Le chef du gouvernement Hichem Mechichi a effectué des visites officielles Paris, en Libye, au Qatar et à Genève. Ces visites ont-elles abouti à des résultats concrets?
Mehdi Ghazzai, analyste en communication politique revient sur ces visites de Hichem Mechichi en Libye, au Qatar et à Genève ainsi que sur l’accueil du premier ministre français. Hichem Mechichi a-t-il marqué des points en termes de communication politique?
Selon Mehdi Ghazzai, le chef du gouvernement a entamé, il y a quelques semaines, une opération de communication en soignant les prises de photos (notamment celle de la deuxième dose du vaccin). Ainsi qu’ en instaurant une page Facebook à son nom et aussi un compte Twitter.
Il précise dans ce contexte: « L’équipe de communication de Mechichi a puisé son contenu dans les dernières visites en Libye, au Qatar et à Genève; de même que lors de l’accueil du Premier ministre français. »
Reste à savoir s’il s’agit d’une opération réussie…Ou encore cela suffira-t-il à remonter sa côte de popularité?
Mehdi Ghazzai souligne pour sa part: « On aimerait croire en permanence que nous sommes des êtres de pure rationalité : nous faisons des choix rationnels, nous votons en pesant bien les conséquences de notre vote et que notre choix se porte sur le candidat ou la candidate le/la plus qualifié(e) ». Tout en ajoutant: « Ce que nous montre la psychologie, c’est que notre cerveau a tendance à prendre des raccourcis, ce qu’on appelle des « euristiques de jugements ». En effet, on a tendance à aimer un leader politique, non pas parce qu’on adhère à son programme ou à ses réalisations, mais seulement parce qu’il nous est sympathique, parce que nos parents votent pour le même parti, parce qu’il y a quelqu’un dans son équipe qu’on aime bien, etc… »
Rien de concret n’a été vraiment signé ou acté
Et de poursuivre: « Par conséquent, quand on voit Mechichi main dans la main avec le premier ministre libyen ou conduire lui-même en voiture le premier ministre français à l’aéroport, cela a évidemment une influence positive sur l’opinion publique. Même si lors de ces visites, rien de concret n’est vraiment signé ou acté, on n’en prend pas acte ».
Il estime que le simple fait de voir Hichem Mechichi aux côtés de dirigeants internationaux lui confère une dimension internationale. Ce qui veut dire, d’après lui, que la communication politique est utilisée dans ce cas pour tromper le citoyen sur le bilan réel de ces visites. Tout en faisant croire qu’elles auraient été comme de grandes victoires diplomatiques et économiques. Et ce, à travers les canaux gouvernementaux et certains médias partisans. »
Hichem Mechichi bénéficie d’un Ethos
Avant d’ajouter: « Cependant, le chef du gouvernement Hichem Mechichi bénéficie d’un Ethos, c’est-à-dire d’une image très dégradée. En effet, on peut citer: la hausse des prix, la ceinture parlementaire décriée, la situation sanitaire, etc…Et ce n’est donc pas parce qu’il a pu paraitre sympathique à ces moments-là qu’il réussira à faire oublier ses revers dans la politique nationale du pays. »
Enfin Mehdi Ghazzai conclut: « De plus, la communication politique n’est crédible qu’avec le réel. Or toutes ces sorties ont été alimentées à coup de ficelles de communication vues et revues depuis le gouvernement Chahed. Il ne nous manque plus que le sandwich Kaftegi. Ce sont les raisons pour lesquelles je reste dubitatif sur les résultats à moyen terme quant à la côte de popularité de M. Mechichi. En somme, le chef du gouvernement a essayé de jouer sa partition de communication politique. Alors qu’ il aurait mieux fait de se concentrer sur sa partition politique. »