Evidemment les Israéliens occupent toujours la Palestine. Leur puissance est également toujours là. Ils subissent cependant tôt ou tard jour après jour la logique de l’Histoire. Le mouvement de l’Histoire, comme on appelle des changements inévitables, se fait souvent très doucement. De manière à ce qu’il arrive que l’on ne s’aperçoive pas des mutations qui se dessinent. En fait, il y a des cumuls et qui lorsqu’ils se conjuguent et suivent une trajectoire, produisent des effets auxquels on ne s’attendait pas. Ou pas assez.
« Cela paraît toujours impossible, jusqu’à ce que ce soit fait ». L’expression est de Nelson Mandela, l’homme qui en a vu bien d’autres en matière de spoliation de la liberté (dont près de trente ans d’emprisonnement) avant de voir le régime de l’Apartheid qu’il a combattu s’écrouler sous ses yeux. Et le vent de l’Histoire tourner.
Autant dire que rien n’est impossible pour les Palestiniens qui connaissent avec les récents événements de Gaza un nouveau cap de leur histoire. D’ailleurs, des parallèles sont à mettre en exergue; malgré les différences qui peuvent exister, entre les cas des colonisations sud-africaine et israélienne. Ici et là, il y a effectivement des ressemblances. La même politique de colonisation de peuplement, la même ségrégation raciale, le même suprématisme et la même haine de l’autre jusqu’à l’infini.
Se libérer du joug sioniste
Les récents déroulements à Gaza constituent de ce fait un nouveau tournant dans cette évolution vers l’indépendance des Palestiniens. Car, la logique de l’Histoire, que certains appellent le mouvement de l’Histoire, veut que le peuple palestinien, comme d’autres avant lui, finisse par se libérer du joug sioniste.
Le mouvement de l’histoire est un concept que beaucoup– hommes politiques et intellectuels- estiment irréfutable. En effet, ils trouvent ses références dans la loi divine et dans de nombreux travaux de penseurs comme Ibnou Khaldoun, Marx et encore Engels.
Bien compliqué sans doute tout cela. Retenons cependant que ce mouvement de l’Histoire nous dit grosso modo qu’elle suit un cheminement qui veut que des causes défendues par les peuples finissent par triompher.
Cela se fait souvent très doucement. De manière à ce qu’il arrive que l’on ne s’aperçoive pas des mutations qui se dessinent. En fait, il y a des cumuls et qui lorsqu’ils se conjuguent et suivent une trajectoire, produisent des effets auxquels on ne s’attendait pas. Ou pas assez.
Prenons le cas du conflit entre les Palestiniens et les Israéliens. Et plus précisément ce qui restera pour l’histoire les derniers développements à Gaza. Les frappes palestiniennes sur Tel Aviv, Ashdod, Ashkelon, Beer-Sheva; l’union sacrée entre les Palestiniens dont la patrie a été colonisée en 1948 et ceux dont le pays a été colonisé en 1967; les manifestations de rue dans les principales capitales européennes et nord-américaines; la grogne manifestée par des dirigeants et des sénateurs démocrates aux Etats-Unis.
Des bombes fabriquées aux Etats-Unis
Voulant bloquer une vente d’armes à Israël, le sénateur Bernie Sanders a déclaré, le 20 mai 2021, ceci: « A un moment où des bombes fabriquées aux Etats-Unis dévastent Gaza et tuent des femmes et des enfants, nous ne pouvons tout simplement pas laisser une autre énorme vente d’armes se dérouler sans même avoir un débat au Congrès ». Qui eut cru pareille déclaration il y a vingt ou dix ans?
Evidemment– et on ne le dira jamais assez-, il y a beaucoup de chemin encore à faire pour faire triomphent les Palestiniens. A prendre en considération de ce côté des choses des mutations importantes qui apparaissent déjà aux yeux du monde : la monté en puissance de l’Iran, de la Turquie ou encore de la Chine et de la Russie. Ne serait-ce qu’à voir comment cette dernière a bouleversé la donne en Syrie. Des pays qui ne peuvent avoir à l’égard de ce conflit la même vision que les Etats-Unis d’Amérique qui défendent corps et âme depuis toujours l’Etat hébreu.
Idem pour l’Europe et les Etats-Unis où une nouvelle génération s’installe au pouvoir. Sans oublier les changements démographiques du fait d’une migration dont les économies ont notamment besoin ou qui s’inscrivent dans le cours des choses en raison de la dénatalité et qui feront opter pour une autre politique étrangère. Sans oublier l’invitation des réseaux sociaux dans ce conflit.
7 millions de femmes et d’hommes
Evidemment Israël et ses alliés ont encore, sans doute, de beaux jours devant eux. Ses moyens notamment militaires vont être supérieurs pour encore quelque temps. Ses alliés seront toujours là. Mais des changements s’opèrent et ne peuvent ne pas aboutir à plus ou moins long terme à ce qu’Israël lâche du lest.
D’autant plus que contrairement à ce qu’a prévu un jour l’ancien ministre de la défense israélien, Moshe Dayan, les jeunes palestiniens n’ont pas oublié. On l’a vu tout récemment à Al-Qods où se sont des jeunes de moins de 20 ans qui croisent le fer avec l’occupant israélien. Certains parlent de la supériorité des faits. Certes. Mais pour combien de temps encore?
De ce côté des choses, la donne démographique est d’une importance vitale. Entre les Palestiniens d’Israël, ceux des territoires occupés en 1967 et ceux encore de Gaza, ils sont près de sept millions de femmes et d’hommes avec lesquels les Israéliens croisent le fer.
Retenons, à ce propos, cette phrase prononcée un jour par le Roi du Maroc Hassan II et qui va comme un gant aux évènements de Gaza: « Les batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts, ni par les plus rapides, mais par ceux qui n’abandonnent jamais ».