Dans la guerre asymétrique qui l’oppose aux forces d’occupation israélienne, la résistance palestinienne est entrée dans une guerre d’usure. Dans laquelle pour chaque projectile artisanal et à bas prix tiré à partir de Gaza, l’Etat hébreu est contraint d’avoir recours à des armes ultrasophistiquées pour l’intercepter. Et cela a un coût financier exorbitant.
Une guerre peut en cacher une autre. Car, à défaut de remporter une victoire militaire contre Tsahal, la résistance palestinienne peut en revanche faire mal, très mal aux finances de l’Etat hébreu. Et ce, en procédant à des tirs massifs de roquettes et de missiles à moyenne et longue portée depuis la bande de Gaza en direction d’Israël. Dans le but évident de saturer le Dôme de fer et d’épuiser les stocks de missiles Tamir aux coûts stratosphériques.
Le parapluie d’Israël
En effet, développé dans les années 2000, le Dôme de fer qui a été conçu par Israël avec l’aide des Etats-Unis permet d’abattre en vol des engins (roquettes, missiles, drones) d’une portée allant jusqu’à 70 km.
A savoir que la première batterie Iron Dome a été installée en mars 2011 dans la région de Beersheva. Elle se situe à 40 km de la bande de Gaza. D’autres batteries ont ensuite été déployées. Notamment près des villes d’Ashkelon et Ashdod, au sud de la grande métropole de Tel-Aviv. Et aussi près de la ville de Netivot, à 20 km de la bande de Gaza.
En effet, ce système de défense aérienne comporte des batteries composées de radars qui repèrent et suivent la trajectoire des roquettes. Le radar est associé à un ordinateur dont l’objectif est de calculer le périmètre d’impact du projectile. Lorsque le radar détecte une roquette ou un obus, il vérifie que la trajectoire menace une zone habitée. Puis il ordonne à une batterie de lancer l’un de ses vingt missiles intercepteurs.
Efficace mais pas infaillible
Mais ce bouclier n’est pas infaillible, de l’aveu même de ces concepteurs. Selon le groupe d’armement public israélien Rafael Defense Systems, qui a développé le dispositif, il est efficace à 90%. Cela veut dire que sur 1000 roquettes, il y en a environ 100 qui vont passer. D’où L’objectif pour les Palestiniens de Gaza donc d’en envoyer le plus possible.
Une efficacité qui reste à prouver puisque des centaines de projectiles ont réussi à déjouer ce système ultrasophistiqué. En frappant Tel-Aviv et les principaux aérodromes; à l’instar de l’aéroport international David Ben Gorion. Menaçant ainsi le trafic aérien dans le ciel d’Israël.
Un coût exorbitant
Le hic c’est que ce système développé conjointement par les sociétés Rafael (Israël) et Raytheon (États-Unis) à un coût exorbitant. A titre d’exemple, un missile intercepteur Tamir coûte environ 50 000 dollars. Alors qu’une roquette artisanale fabriquée par la résistance palestinienne ne coûte que quelques centaines de dollars!
Faites le calcul: la semaine dernière 480 roquettes ont été tirées dont 200 ont été interceptées. Ainsi, les Palestiniens ont investi environ 250 000 dollars dans cette salve de roquettes. Tandis qu’Israël a tiré plus de 10 millions de dollars de missiles intercepteurs. Ce qui explique que la résistance palestinienne continue de tirer des roquettes par centaines. Avec l’espoir qu’une dizaine franchisse le Dôme de fer. Mais surtout car pour chaque roquette interceptée, Israël dépense des centaines de milliers de dollars.
Une guerre financière
En effet, il s’agit d’une guerre financière entre David et Goliath. Où le premier lance des projectiles peu coûteux de fabrication artisanale. Cependant que le second les intercepte par des armes très sophistiquées et extrêmement coûteuses.
La question qui se pose est double: dans cette escalade militaire où la stratégie vise à user les forces et les réserves ennemies, de quel stock de roquettes et autres missiles, en particulier à longue portée, dispose les Palestiniens de Gaza? Et jusqu’à quand les finances de l’Etat hébreu peuvent-elles supporter ce fardeau?