On n’oubliera pas de sitôt l’image terrifiante en direct de Si Habib Essid foudroyé par un malaise cardiaque d’une extrême violence. Il était l’invité de France 24 dans une émission culte pour une interview exclusive. Il répondait aux questions qui lui étaient posées avec tout son calme et sa lucidité habituels.
L’apparition de Habib Essid, après une si longue éclipse, était en soit un événement tant sa parole était entendue. On l’écoutait avec une sorte de dévotion: sa sincérité, ses compétences et l’idée qu’il se fait du pays n’ont jamais prêté à confusion.
D’un coup, sous le choc cardiaque, on le sentait perdre le fil de ses idées. Il s’efforçait de parler, mais ses propos devenaient incohérents, le regard absent, pas loin de l’effondrement. Comme s’il voulait défier le sort et résister à cette attaque qui a failli l’emporter. On le savait un vrai battant; il en a fait, en direct, la démonstration quand d’autres que lui seraient pris de panique.
Fort heureusement, les organisateurs ont fait preuve d’une grande vigilance et de beaucoup de professionnalisme. Tout est allé dès lors très vite. Transporté et admis d’urgence à l’Hôpital militaire de Tunis haut lieu de dévouement de la médecine nationale, où il fut pris en charge en soins intensifs. Son état de santé suscitait pendant plusieurs jours les plus grandes inquiétudes. C’est dire combien notre joie est immense aujourd’hui de le voir pleinement rétabli après une longue convalescence.
Si Habib occupe à lui tout seul une immense place, au-delà de la scène politique, dans le cœur des Tunisiens. Son silence et son éclipse politique chaque fois qu’il n’était plus aux responsabilités ont autant de signification que ses rares prises de paroles pour remettre les choses à l’endroit.