Fait rare dans les annales de la République. Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, décide de porter plainte contre une députée; en l’occurrence Abir Moussi. Accusant la présidente du PDL d’avoir perturbé, hier lundi, la séance plénière à l’ARP.
Devant tant de désinvolture, d’amateurisme et de recherche effrénée du buzz, les Tunisiens ne peuvent éprouver que répugnance, abattement et extrême lassitude. Et ce, envers notre classe politique, notamment celle représentée au Parlement. Avec les derniers épisodes liés au comportement de la cheffe de file du PDL, Abir Moussi.
Désinvolture
Ainsi, hier lundi, le ministre des Finances, Ali Kooli, se distinguait par son absence. En effet, il devait participer à une réunion prévue ce jour avec la Commission parlementaire de la réforme administrative, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption. Et ce, « sans préavis et sans explications comme c’est l’usage », comme le précisait le député Badreddine Gammoudi, président de la dite Commission.
Abir Moussi, casque de motard, gilet pare-balle et mégaphone
Toujours dans l’hémicycle, la première vice-présidente de l’ARP décidait de lever la séance, sans fixer une nouvelle date. Et ce, lors de la séance plénière consacrée hier lundi aux questions adressées aux membres du gouvernement. Cette fois, en raison des protestations des députés du PDL. Puisque, munis de leurs mégaphones et aux cris de « dégage », ils ont entravé le déroulement de la séance.
Pour sa part, Abir Moussi, toujours avec son amplificateur, s’est approchée de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique; et ce, pour la sommer de quitter l’hémicycle.
Dans ce contexte, Samira Chaouachi a considéré que le fait de scander le slogan « dégage » face à la ministre de l’Enseignement supérieur constituait « une agression inacceptable ».
Pour rappel, les élus du PDL contestaient la répression à laquelle avaient fait face les sympathisants du parti. Et ce, lors du sit-in organisé récemment à la place du Bardo.
La ministre victime d’un malaise
Ainsi, devant des scènes de chaos indescriptible amplifiées par les haut-parleurs, Mme Olfa Ben Ouda fut contrainte de quitter les lieux; sans répondre aux questions orales de certains députés.
Puis, profondément touchée par les slogans dégagistes de certains députés du PDL, la ministre fut victime d’un malaise. Avant que le médecin et l’infirmière du Parlement ne la consultent pour s’assurer de son état de santé.
Compassion
Sachant que pour lui témoigner de sa compassion et de sa solidarité, le chef du gouvernement s’est rendu, le jour même, au siège du ministère de l’Enseignement supérieur. Hichem Mechichi a tenu à assurer que les agissements de ces députés « témoignent d’une volonté de ternir la scène politique et l’image des institutions de l’Etat. Ils sont en train de profiter des libertés et de la démocratie pour exercer leur rancune envers l’Etat ».
« Le gouvernement fera justement appel aux institutions de l’Etat, la justice en l’occurrence, pour combattre ces agissements ». C’est ce qu’ajoutait le chef du gouvernement.
Recours à la justice
Dans la foulée, la présidence du gouvernement a annoncé dans un communiqué officiel qu’elle « porte plainte en justice contre Abir Moussi et les autres députés de son parti. Suite aux perturbations engendrées lors de la séance plénière à l’ARP consacrée à l’audition du ministre de l’Enseignement supérieur et celui des Affaires sociales ».
Enfin, il convient de rappeler que la séance d’hier était consacrée à un dialogue avec le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi. Mais aussi la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Olfa Ben Ouda Sioud. Et la ministre par intérim de la Jeunesse, des Sports et de l’Insertion professionnelle, Siham Ayadi.