Une citation française nous enseigne que l’ « on peut tout dire, mais tout est dans la façon de le dire ». Un autre proverbe latin énonce qu’ « il y a un temps pour ne rien dire, il y a un temps pour parler, mais il n’y a pas un temps pour tout dire ». Des adages qu’il est utile de rappeler à nos politiques qui ont tendance, sous l’effet des contrariétés ou des désagréments, à donner libre court aux pensées du moment! Les Tunisiens souffrant déjà assez de la progression de la pandémie de Covid-19 et d’une dégradation de leur quotidien.
« Un paysage politique fait de lobbys », « des marchés conclus entre les acteurs politiques du pays », « des partis politiques qui abusent du peuple tunisien », « une constitution, fruit de marchandages et de compromissions », etc. Les propos tenus par le chef de l’Etat, le 25 juin 2021, à l’occasion de l’audience accordée au secrétaire général du mouvement Echaâb, Zouheir Maghzaoui, au Palais de Carthage, sont loin d’offrir une image reluisante d’une partie du moins du personnel politique du pays.
On l’aura compris, le chef de l’Etat dépeint ses adversaires politiques sous leur mauvais jour. Cela, peuvent penser certains, est sans doute de bonne guerre. De toute manière, ces adversaires ne sont pas tendres avec le président de la République. On se souvient, à ce niveau, de déclarations, notamment de députés, qui ont largement dépassé les bornes.
Certains de ces derniers oublient du reste souvent que la communication politique doit être l’affaire d’une organisation rationnelle. Et qu’il ne s’agit pas, souvent sous l’effet des contrariétés ou des désagréments, de donner libre court aux pensées du moment!
Le taux de pessimisme est au plus haut
Toute communication, on le sait, se nourrit toujours, pour ainsi dire, du contexte qui est un des éléments de ce schéma de la communication. Un contexte qui signifie « l’environnement dans lequel la communication évolue ». Un contexte, nous disent les spécialistes, qui « exerce une influence importante, voire majeure, sur la communication ».
On pourra évidemment comprendre les réactions des uns et des autres et leur volonté de dire ce qu’ils pensent. Mais, n’y a-t-il pas lieu de penser, ici, qu’il serait utile, malgré tout, de moduler le propos en fonction du contexte? Une citation française nous enseigne que l’ « on peut tout dire, mais tout est dans la façon de le dire ». Un autre proverbe latin énonce qu’ « il y a un temps pour ne rien dire, il y a un temps pour parler, mais il n’y a pas un temps pour tout dire ». Ce qui nous renvoie au contexte évoqué plus haut.
Or, cet environnement n’est pas du tout des plus favorables. Le moral des Tunisiens est au plus bas. Il y a un mois, le cabinet Sigma conseils nous apprenait ce qui paraît de plus en plus être une donne essentielle de la vie nationale: le taux de pessimisme est en hausse, atteignant 90 %. Même le président de la République, élu par 72,71% des voix, n’obtenait que 41% de taux de satisfaction, selon le même cabinet.
Paupérisation tous azimuts
Comment pourrait-il en être autrement par les temps qui courent dominés par la progression de la pandémie du Covid-19 et par une dégradation du quotidien des Tunisiens? Le Front Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FFTDES) nous disait, à ce juste propos, début juin 2021, dans un rapport sur les mouvements de protestation et de revendications sociales enregistrés au mois de mars 2021, que « le problème de la paupérisation ne se pose plus uniquement aux groupes sociaux précaires ou aux familles nécessiteuses. Mais la profondeur de la crise inclut les salariés, les retraités et la classe moyenne de la société tunisienne ».
Or, le moral des peuples est on ne peut plus important à l’heure où tout le monde rêve de relance. Les économistes ont pour cela mis en évidence un indice infaillible: l’Indice de confiance. Une valeur dont « l’objectif est d’anticiper les comportements futurs des différents acteurs de la vie économique ». Il s’agit donc d’ « un indicateur chiffré représentant le crédit qu’une personne physique (consommateur et investisseur notamment) ou morale (entreprise) accorde à l’économie dans laquelle elle évolue ».