Selon un nouveau rapport du FTDES sur les mouvements de protestation et de revendications sociales enregistrés au mois de mars 2021, le plus marquant était la rébellion et la désobéissance aux décisions et mesures annoncées par le gouvernement au cours de la semaine de Aid El-Fitr. Et ce, quand les commerçants, travailleurs dans les cafés et restaurants, et même les citoyens ont refusé de respecter le confinement total ou le calendrier de l’interdiction de la circulation pour forcer le président du gouvernement à sortir à nouveau et à modifier ses décisions.
Politiquement, le rapport du FTDES souligne que le pays vit toujours sous l’impact d’un climat politique tendu. Lequel s’est traduit par une perte de confiance dans tous les responsables politiques.
Quant à la situation sanitaire, le rapport mentionne qu’à ce jour, le gouvernement tunisien n’a pas présenté de stratégie claire dans sa lutte contre la propagation du nouveau Coronavirus. Ni même pour les campagnes de vaccination, qui sont encore en deçà des attentes.
Et d’ajouter que face aux déficiences dont les établissements hospitaliers souffrent, la crise financière étouffante et le manque d’équipements et d’encadrements médicaux et paramédicaux, les spécialistes s’attendent à une suite qui sera plus difficile. Et ce, si le gouvernement n’oriente pas son soutien financier et son attention vers la situation sanitaire.
Les Tunisiens partagent les mêmes problèmes et préoccupations
Aux plans économique et social, le FTDES souligne aussi que la mauvaise gestion des finances publiques, le retard dans le paiement des frais de fonctionnement et des salaires et la tendance du gouvernement à augmenter les prix des matières premières avec l’enclenchement d’un retrait partiel des subventions, ont été les éléments du coup de grâce porté à une large catégorie de Tunisiens.
Selon le constat de l’équipe de l’Observatoire social tunisien, tous les Tunisiens partagent aujourd’hui les mêmes problèmes et préoccupations. La précarité économique, les problèmes sanitaires ou sociaux ou les défauts en infrastructure ne sont plus la particularité de certaines régions.
« Le problème de la paupérisation ne se pose plus uniquement aux groupes sociaux précaires ou aux familles nécessiteuses. Mais la profondeur de la crise inclut les salariés, les retraités et la classe moyenne de la société tunisienne. Ces derniers sont considérés comme une soupape de sécurité sociale », explique le FTDES.
En effet, le mois de mai 2021 a connu une évolution notable du volume des mouvements de protestation et des revendications sociales. Le nombre de protestations est passé de 841 mouvements au cours du mois d’avril 2021 à 1155 mouvements durant le mois de mai 2021, soit une hausse d’environ 25%.
Les mouvements dans leur ensemble ont pris une dimension économique et sociale. Puisque plus de la moitié (55%) des mouvements de protestation en mai 2021 portaient sur des revendications sociales ou économiques. Ils visaient principalement des secteurs publics (45%), contre seulement 15% pour les secteurs privés. Le reste des revendications se sont orientées de manière équivalente entre le secteur environnemental, juridique (10%), le secteur éducatif (7%), le secteur de la santé (8%) et le droit à l’eau (6%).
E.M