Briser le mur du silence, s’affranchir les mots pour parler des tabous et se débarrasser de l’inavouable. Tels sont les mérites du livre « Les siestes du Grand-père : récit d’inceste », de l’écrivaine et féministe Monia Ben Jemia. Il est publié aux Editions Cérès, en janvier 2021.
Paru donc cette année aux Cérès Editions, le livre relate l’histoire de Nédra qui a choisi de se débarrasser du fardeau de l’inavouable. Nédra est cette adolescente âgée de 11 ans qui a subi l’agression sexuelle de son grand-père maternel. Le thème de l’inceste est bel et bien choquant. Cependant, l’écrivaine et féministe ne manque pas de l’aborder et de questionner les traces indélébiles de cette agression sur la victime. Mais également le profil de l’agresseur et le silence assourdissant de la victime.
Sans détour, Monia Ben Jémia donne libre cours à sa plume pour dénoncer, expliquer et décortiquer ce fléau que plusieurs victimes préfèrent taire jusqu’au dernier soupir. Si elle s’était armée de silence et si la mort l’avait emportée vers un autre monde, la vérité du drame aurait volé en éclat et l’agresseur/prédateur rapaces aurait joui de son impunité perpétuelle.
C’est pour cette raison, que ce récit dont les mots sont capables de remuer les coins et recoins de l’âme semble secouer les victimes qui ont opté pour un silence tombal. Par le truchement du verbe, la féministe et écrivaine mène un combat contre le silence et la société patriarcale. Avec pour seul objectif de briser le silence de la victime, pour que le criminel ne jouisse pas de l’impunité. Car l’inceste est bel et bien un crime, l’impunité, le silence et le déni le sont aussi.
Réquisitoire contre une société misogyne
A travers ce récit, Monia Ben Jémia dresse un tableau noir d’une société misogyne qui préfère se voiler la face et ne pas regarder le crime en face. La tragédie de Nédra traverse de bout en bout les 102 pages du livre et le lecteur ne peut que sympathiser avec la victime. Fugue, suicide et rendez-vous chez les psychiatres, tel fut le parcours de la pauvre Nédra.
Ce récit est un cri de rage contre l’inceste, le silence de la victime, l’impunité et une société déniant l’existence de ce mal qui ronge plusieurs familles. L’écrivaine a affirmé dans le préambule du livre que « toute ressemblance avec des faits, lieux ou personnes réels ne serait que pure coïncidence ». Cependant, il suffit de voir les témoignages des victimes sur la page Facebook EnaZeda, où il est possible de les lire. Véridiques, anonymes ou à visage couvert, on comprend que ce mal ronge encore la société.
Ce livre est disponible sur ceresbookshop.com