Notre modèle de développement économique, qui avait atteint un « plafond de verre » avant la Révolution, est devenu obsolète et totalement inadapté aux enjeux intérieurs et à la nouvelle économie ou mondialisation en cours de gestation suite à la rupture majeure induite par la Covid-19, véritable crise globale.
Les pandémies ont toujours été des moteurs de l’histoire, des amplificateurs de tendances, générant des changements durables et souvent radicaux. Klaus Schwab souligne en ce sens : « Les grandes catastrophes naturelles et sanitaires sont un moteur de l’Histoire dans un processus de destruction créatrice ».
Cette nouvelle économie mondiale est décrite de manière approfondie par Klaus Schwab dans son ouvrage invitant à un Great Reset géopolitique, économique, social, culturel, environnemental, etc. Ce Great Reset dicte un coup d’arrêt puis un redémarrage, un avant et un après.
Les autorités tunisiennes doivent travailler de manière approfondie sur les contours de cette nouvelle économie mondiale, ce Great Reset, anticiper ses effets sur les équilibres économiques mondiaux et régionaux et les grandes tendances lourdes qui la caractériseront, quels seront les secteurs d’avenir qui seront mis en avant et les secteurs jugés obsolètes qui seront sacrifiés : en ce sens, Klaus Schwab parle de « darwinisme économique ».
Dans ce contexte, la nécessité d’anticipation, de penser en rupture, d’innover et de casser les barrières mentales apparait comme fondamentale : soit nous anticipons cette dynamique et définissons une stratégie à court et à moyen terme nous permettant de nous y adapter et d’en tirer le meilleur parti, soit nous subirons de plein fouet cette rupture et risquons de basculer « en dehors de l’Histoire ».
Des secteurs économiques traditionnels vont être fortement et durablement impactés (de manière sanglante) et l’économie tunisienne sinistrée : le transport aérien (Réformer Tunisair en tenant compte de cette nouvelle économie mondiale : pas de reprise du transport aérien avant 2025 selon les projections les plus optimistes), l’automobile (nous allons vers la voiture électrique, etc. Industrie des câbles, etc.), l’agriculture et surtout le tourisme.
Les comportements vont radicalement changer, privilégiant la proximité, sur fond de montée en puissance du numérique et du digital. Croire qu’il sera possible de revenir à une économie tunisienne pré-Covid-19 est une illusion : outre l’impact foudroyant sur ces secteurs, la pandémie ne sera pas conjoncturelle, elle sera structurelle.
Ce n’est pas un cauchemar qui prendra fin mais une nouvelle dynamique mondiale à l’œuvre qui ne cessera d’évoluer avec des pandémies multiples, une course à des vaccins afin de faire face à l’émergence de multiples variants, voire d’autres virus, etc.
Non seulement nos secteurs traditionnels vont être durement impactés mais nous ne sommes pas adaptés aux nouveaux secteurs tels que les services à forte valeur ajoutée, le numérique et digital, la transition écologique, énergétique, numérique, etc. (hémorragie de nos ingénieurs, informaticiens, médecins, etc. Retard quant à la transition écologique et énergétique, numérique, etc.). Klaus Schwab souligne : « Beaucoup d’entre nous se demandent quand les choses reviendront à la normale. Pour faire court, la réponse est jamais ! ».
La note stratégique complète est consultable sur le site de l’ITES au lien suivant : http://www.ites.tn/fr/actualites/GREAT-RESET-ET-NOUVELLE-ECONOMIE-MONDIALE-:–L%E2%80%99ITES-PLAIDE-POUR-UN-NOUVEAU-PARADIGME-ECONOMIQUE-ET-SOCIAL–POUR-LA-TUNISIE/131/
En définitive, si nous perdurons dans notre déni, dans notre autisme, si nous ne posons pas le bon diagnostic, si nous ne tenons pas compte de la rupture majeure en cours et de l’émergence de cette nouvelle économie mondiale, si nous n’anticipons pas et demeurons dans notre aveuglement, si nous ne construisons pas une vision quant à un nouveau paradigme économique et social tunisien, il convient de s’attendre à très court terme à un violent choc économique (une catastrophe économique) induisant de graves troubles sociaux. Par ailleurs, en dehors de l’histoire, nous hypothèquerons l’avenir du pays et de sa jeunesse.