L’opinion a besoin d’un débat où on joue carte sur table. Comme d’un débat plus large que celui sur la pandémie aussi grave soit-elle. Et les déclarations dans un seul sens, sans contradicteur, ou encore les communiqués de presse ne peuvent pas, à eux seuls, toujours faire l’affaire. Encore une affaire de communication.
La Tunisie traverse aujourd’hui– tout le monde en convient- une crise politique, économique, financière, sanitaire et morale. Une crise unique dans son histoire depuis du moins son indépendance. Avec pour conséquence une réelle inquiétude des Tunisiens pour leur avenir et celui de leur progéniture. Une inquiétude à laquelle les dirigeants ne semblent pas vouloir répondre. Leur manque de communication en la matière étant criant.
En effet, les premiers responsables du pays, notamment les tenants de l’exécutif– à Carthage et à La Kasbah- ne se manifestent pas assez pour tenter de dire de quoi il en retourne. Et surtout leurs appréciations et leurs solutions.
Gouverner, c’est parler
Il suffit du reste d’observer ce qui se passe ailleurs, et notamment dans notre environnement direct, pour remarquer que les dirigeants ont pris la peine de s’adresser à leur peuple. Avec une panoplie de moyens: conférence de presse, interview ou adresse directe et discours.
Il s’agit là du reste d’une obligation lorsqu’on gère les affaires de la cité. Gouverner, c’est faire croire, disait Machiavel, un des pères de la politique. Gouverner, c’est parler, disait également François Brune, un écrivain français.
Or, hormis quelques apparitions, nos deux têtes de l’exécutif ne parlent pas directement au peuple. Or, cet exercice est nécessaire. Dans la mesure où toute action politique intègre automatiquement un exercice de communication.
Certes, le chef de l’Etat parle au cours de ces audiences. Le chef du gouvernement au cours de ses déplacements et rencontres. Mais à bien réfléchir, leur communication ressemble beaucoup à un monologue. Comment décrire autrement cette communication où il n’y a pas réellement d’échange?
La dernière interview de Hichem Mechichi date d’octobre 2020
Certes, on pourra dire que le chef du gouvernement passe par une période difficile avec la pandémie de Covid-19. Mais depuis quand n’a-t-il pas donné d’interview, par exemple, à média tunisien? La dernière interview accordée à un média tunisien par Hichem Mechichi date d’octobre 2020.
Certes, on pourrait dire également, qu’il a été interviewé par Le Figaro, début juin 2021. Tout le monde devine cependant que cela ne peut être un argument de taille. On sait d’expérience que les interrogations d’un média étranger sont d’une toute autre nature.
Relevons, à ce niveau, que le Bloc démocratique, a appelé par la voix de son président à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), Noomane El Euch, pas plus tard que le 29 juin 2021, à boycotter le vote des projets du gouvernement. Et ce, en raison « du refus de Hichem Mechichi d’assister aux plénières consacrées au dialogue avec le gouvernement ».
En précisant que « Hichem Mechichi n’a presque assisté à aucune séance de dialogue depuis que son gouvernement a obtenu la confiance du parlement ».
Qu’il s’agisse du chef du gouvernement ou du chef de l’Etat, la rue a de nos jours soif d’informations. Et ses questions nécessitent réponse. Le gouvernement répond du reste par le biais de certains de ses membres ou de ses hauts cadres aux questions des Tunisiens. Comme, notamment par l’intermédiaire du ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, ou des médecins Nissaf Ben Alaya et Hechmi Louzir qui font notamment de leur mieux pour éclairer l’opinion sur la situation sanitaire.
Mais est-ce suffisant? Toute la question est là. Dans la mesure où l’opinion a besoin d’un débat où on joue carte sur table. Comme d’un débat plus large. Et les déclarations dans un seul sens, sans contradicteur, ou encore les communiqués de presse ne peuvent, à eux seuls, toujours faire l’affaire.