De nombreuses villes du monde arabe ont vécu des journées houleuses en réaction au massacre perpétré par les Israéliens dans les rangs palestiniens.
La violence de la réaction est à la mesure des crimes commis, même quand il va bien falloir se demander comment aller plus loin, et surtout plus efficacement, pour tenter de répondre à la force aveugle, et qui ne s’empêche pas de revendiquer la primauté de la force sur ce qui peut ressembler à la morale.
Cette fois-ci encore, à l’origine de l’épreuve, il y a la poursuite en toute impunité de la politique de colonisation israélienne au sein même des territoires occupés en Cisjordanie. La logique de la force veut que les mieux armés, ou les plus belliqueux, ont des droits qui ne passent pas par la case du droit.
Il en a toujours été ainsi, et cela fait plusieurs décennies que les foules arabes manifestent en promettant du sang et en se calfeutrant tout de suite après, de peur de manquer de la nourriture judicieusement devenue arme de guerre et moyen sûr de museler les plus ardents défenseurs d’une cause.
« La logique de la force veut que les mieux armés, ou les plus belliqueux, ont des droits qui ne passent pas par la case du droit. »
Depuis toujours, les élans de solidarité sincère sont venus des peuples. Les Etats, eux, ont créé ce « machin » qu’ils ont pompeusement appelé Ligue des Etats arabes. Il faut bien relever la nuance : « des Etats arabes », et non des peuples.
Cette nuance explique entièrement le silence assourdissant de la Ligue en question par temps de tempête. Les Etats ne chassent pas en ligue, ni même en meute. Pour les uns, ventre affamé n’a point d’oreilles, pour d’autres, les « frères » arabes sont des boulets quand ils ne sont pas tout simplement des ennemis à abattre en priorité.
Il y a longtemps déjà, certains avaient reproché à A. Sadate d’avoir signé quelque chose à Camp David. Il a même été discourir à la Knesset, pour mériter ensuite du prix Nobel de la Paix et encore après, d’un assassinat expéditif.
Rappelons qu’il avait signé, comme on dit, le couteau sous la gorge, plus précisément pour éviter la famine de son peuple après deux années sévères de sécheresse.
Les Américains, parrains comblés de Camp David, avaient prévu de poster des vraquiers de blé au large d’Alexandrie. Ventre affamé n’a décidément pas d’oreilles. Dans cette péripétie-là, mais dans de multiplies autres « deals » sans rapport avec la morale qui inspire les cris d’indignation.
Les derniers deals n’ont même pas eu à se parer de morale : plusieurs membres de ladite Ligue ont renoué avec apparat avec Israël et n’éprouvent aucun besoin de s’en cacher, ni de redouter les accès de fièvre des peuples.
La liste est longue et l’ancien Président américain, Trump, n’a pas hésité à s’en vanter, tout en déclarant, pour ne rien gâcher et en même temps, que Jérusalem est désormais la Capitale exclusive d’Israël. Il y a eu, bien sûr, quelques timides mouvements de protestation, mais tout le monde en est resté là. La loi du plus fort est toujours la meilleure, disait un fabuliste.
Plusieurs membres de ladite Ligue ont renoué avec apparat avec Israël et n’éprouvent aucun besoin de s’en cacher, ni de redouter les accès de fièvre des peuples.
Trump, qui disait détester Obama, avait adopté en le modifiant le slogan d’Obama : « Yes, i can ». Pour la bonne blague, il s’est même vanté d’avoir fourgué, au prix fort, des armes à l’Arabie saoudite, mais juste de quoi tuer d’autres Arabes au moment où les alliances les plus secrètes se concrétisaient avec Israël.
Personne n’avait demandé leur avis aux peuples, on est en Arabistan, pardi ! A ce propos, dans un débat, c’est dans l’air du temps, sur la question palestinienne, un expert nécessairement averti avait justifié la politique israélienne par un postulat : « Israël est tout de même une démocratie ».
Ainsi donc, à partir du moment où quelqu’un est très civilisé avec sa femme chez lui, il est tout à fait justifié de violer la femme du voisin. Mais tout ça ne change rien au comportement de la Ligue.
Au fond, comme pour le foot, la Ligue ne fait que compter les coups et les coups bas, quitte à rouler des mécaniques pour épater le bon peuple. Et entre les mécomptes de l’une ou l’autre des Ligues, y a-t-il vraiment photo ?