Ryadh Chaibi, le conseiller politique de Rached Ghannouchi ne trouve « aucun problème » à une alliance avec Abir Moussi si « l’intérêt du pays l’exigeait ». Un ballon d’essai ou une manœuvre pour amadouer l’intraitable cheffe du PDL?
« J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer ». La citation de Jean Racine semble s’appliquer parfaitement au plan diabolique concocté par les stratèges d’Ennahdha pour noyauter le parti destourien à défaut de le vaincre sur le terrain. Mais, l’irréductible Abir Moussi, au sommet des intentions de vote pour les prochaines législatives, va-t-elle accepter ce perfide « baiser de la mort » de la part du cheikh de Montplaisir? En politique, les revirements spectaculaires sont monnaie courante, mais la ficelle semble très grosse.
Moussi – Ghannouchi : une alliance contre nature
« Pour pouvoir gouverner ce pays, n’importe quel parti politique, y compris le PDL de Abir Moussi, sera dans l’obligation de mettre sa main dans celle d’Ennahdha. Et ce, de par le poids que représente le parti de Rached Ghannouchi ».
Et d’ajouter: « Si l’intérêt du pays nous impose une alliance avec Abir Moussi, nous le ferons. Cela ne pose aucun problème ». Ainsi affirmait le conseiller politique de Rached Ghannouchi, Riadh Chaibi. Lequel était l’invité de Houna Shems du lundi 21 juin 2021, sur les ondes de Shems FM.
Ce proche du leader historique a énoncé cette étonnante et inattendue « alliance » entre les deux pôles diamétralement opposés. Comme une solution à l’actuel blocage politico-constitutionnel. Et ce, au nom de « l’intérêt du pays ». Où plutôt pour servir les propres intérêts du parti islamiste. La différence est de taille.
« La chute du gouvernement est un crime »
Par ailleurs, il était interpelé sur le souhait affiché de Kaïs Saïed de voir partir son chef du gouvernement. De ce fait, le conseiller politique de Ghannouchi rappelait avec malice que le gouvernement Mechichi « n’était pas le choix d’Ennahdha. Et que le parti l’avait uniquement soutenu compte tenu des circonstances ». Mais, Ennahdha « ne pourrait se permettre de participer à ce crime qu’est le départ de ce gouvernement. Car, la chute de ce gouvernement provoquerait un vide; alors que le pays traverse une phase difficile », avait-il argué.
L’ «ambigüité » du Président
Et d’épingler, exercice favori des dirigeants d’Ennahdha, l’attitude du Président envers le président de l’ARP et leader du parti islamiste d’Ennahdha. « A chaque fois que nous souhaitons construire sur la base d’une position donnée, nous nous trouvons face à un revirement de situation de la part du président de la République. Nous n’arrivons pas à saisir ce qu’il veut. Nous traiterons avec lui le jour où il affichera une position claire ». C’est ce que promet le conseiller politique de Rached Ghannouchi.
« Le retour à la Constitution de 59 est constitutionnellement impossible »
Revenant aux dernières déclarations du chef de l’Etat, lequel proposait de revenir à la Constitution de 1959, le député nahdhaoui opposait un niet était catégorique. C’est « inacceptable de la part du président de la République. Puisque il s’agit d’une renonciation à une dernière décennie 2011-2021 de… réalisations », affirmait-il sans rire.
Ryadh Chahaibi se référait sans doute aux propos tenus dans la soirée du vendredi 18 juin par SG de l’UGTT. En effet, Noureddine Tabboubi s’exprimait sur la crise politique en Tunisie. Et notamment la teneur de l’entretien qu’il a eu avec le président de la République Kaïs Saïed, il y a une semaine.
Le patron de la centrale syndicale révélait que le président de la République aurait l’intention de demander le retour à la Constitution de 1959. Tout en y introduisant quelques amendements, avant de la proposer à un référendum.
« Le retour à la Constitution de 59 est constitutionnellement impossible ». C’est ce que tranchait Salwa Hamrouni, professeur en Droit constitutionnel, lundi 21 juin sur les ondes de Mosaïque FM. Ajoutant qu’elle a été surprise par les propos de Taboubi. « Je connais très bien Kaïs Saïed et je sais qu’il a été le premier à appeler, en 2011, à une Assemblée constituante. Car l’ancien système politique n’a plus de légitimité ».