Pour le président du parti Machrou3 Tounes, Mohsen Marzouk, il n’y a point de salut en dehors d’un changement du système politique et l’amendement du code électoral, à travers un référendum. Une proposition qui n’a pas l’air de plaire à Ennahdha. Et pour cause.
On peut dire que Mohsen Marzouk a de la suite dans les idées. Déjà, le président du parti Machrou3 Tounes déclarait le 24 février 2021 que l’issue à la crise politique en Tunisie ne pouvait se faire sans passer par un référendum.
Hier lundi, l’ex-ministre-conseiller du feu président Béji Caïd Essebsi répétait ad nauseam que l’Etat ayant déserté au milieu d’une crise socio-économique aigüe, d’une situation sanitaire extrêmement grave et d’un système politique fragile, la décision doit impérativement être rendue au peuple. Et ce, afin qu’il se prononce sur le changement du système politique via un référendum.
Rendre la parole au peuple
« Dans les grands moments de l’Histoire, c’est le peuple qui décide. Ce droit lui a été confisqué depuis 2014. Or, l’homme politique ne jouirait de la confiance du citoyen que si ce droit lui était rendu ». C’est ce qu’il affirmait hier lundi sur les ondes de Mosaïque FM.
« Certains avancent que le référendum n’a pas de base légale et qu’il ne correspond pas à l’esprit la constitution de 2014. Mais le texte de cette Constitution a privé le peuple du droit au référendum. Le peuple a le droit de décider du système politique qu’il veut pour son pays ». Ainsi martelait le spécialiste des processus de changement politiques et des transitions démocratiques.
Plaidoirie pour un régime présidentiel
S’appuyant sur un récent sondage qui montre, selon lui, que plus de 80% des personnes interrogées sont en faveur de la tenue d’un référendum pour changer le système politique en Tunisie, l’invité de Midi show estimait que ceux qui rejettent le référendum « trompent l’opinion publique » en prétendant que le système présidentiel est dictatorial. « Au contraire, le système présidentiel est parfois plus démocratique que le régime parlementaire ». Ainsi, arguait Mohsen Marzouk.
Quant aux partis qui rejettent la tenue du référendum, Mohsen Marzouk estime qu’ils doivent proposer une alternative. Pointant du doigt le parti islamiste d’Ennahdha « lequel refuse cette idée, car il ne veut pas accorder au peuple le droit de décider ».
« Certains prétendent qu’il n’est pas opportun pour le moment de recourir au référendum. Entre temps, personne ne propose des solutions concrètes et efficaces. Alors, que faire? Rester les bras croisés à regarder le pays sombrer? »; s’est-il indigné.
Et de marteler: « Le peuple n’a pas choisi ce système qu’il ne comprend pas. En revanche, l’option du référendum redonnera la confiance aux citoyens et évitera au pays de sombrer dans le chaos qu’on lui prédit à l’échelle internationale. »
Le courroux d’Ennahdha
Bien entendu, ces propos ne sont pas du goût du gendre de Ghannouchi, Rafik Abdessalam, le sniper officiel d’Ennahdha. Lequel a dénoncé dans un post publié sur sa page officielle cette proposition qu’il considère « comme une cause perdue ».
« Il faut mettre fin à cette absurdité politique et juridique qui ne fait que gaspiller les efforts de ceux qui cherchent réellement à sauver le pays. La bataille consiste maintenant à lutter contre la pandémie et à préserver la vie des citoyens, au lieu de continuer à débattre sur la Constitution ». Ainsi, affirmait-il dans un post publié sur sa page officielle hier lundi. Ajoutant, en faisant allusion aux propositions du président de la République « que personne ne pourra revenir à la Constitution de 1959 et au régime présidentiel despotique ».
Création d’un Front pour le référendum
Par ailleurs, il convient de souligner que Mohsen Marzouk est revenu, lundi 28 juin 2021, sur la création du Front pour le changement du système politique et l’amendement du code électoral à travers un référendum. Affirmant à l’occasion que le Mouvement du peuple et Beni Watani ont rejoint ce Front, ainsi que des personnalités politiques; à l’instar de Sahbi Ben Fredj, Chaouki Tabib et Saïd Aïdi et le collectif Soumoud.
« La porte est encore ouverte à tous les partis, organisations et personnalités nationales », affirmait Mohsen Marzouk lors d’une conférence de presse tenue lundi 28 juin 2021.