’ennemi, mettez fin aux accords conclus, a lancé Zouhaier Hamdi, secrétaire général du courant populaire. Pour lui, le droit des palestiniens à la résistance et au retour est « irréversible ».
Pour sa part, le secrétaire général du mouvement Echaâb, Zouhaier Maghzaoui a réclamé la fin de l’occupation illégale de la Palestine », appelant dans ce sens à soutenir la résistance et à mettre fin à toute forme de normalisation avec l’entité sioniste.
« Des gens meurent, des gens sont déplacés, des gens sont blessés et sont traités injustement, affirmait le secrétaire général de l’UGTT Sami Tahri.
Et de s’interroger : »Comment ne pas soutenir, comment ne pas avoir de sympathie pour ces gens ? ».
Pour sa part, Wajih Wafi, membre du bureau exécutif du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a condamné « les expulsions illégales de Palestiniens de leurs maisons » et « les attaques brutales contre les manifestants, dénonçant un « mutisme injustifié » de la communauté internationale.
Par ailleurs, une autre manifestation de soutien au peuple palestinien et contre la normalisation a eu lieu aussi ce samedi, place de la Kasbah à Tunis, à l’initiative de l’Union Civile Tunisienne.
Au cours de la manifestation des pancartes brandissaient et des slogans dénonçaient les raids, destructions et déplacements forcés exercés par l’entité sioniste sur le peuple palestinien depuis plusieurs jours à Gaza et al-Qods.
« Sauvez Gaza », « Sauvez Sheikh Jarrah », « Al-Quds se soulève », « Non à la judaïsation d’al-Qods », « Gaza attaquée », « Nous ne partirons pas », pouvait-on notamment lire.
« Il est important que tous les peuples et toutes les voix libres de la terre expriment leur soutien aux Palestiniens, victimes d’un véritable génocide planifié de la part de l’ennemi sioniste », a déclaré à l’envoyé de la TAP Béchir Khedhri, directeur exécutif de l’association Les Partisans de la Palestine.
La complicité de plusieurs dirigeants arabes!
Il a fustigé « la complicité de plusieurs dirigeants arabes » dans les massacres de femmes, d’enfants et de civils innocents et désarmés, affirmant que « leur laxisme, leur trahison de la cause et leur course à la normalisation avec l’entité sioniste n’affecteront pas la détermination des Palestiniens à résister pour libérer leurs terres ».
Il a également dénoncé le silence de certains dirigeants arabes qu’il a qualifiés de « spectateurs », soulignant qu’ils soutiennent ainsi implicitement les exactions israéliennes. Il a considéré que les actions entreprises par d’autres pays arabes sont « insuffisantes » et nécessitent plus d’audace face à la gravité et l’urgence de la situation.
L’intervention de la Tunisie
Il a dans ce sens évoqué l’intervention de la Tunisie, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, pour demander une réunion d’urgence du Conseil et une condamnation des massacres perpétrés par les forces israéliennes.
Au cours de la manifestation Khedri a appelé le gouvernement tunisien à convoquer les ambassadeurs américain et français pour protester officiellement et demander des éclaircissements sur le soutien de leurs pays aux agressions israéliennes.
Hamza Akaïchi, secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne des Etudiants (UGTE), a pour sa part dénoncé les expulsions et les déplacements forcés exercés par l’entité sioniste sur les habitants de plusieurs zones et quartiers de Palestine, dont Sheikh Jarrah à al-Quds. Il s’est également indigné des incursions armées et des agressions contre les fidèles dans la mosquée al-Aqsa et l’esplanade des mosquées, et l’usage de bombes à gaz et des tirs sur les civils dans les lieux de culte et les sites sacrés.
Il a appelé les autorités tunisiennes à accélérer la promulgation de la loi incriminant la normalisation, annonçant que des rassemblements de soutien seront organisés dans les universités tunisiennes à la reprise des cours.
L’UGTE lancera une campagne de collecte de dons au profit du peuple palestinien, en coordination avec la société civile et les organisations internationales concernées, a-t-il ajouté.
Les raids israéliens sur la bande de Gaza se sont intensifiés ces derniers jours faisant plus de 130 morts, dont une quarantaine d’enfants, et plus de 630 blessés.
Avec TAP