En Algérie, les dernières élections législatives anticipées ont été marquées par un désistement massif des électeurs et la renaissance du FLN, un parti qu’on croyait moribond. Enfin, par le tassement du Mouvement de la société pour la paix, le parti islamiste modéré qui criait prématurément victoire.
Les uns ont poussé un grand ouf de soulagement, d’autres ont pris une douche froide. Heureusement, les élections législatives anticipées n’ont pas reproduit le scénario cauchemardesque de la décennie noire d’Abbassi Madani et d’Ali Belhaj. Des années de braise ayant conduit l’Algérie à une cruelle guerre civile sans fin.
Le verdict des urnes de ces législatives
Ainsi, tel est le verdict des élections législatives algériennes organisées samedi dernier. Et ce, dans un contexte de crise politique marquée par une abstention historique. Alors qu’une partie de l’opposition appelait au boycottage du scrutin.
Le FLN, ex-parti unique et principale formation du Parlement sortant, sort donc en tête avec 105 sièges sur 407. Il est talonné par des candidats indépendants avec 78 sièges. Le parti islamiste du Mouvement de la société pour la paix (MSP) ferme la marche avec 64 sièges.
Pourtant, les ténors du parti islamiste algérien clamaient prématurément une victoire massive. Tout en mettant en garde contre « les nombreuses tentatives de modifier les résultats ». Et ils menaçaient déjà de reproduire le scénario traumatisant des Années de braise si leur victoire était volée.
Un taux de participation historiquement bas
Le premier enseignement à tirer de ce scrutin crucial pour le pouvoir algérien pour sortir de la crise politique et d’en finir avec les manifestations récurrentes d’Al Harak, est le taux de participation historiquement bas, à 23,03%.
En effet, sur plus de 24 millions d’électeurs, seulement 5,6 millions ont voté, dont plus d’un million de bulletins nuls. A titre de comparaison, la participation avait atteint 35,70% lors des dernières législatives de 2017 et 42,90% en 2012.
Pour rappel, les observateurs considèrent l’abstention comme le « plus grand parti en Algérie ». Mais les autorités algériennes, conscientes de la désertion massive des électeurs, ont choisi de minimiser ce phénomène. « Pour moi, le taux de participation n’a pas d’importance. Ce qui m’importe, c’est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante ». C’est ce qu’assurait le président Abdelmajid Tebboune après avoir voté.
Le FLN renait de ses cendres
Le deuxième enseignement est la victoire inattendue du FLN. Un parti pourtant très affaibli, à bout de souffle, par sa proximité avec le président Bouteflika. Celui-ci sortant par la petite porte en 2019, après 20 ans de pouvoir, par un large mouvement de contestation populaire. De ce fait, même s’il contrôle grosso modo le quart des sièges dans la nouvelle Assemblée populaire nationale, il perd 50 sièges.
Message lourd de sens
Un message lourd qu’envoient les électeurs aux élites politiques. A elles d’en saisir le sens et d’en tirer les conclusions.
Car l’Algérie a subi de plein fouet les effets de la pandémie de Covid-19, accumulés à ceux de la crise pétrolière. Soixante ans après son indépendance, l’économie reste tributaire de la manne pétrolière. Laquelle représente plus de 90% de ses recettes extérieures.
De même, le pays de million de Chahids est traditionnellement imprégné par une omniprésente culture d’intervention étatique. Ainsi, le gouvernement subventionne la note de plus en plus lourde des produits de base, des carburants, de santé et même des logements. Et ce, dans un contexte de fronde populaire orchestrée par les protestataires du Hirak et alimentée par un taux de chômage élevé. Notamment dans la catégorie des jeunes où 60% sont touchés par la précarité d’emploi.