L’art est une respiration nécessaire. Plus encore, il n’est autre qu’un inévitable voyage pour abolir toutes les frontières; un vecteur de paix, de liberté et d’intégration. « L’éternité, un visage » de Marianne Catzaras est l’intitulé de l’exposition itinérante de Marianne Catzaras qui veut montrer un autre univers.
Marianne Catzaras est née en Tunisie de parents grecs. Elle possède plusieurs talents: la poésie, l’écriture, la critique d’art, et la photographie.
Alors que pour nous le nom de l’exposition « L’éternité, un visage », est énigmatique. Elle précise: « Le titre assez énigmatique renvoie à Marguerite Yourcenar certes; mais aussi au cinéaste grec Théo Angelopoulos. Tous deux amoureux de la Grèce antique, tous deux à l’œuvre dans les histoires mythologiques des civilisations passées. »
Ce qui l’a amenée à se poser un certains nombres de questions: « Est-ce à dire que le passé éclaire le présent? Est-ce à dire que le passé jette de la lumière sur l’avenir? D’où sa réponse: « Certainement. »
Car tout le long de sa vie, Marianne Catzaras fréquente et l’écrivaine et le cinéaste. Elle foule leurs pensées et continue son voyage à travers les sites antiques. Elle aussi à la recherche de quelque clé « pour comprendre l’indicible ou du moins l’approcher ».
Après une magnifique exposition au Colisée de Rome sur la mémoire des pierres, Marianne Catzaras continue à fouiller les archives, à interroger le livre de la mémoire. Tout en se rapprochant un peu plus des corps et s’arrête devant les visages de ces mêmes statues. A l’instar d’Aphrodite, Hermes, Hadrien. Elle ajoute: « C’est l’histoire des hommes que je veux raconter en visitant le musée d’Eleusis, ou celui du Bardo, la Gypsothèque de Pise, ou les jardins du Colisée de Rome. »
D’ailleurs, Marianne Catzaras, la photographe cette fois, traque l’antique dans la ville moderne. A la recherche de la beauté et des traces des œuvres passées. Car les ruines aussi construisent la maison de la mémoire.
Une présence intemporelle dans ces visages
A travers cette exposition, on verra aussi une présence intemporelle dans ces visages, dans ces regards aux yeux ouverts et fermés, dans ces corps à la terrible sensualité. On a l’impression que plusieurs drapés recouvrent les corps. Et que fait l’artiste sinon dévoiler une part de l’invisible? Que fait-il sinon convoquer le hors-champ? On est en Méditerranée et la mer ramène les corps à la surface.
Et l’on citera Marguerite Yourcenar qui parle à Hadrien. « Les poètes nous transportent dans un monde plus vaste ou plus beau, plus ardent ou plus doux que celui qui nous est donné, différent et en pratique presque inhabitable », ajoute-t-elle.
Marianne Catzaras conclut: « L’art retrouve sa fonction, détourner l’inhabitable, créer de l’habitable, par sa force créatrice inégalable. Les statues sauront sans doute encore une fois accueillir le regard dans une impressionnante hospitalité. »
Une exposition à voir absolument.
Rappelons que cette exposition se déroule actuellement à la galerie du violon bleu à Sidi Bou Saïd. En effet, elle a débuté le 27 mai et se poursuivra jusqu’au 30 juin 2021.