Une rencontre hybride a été organisée récemment par l’IACE dans le cadre de la série des webinaires « 90 Min avec l’IACE ». Objectif : débattre de la problématique de l’envolée des prix du marché mondial des matières premières qui a été enregistrée à la suite de l’augmentation progressive de la demande et la perturbation des chaînes de valeurs.
Une forte demande internationale en face d’une pénurie mondiale n’a fait que doubler voire tripler les prix des matières premières. En effet, cette augmentation a touché également les produits agricoles, les métaux et les énergies.
Cette augmentation aura certes un impact sur toutes les entreprises tunisiennes et internationales qui reste toujours lié à la capacité de la résilience des entreprises. Ces dernières sont appelées à mettre en place des stratégies et devraient être accompagnées par les autorités, telle que la BCT.
Selon Feriel Ouerghi, maitre de Conférences à l’ESSECT, une intervention de la Banque centrale de Tunisie est sollicitée. Et ce, pour concevoir des stratégies dont le but est de stabiliser le taux de change. Afin de faire face à la dépréciation causée par la baisse des devises. Tout en prévoyant les pressions inflationnistes à la suite de l’augmentation des prix de ces matières.
En effet, selon les prévisions des prix des matières premières pour l’année prochaine, publiées par Wallet Investor, les prix de la plupart de ces matières continueront à augmenter. Sauf pour le pétrole qui va enregistrer une diminution pour l’année prochaine (le baril passerait de 72.81 USD à 65.12 USD en 2022).
Stratégies sectorielles
Ainsi, le secteur pharmaceutique a été touché au niveau des médicaments et des principaux actifs. Mais il y a d’autres produits qui ont connu des augmentations tels que les articles de conditionnement, les flacons en verre, le cartonnage et les étuis etc.
Selon Zied Jardak, secrétaire général de la CNIP, le ministère de la Santé a été très agile. Et ce, en aidant les entreprises de l’industrie chimique et pharmaceutique durant cette crise. Mais pour se maintenir compétitifs, il faut suivre les mutations. De même qu’il est nécessaire de s’aligner aux nouvelles techniques des biotechnologies. Tout en anticipant les pénuries et avoir des stocks sur une longue période; surtout pour les produits sensibles. Et prendre en compte les augmentations des prix des produits homologués, pour éviter les pénuries.
« Anticiper les pénuries et avoir des stocks sur une longue période »
Pour le secteur de textile, les entreprises se trouvent donc devant une augmentation des coûts. Elle impacte leurs productions et les prix à offrir sur le marché. Selon Jean-François Limantour, le gouvernement tunisien est appelé à mettre en place des mesures d’accompagnement spécifiques pour le secteur de textile. Il s’agit notamment de: faire des économies des matières et éviter le gaspillage; opter pour des techniques digitales pour l’optimisation de l’utilisation de tissu; et créer une filière nationale tunisienne de recyclage des déchets textiles. Et ce, en ayant recours aux laboratoires qui utilisent des technologies qui permettent de recycler des déchets, comme c’est le cas du Maroc.
S’agissant du secteur de la technologie, il n’est pas évident de recourir à l’augmentation du stock. Puisque ce secteur est un secteur à mutations fréquentes. Mais il faut savoir optimiser les processus. Tout en cherchant d’autres sources d’approvisionnement de matières premières. Et exploiter les capacités de production tunisiennes. Comme par exemple en accompagnant les entreprises de plastique ayant des problèmes de capitalisation pour limiter les importations. S’assurer également d’une intégration verticale permettra de maintenir un niveau de prix compétitif.
Au final, pour le secteur électronique et mécanique, une augmentation de la demande sur le marché tunisien a été la principale raison justifiant l’approvisionnement supplémentaire. Ce qui peut inciter à de nouvelles conventions ayant pour objectif de minimiser les coûts des matières premières. On peut citer l’achat groupé avec la collaboration avec les parties prenantes. L’objectif consiste à développer des économies d’échelles. Mais aussi à améliorer la compétitivité des petites et moyennes entreprises tunisiennes.
E.M