L’Union est et restera aux côtés de la Tunisie. Le ton est donné d’emblée. L’ambassadeur de l’UE à Tunis, Marcus Cornaro, réaffirme la volonté de l’Union de hisser la coopération Tunisie-UE au niveau qui doit être le sien. « On y travaille tous les jours pour faire en sorte que notre engagement – et sans le dire ouvertement, le sien propre – pour un Partenariat privilégié reste toujours fort ». Il le dit avec force conviction.
S’il reconnait l’inquiétude de l’UE quant à la situation économique du pays, appelé à mettre en oeuvre les réformes dont il a besoin, il n’en souligne pas moins l’engagement de l’Union d’accompagner ces réformes, évoquant au passage ce fameux adage qui dit : « Il faut nous aider pour vous aider ». Pas besoin d’être grand clerc pour décrypter le message. Interview.
Cela fait un peu plus d’un quart de siècle que la Tunisie et l’Union européenne sont liées par un Accord d’association. Quel bilan faites-vous de cet Accord ?
Nous venons de fêter les noces d’argent de notre Accord d’association. Et comme dans les couples, on y travaille tous les jours pour faire en sorte que notre engagement pour un Partenariat privilégié reste toujours fort.
Le bilan est largement positif. La Tunisie et l’UE étaient bien différentes jadis. L’Accord nous a permis de garder un cadre de référence, malgré les changements (la révolution tunisienne, les changements politiques profonds au sein de l’UE et ses élargissements successifs) et faire en sorte que nos relations demeurent très solides.
L’Accord nous offre un mécanisme permanent de dialogue qui nous permet de discuter et de résoudre, en bons voisins, nos différends. Il prévoit des outils fondamentaux comme les sous-comités (des réunions annuelles qui couvrent divers domaines, des droits de l’homme jusqu’au commerce, en passant par l’environnement et l’énergie). Et point essentiel et spécifique à la Tunisie, chaque réunion est précédée d’un dialogue, dit tripartite, avec la société civile.
Mais l’âge de l’Accord fait que certains domaines importants ne sont pas ou pas suffisamment couverts. Nous réfléchissons ensemble aux mécanismes pour une éventuelle modernisation de l’Accord.
Vous avez rencontré récemment le Chef du gouvernement et réaffirmé votre soutien à la Tunisie à la veille d’un nouveau round de négociations Tunisie-FMI. Est-ce à dire que la situation du pays pousse à l’inquiétude ?
La situation économique du pays nous préoccupe et nous avons transmis cette inquiétude à tous les leaders du pays, en appelant à la responsabilité et à un dialogue sincère pour mettre en oeuvre les réformes dont la Tunisie a besoin.
L’UE est et restera aux côtés de la Tunisie dans cet effort, mais nous ne pouvons (ni devons) nous substituer aux autorités tunisiennes. Notre engagement est d’accompagner ces réformes, mais comme dit l’adage, « il faut nous aider pour vous aider ».
Que diriez-vous, Monsieur l’Ambassadeur, aux activistes tunisiens, notamment ceux de la société civile, qui estiment que l’UE ne fait pas assez pour soutenir la transition politique, économique et sociale du pays ?
Nous avons un dialogue constant et sincère avec un large éventail de la société civile tunisienne. Elle est vibrante et le fait qu’elle le soit est la preuve que le système démocratique tunisien, malgré certains défauts encore, a atteint une maturité remarquable.
Nous comprenons leur frustration et nous nous efforçons à expliquer que l’UE a toujours fait et fera le maximum pour aider la Tunisie, que ce soit du point de vue politique qu’économique.
Mais, une fois de plus, l’UE peut aider, mais ne peut pas se substituer aux efforts des autorités et de la société tunisienne pour entamer un processus de réformes économiques et sociales. Je reste persuadé qu’elles en sont capables et elles y arriveront.
La crise sanitaire a révélé les limites de la solidarité de l’UE. La course au vaccin a porté un coup dur à la politique de voisinage. La Tunisie, qui est aux portes de l’UE, a du mal à se procurer le vaccin.
Je comprends les inquiétudes de la société savante quant à la capacité du système de santé à gérer efficacement une pandémie telle que la Covid-19. Je comprends également les inquiétudes des citoyens, tunisiennes et tunisiens, quant à leur possibilité de se faire vacciner.
Cependant, je crois qu’il y a de bonnes raisons d’espérer un avenir meilleur, qu’il s’agisse des capacités de la Tunisie à gérer la crise sanitaire, ou qu’il s’agisse de la capacité de l’UE à appuyer la Tunisie de façon coordonnée et cohérente.
Prenons le processus de Dialogue sociétal dans le domaine de la santé, démarré en 2013-2014 en Tunisie, et financé par l’Union européenne. Le Dialogue sociétal engage tous les acteurs concernés, publics, privés ou associatifs, dont des représentants des citoyens et des patients, ainsi que les ordres et syndicats, dans tous les gouvernorats du pays. Ce processus a donné lieu à la formulation d’une nouvelle politique nationale de santé, validée en avril dernier par le Chef du gouvernement.
La politique nationale de santé est une opportunité pour tous les acteurs concernés de joindre leurs forces dans un mouvement commun de réforme pour un accès à des soins de meilleure qualité, pour toutes et tous. C’est ce que nous faisons avec le programme « Essaha Aziza », financé par l’UE, dont nous alignons toutes les actions à l’opérationnalisation de la politique nationale de santé.
« La situation économique du pays nous préoccupe et nous avons transmis cette inquiétude à tous les leaders du pays, en appelant à la responsabilité et à un dialogue sincère pour mettre en oeuvre les réformes dont la Tunisie a besoin »
Prenons maintenant les vaccins contre la Covid-19. L’UE, par son poids financier et ses engagements politiques, a eu un rôle majeur dans la création de COVAX, un mécanisme mondial dont l’un des buts est de faciliter l’accès à la vaccination, à titre gratuit, à au moins 20% de la population de pays tels que la Tunisie. Et les vaccins, même s’ils peuvent vous paraitre insuffisants à ce jour, sont arrivés en Tunisie et continuent d’arriver via COVAX.
Ainsi, une 4éme livraison de vaccins vient d’être faite. Il s’agit de 253 890 doses de vaccins Pfizer, qui s’ajoutent aux 93 600 doses de ce même vaccin reçues en mars, et aux 256 800 doses de vaccins AstraZeneca reçues en avril et en mai. Cela porte à 604 290 le nombre total de doses livré par COVAX en Tunisie.
Enfin, la Direction générale de l’aide humanitaire et de la protection civile (ECHO), donc l’ensemble des Etas membres de l’UE, vient de financer le transport de dons de la France à la Tunisie, soit : trois générateurs d’oxygène, 18 respirateurs, 38.000 tests antigéniques Covid-19 et 5.000.000 de masques FFP2.
Tout cela démontre que la solidarité européenne envers la Tunisie est bien réelle, et j’aurais pu citer d’autres exemples de l’appui de Team Europe, impliquant d’autres Etats membres.
Où en sont les négociations au sujet de l’ALECA ? Qu’est-ce qui bloque ?
Sur le commerce et l’investissement, je rappelle que l’offre européenne de négocier un Accord de Libre Echange Complet et Approfondi est toujours sur la table, et nous sommes prêts à relancer les négociations, dès que notre partenaire le souhaite. Je précise que nous ne sommes pas dans un format figé et nous sommes disposés à en parler avec les autorités tunisiennes.
D’autres pistes peuvent être également explorées, comme une initiative autour de l’investissement durable, que la Commission va proposer aux partenaires ou régions d’Afrique et du voisinage méridional qui manifestent un intérêt à cet égard.
Nous venons de publier une étude ex post substantielle sur les volets commerciaux de six accords euro-méditerranéens, dont la Tunisie. Nous aurons donc amplement de la matière pour nourrir la réflexion sur l’avenir. Je suis à l’écoute des entrepreneurs et investisseurs en Tunisie qui s’inquiètent des difficultés grandissantes et du manque de prévisibilité. Les investissements étrangers en Tunisie baissent.
Pourtant, le commerce et l’investissement sont essentiels à la libération du potentiel de la Tunisie. Les relations économiques avec l’UE sont d’une importance cruciale pour le pays. Laissez moi vous rappeler quelques chiffres qui montrent la profondeur de ces relations : 85% des investissements étrangers en Tunisie proviennent de l’UE. 3.000 entreprises européennes y sont installées et ont créé plus de 300.000 emplois.
Il serait bon d’apporter un nouveau souffle aux échanges et investissements, de part et d’autre. Le chemin à suivre sera défini avec nos partenaires tunisiens, et nous sommes à l’écoute.
Il y a cinq ans, la Tunisie a été associée au programme « Horizon 2020 ». En quoi consiste ce programme ? Y a-t-il des résultats concrets générés par ce programme ?
Horizon 2020 ou H2020 est le programme européen pour la recherche et le développement pour la période 2014-2020. C’est le plus grand programme de recherche-innovation au
niveau mondial, avec 80 milliards d’euros (il a augmenté un peu avec la Covid).
Il est très important de rappeler que la Tunisie est le premier et le seul pays arabe et africain à accéder au statut de pays associé dans le programme Horizon 2020 (H2020). Elle possède ainsi les mêmes droits qu’un Etat membre dans l’accès et la conception des programmes de recherche.
Le bilan est largement positif. Je vous donne quelques indications : La Tunisie a enregistré des scores très intéressants au niveau du programme, avec une participation de 54 institutions tunisiennes à travers 71 projets et presque 12 millions d’euros de fonds levés par ses entités de recherche, avec un taux d’acceptation des candidatures aux appels à projets dépassant la moyenne des Etats membres, soit 16,15%. Ses chercheurs universitaires ont participé en tant que coordinateurs principaux dans neuf projets européens, en démontrant ainsi leurs qualités professionnelles.
Les perspectives sont prometteuses. Horizon Europe est le successeur de Horizon 2020. Nous entamons actuellement les négociations pour l’association de la Tunisie à Horizon Europe. Lors de sa récente visite à Bruxelles, le président Saïed a formellement exprimé l’intérêt de la Tunisie de s’associer à Horizon Europe, afin de poursuivre ce travail dans le domaine de la recherche et de l’innovation.
La Tunisie vient d’être classée par la CNUCED parmi le « Top 10 » des pays émergents en termes de performance dans les technologies de pointe. Cela mérite un coup de pouce supplémentaire de l’UE. Qu’en pensez-vous ?
Très belle surprise de noter que la Tunisie est classée parmi les pays émergents les plus performants dans les technologies de pointe, aux côtés de pays tels que l’Afrique du Sud, le Japon, l’Inde, la Chine, la Corée du Sud, le Brésil…
La Tunisie fait preuve d’une capacité d’utilisation, d’adoption et d’adaptation des technologies de pointe plus forte que ne le laisserait supposer son PIB par habitant. C’est un résultat très important, vu que les technologies de pointe ont le
potentiel de redéfinir notre monde, en particulier notre avenir post-pandémie.
L’UE appuie déjà les efforts innovants de start-up tunisiennes, avec une assistance technique et financière de 15 millions d’euros. En outre, dans le cadre de notre nouvelle programmation, l’UE vise à soutenir l’effort de la Tunisie dans sa stratégie numérique nationale, afin de renforcer le potentiel humain et technologique pour l’inclusion numérique avec une attention particulière aux femmes et aux jeunes.
« Top 10 » dans les technologies de pointe, mais crise économique et sociale sans précédent. La situation actuelle de la Tunisie, fortement aggravée par la Covid-19, inquiète-t-elle l’UE ?
La situation économique était très grave en 2020. D’ailleurs, elle est difficile depuis quasiment une vingtaine d’années, mais la pandémie a aggravé la situation. Devant tous ces enjeux, le gouvernement a élaboré un projet de programme de réformes économiques, en concertation avec les acteurs sociaux et économiques, ainsi que du monde politique. Il faut le finaliser, aussi en concertation avec le FMI, pour démontrer aux citoyens tunisiens et aux bailleurs de fonds la volonté de ses responsables politiques de mettre le pays sur la voie de la réforme, de la modernisation de ses structures et de la croissance.
Il faut être clair : l’UE est et sera toujours là pour aider la Tunisie, comme elle vient de le démontrer par le récent décaissement de 300 milliards d’euros dans le cadre de notre assistance macrofinancière. Toutefois, sans un plan réaliste de réformes, il sera très difficile pour les partenaires de la Tunisie de mobiliser un soutien additionnel à l’Etat.
Une Tunisie prospère et démocratique est un objectif prioritaire de notre action extérieure. La Tunisie dispose d’un potentiel énorme : une population jeune et bien éduquée, une position géographique unique entre l’Europe et l’Afrique, une grande proximité culturelle et des valeurs partagées avec l’Europe, etc.
Il faut mettre en valeur tout ce potentiel en débloquant certains chantiers de réformes structurelles, liés à l’amélioration du climat d’investissement et à la réduction des dépenses de l’Etat.
La Tunisie est, d’une certaine manière, le bouclier de l’UE en matière de protection des frontières contre le terrorisme et l’immigration clandestine. L’aide de l’UE est-elle à la mesure de l’effort que doit consentir la Tunisie pour protéger ses frontières et celles de l’Europe ?
A noter tout d’abord que les flux migratoires légaux entre la Tunisie et l’Europe dominent de loin cet aspect particulier. Ce qui est une très bonne chose. La migration irrégulière est un problème global qui demande de prendre en compte les différents paramètres.
La Tunisie est un pays de départ, de transition, et de destination. Le départ irrégulier vers l’Europe est principalement dû aux problèmes sociaux-économiques, à la dégradation de la situation de l’emploi, aggravée par la pandémie de Covid-19, et aux activités néfastes d’organisations criminelles des deux côtés. Cela nécessite un partenariat de mobilité basé sur une approche globale, comme l’a récemment discuté notre Commissaire à la Migration, Mme Johansson ici à Tunis, avec le Président et le Chef du gouvernement.
« Sur le commerce et l’investissement, je rappelle que l’offre européenne de négocier un Accord de Libre Echange Complet et Approfondi est toujours sur la table. Nous sommes prêts à relancer les négociations, dès que notre partenaire le souhaite »
L’UE participe au développement de la Tunisie et contribue, par ses actions, (partiellement, je vous l’accorde) à la recherche de solutions à ces problèmes. De nombreux projets contribuent à la création de perspectives et d’emplois, même s’ils ne sont pas tous identifiés comme projets de migration.
Il est aussi important de préciser que la migration irrégulière vers l’Europe n’est pas seulement tunisienne. Environ 40% des personnes qui arrivent illégalement dans l’UE depuis la Tunisie sont des Subsahariens qui entrent légalement en Tunisie, puis se maintiennent irrégulièrement avant de tenter la traversée. Notre partenariat sur la mobilité est donc clairement d’un intérêt partagé.
En mars dernier, vous avez effectué une visite à Sfax et aux îles Kerkennah. Quel était l’objet de cette visite ?
L’objet de cette visite était d’aller à la rencontre des acteurs du développement local et régional, en vue de mieux cerner le contexte économique et social actuel et les enjeux de l’aide de l’Union européenne en Tunisie.
Un agenda de rencontres a été organisé avec des représentants de l’administration territoriale, des élus, des entreprises et nous nous sommes entretenus avec de jeunes bénéficiaires de projets financés par l’Union européenne dans cette région.
Les véritables talents de la jeunesse tunisienne ne demandent qu’à s’exprimer dans un climat des affaires plus favorable et connecté aux opportunités de marchés et d’investissements auxquelles la Délégation de l’UE apportera une contribution directe, à travers ses instruments de dialogue politique et de coopération.
Bilan de la visite du président Kaïs Saïed à Bruxelles ?
Si nous devons donner un titre à cette visite, ce sera celui de « la visite du Partenariat renouvelé ». En effet, les échanges approfondis, francs et chaleureux entre le président Saïed et les trois présidents européens ont donné des résultats concrets et permis d’esquisser les grandes lignes directrices de notre partenariat dans les années à venir.
Je vous en cite quelques-uns. Tout d’abord, l’Union européenne, un des premiers contributeurs au mécanisme international COVAX, s’est engagée à poursuivre son soutien aux efforts de la Tunisie dans la lutte contre la pandémie, en lui facilitant un accès équitable aux vaccins.
« La Tunisie fait preuve d’une capacité d’utilisation, d’adoption et d’adaptation des technologies de pointe plus forte que ne le laisserait supposer son PIB par habitant. C’est un résultat très important, vu que les technologies de pointe ont le potentiel de redéfinir notre monde, en particulier notre avenir post-pandémie »
Ensuite, afin de poursuivre le partenariat dans le domaine de la recherche et de l’innovation, la Tunisie a formellement exprimé son intérêt à s’associer au nouveau programme-cadre européen Horizon Europe.
Aussi, dans le domaine de la culture et du patrimoine culturel, la Tunisie a-t-elle soumis la lettre d’intention pour la poursuite de la participation tunisienne au programme-cadre européen « Europe Créative », relatif aux secteurs culturels et créatifs.
La rencontre entre le président Saïed et le président de la Banque européenne d’investissement (BEI) est importante, même si elle a eu lieu en marge du programme. Le rôle clé de l’investissement extérieur pour la relance économique du pays est bien souligné dans le communiqué final.
Cet engagement au niveau politique nous aidera á travailler conjointement pour améliorer le climat des investissements externes. Je suis certain que cela aura un impact direct sur la création de nouveaux emplois. Je me réjouis aussi de la rencontre non seulement avec le président du Parlement européen, mais aussi d’avoir supervisé la cérémonie d’installation du groupe des amis de la Tunisie au Parlement européen. Cela permettra de renforcer cet axe de coopération, indispensable pour un partenariat comme le nôtre, ancré dans le partage des valeurs démocratiques.
D’une manière générale, l’UE a réitéré son engagement de long-terme aux côtés de la Tunisie, ainsi que sa volonté de l’accompagner dans ses efforts pour consolider ses institutions démocratiques et promouvoir une économie verte, compétitive et inclusive, notamment à travers l’appui aux PME et la promotion des investissements étrangers. Toujours avec une attention particulière à la jeunesse, à l’éducation et à la culture
Que souhaiterez-vous dire aux Tunisiens ?
Premièrement, que je suis très reconnaissant pour l’accueil qu’ils me font à travers le pays et par les divers interlocuteurs. C’est une très riche expérience déjà pour moi.
Deuxièmement, que je félicite notamment les jeunes Tunisiennes et Tunisiens de leurs talents, créativité et résilience face à cette situation difficile.
Troisièmement, que je suis persuadé que le renfort de notre partenariat se traduira par une sortie de crise caractérisée par un impact positif pour les citoyens. Et que je me réjouis déjà des rencontres futures, des découvertes du pays et des nouvelles amitiés.