« Fill in the blanks » ou compléter les phrases. La lecture du document relatif au programme de réformes remis par la délégation tunisienne au FMI dans le cadre de la nouvelle demande de crédit m’a rappelé les examens que nous passions à l’école primaire ou au lycée.
Ces examens étaient parfois proposés sous forme de phrases qui comportaient des espaces blancs qu’il fallait compléter. À titre de rappel la délégation tunisienne au FMI était formée notamment du ministre des Finances, du Gouverneur de la BCT et du Président de l’UTICA.
Il manquait au document présenté plusieurs éléments essentiels tels que:
- Un calendrier précis de réalisation des réformes proposées; à l’exception de deux réformes. L’une relative à la masse salariale de la fonction publique et l’autre concernant la Caisse de compensation. Et sur lesquelles nous reviendrons.
- Une estimation du coût global des réformes; avec précision de l’origine des ressources financières nécessaires.
Le programme de réformes ne peut être valable et crédible que s’il est ambitieux, chiffré et décliné en termes de mesures concrètes et séquencées, avec des étapes de réalisation urgentes.
Le diable est dans les détails
Mais il manquait aussi quelque chose de très important: les détails des réformes proposées. Le document ne comportait en effet, comme l’a précisé le ministre des Finances devant l’ARP ou dans les médias, que les grandes lignes des réformes.
Les détails (« Le diable est dans les détails ») seraient le résultat des discussions et des séances de travail avec les équipes techniques du FMI. Et c’est précisément de là qu’est venue l’idée de « fill in the blanks », ou « compléter les phrases ».
Le vrai programme de réformes qui devrait permettre à la Tunisie d’obtenir le crédit du FMI n’est pas encore connu. Il le sera une fois les travaux techniques terminés avec les équipes du FMI. En d’autres termes, nous demandons au FMI de nous dire ce que ses équipes considèrent qu’il est nécessaire de faire.
À ma connaissance, la Tunisie n’a jamais procédé de cette manière. Même pas en 1986 pour les besoins du PAS (Plan d’Ajustement Structurel). La Tunisie a toujours élaboré ses programmes de réformes dans les détails. Et ce, pour les discuter par la suite avec les bailleurs de fonds.
En ce qui concerne les deux points cités ci-haut, la masse salariale de la fonction publique et la réforme de la Caisse de compensation, les mesures et le timing proposés me semblent tout simplement impossibles à mettre en œuvre. Sauf au risque de déclencher une crise sociale douloureuse et dangereuse.