Est-ce la fin du blocage politique en Tunisie ? Les échanges téléphoniques entre le Président de la République, le chef du Gouvernement et le président du Parlement, à l’occasion de l’Aïd, permettent de l’espérer. Comment transgresser cette crise ?
Sur le plan politique, la recherche de compromis est nécessaire. Kais Saied maintiendrait ses exigences. Celles-ci sont notamment relatives au remaniement ministériel, qu’il a rejeté. Certains nouveaux ministres sont remis en cause. Ils seraient vraisemblablement remplacés. En effet, le chef du gouvernement pourrait être maintenu, mais à condition qu’il accepte d’appliquer les décisions socio-économiques, du dialogue, sous la présidence du chef de l’Etat. Et ce avec la participation des acteurs politiques et des organisations nationales. La crise est -elle désormais conjoncturelle ?
Comment expliquer cette nouvelle donne ?
La communication téléphonique entre la vice-présidente des USA et le président de la république atteste l’attachement de l’Amérique, à la continuité de l’Etat et au fonctionnement de ses institutions.
Les USA sont préoccupés par la stabilité et la sécurité dans la région. Pour ce ils ont signé la fin de la récréation, ou plutôt de la guerre civile, en Libye. Pour rappel, ils ont bloqué l’action expansionniste de la Turquie en Libye, n’acceptant pas qu’elle dépasse le rôle qu’ils lui ont assigné, et particulièrement son jeu politique avec la Russie.
D’autre part, il faut tenir compte du rapprochement entre Qatar et la Turquie avec l’Arabie Saoudite. Les derniers entretiens à Djedda de l’Emir du Qatar et du ministre turc des Affaires étrangères ont confirmé ce rapprochement. L’Egypte est devenu le grand acteur du Moyen-Orient, qui bénéficie d’ailleurs de l’alliance française. Et ce grâce à ses importants achats d’avions militaires en France.
La mobilisation de Hamas, dans l’actuel conflit relatif à Jérusalem, a évidemment été encouragée par la Turquie, pour rappeler son statut. Ainsi, les nouvelles alliances du Moyen-Orient expliqueraient la modération actuelle d’Ennahdha, redimensionnée par les récentes mutations du jeu politique.
Problème grave : est-ce que le FMI accordera les prêts demandés par la Tunisie ? Les discussions laborieuses entre la Tunisie et le FMI font valoir certes les exigences de l’institution financière internationale. En effet, ses recommandations expliqueraient son souci d’une sortie de crise.
Ultime exigence, – fit-elle non avouée ! – le rétablissement de l’accord entre les deux pôles de l’exécutif tunisien. Ce qui impose aux protagonistes une pause de réflexion. Et ce pour remettre les pendules à l’heure.