L’Agence de notation Fitch Ratings vient de réviser à la baisse la note de défaut à long terme, des émetteurs en devises étrangères (IDR) de la Tunisie. Une révision à la baisse de de « B » à « B-», avec perspective négative.
En effet, l’abaissement de la note « reflète des risques accrus de liquidité budgétaire et externe dans le contexte de nouveaux retards dans l’accord sur un nouveau programme avec le FMI, qui est nécessaire pour accéder à l’appui budgétaire de la plupart des créanciers officiels ». C’est ce qu’affirme Fitch Ratings, dans un communiqué rendu public aujourd’hui.
Elle a souligné, également, que « le paysage politique fragmenté et l’opposition sociale enracinée limitent la capacité du gouvernement à adopter de solides mesures d’assainissement budgétaire. Ce qui complique les efforts visant à sécuriser le programme du FMI ».
Et d’ajouter « En l’absence de réformes solides, les créanciers publics pourraient considérer qu’une restructuration de la dette est nécessaire avant de pouvoir accorder un soutien supplémentaire ».
Bien que Fitch Ratings prévoie la conclusion d’un accord sur un nouveau programme avec le FMI avant la fin de 2021, elle a mis en garde contre « la persistance d’une forte opposition sociale aux réformes fiscales et la fragilité du soutien parlementaire au gouvernement, ce qui signifie qu’un accord pourrait ne pas être trouvé et met en évidence les défis liés au maintien des décaissements prévus ».
En effet, en février, le FMI a estimé que la dette de la Tunisie « deviendrait insoutenable à moins qu’un programme de réforme solide et crédible ne soit adopté avec un large soutien ».
Le pays pourrait nécessiter un traitement du Club de Paris
Dans un scénario de non-réforme, la Tunisie pourrait finalement être considérée comme nécessitant un traitement du Club de Paris. Et ce, avant d’être éligible à un financement supplémentaire du FMI, avec des implications pour les créanciers du secteur privé.
L’accès prévu aux marchés internationaux (2,2% du PIB en 2021) serait compliqué par l’absence d’un programme du FMI
« Deux obligations garanties par le gouvernement américain de 500 millions de dollars chacune arriveront à échéance fin juillet et début août 2021. Une nouvelle garantie américaine pour les émissions internationales est en cours de discussion, mais à notre avis, il est peu probable qu’elle se matérialise avant le quatrième trimestre 2021 et pourrait être liée au succès des négociations avec le FMI ». C’est ce qu’estime l’agence de notation.
Fitch a estimé, par ailleurs, que le déficit du compte courant de la Tunisie se creusera en 2021. Et ce pour atteindre près de 8% du PIB. Et il restera à ce niveau à moyen terme, contre 6,8% en 2020.
« Les envois de fonds des travailleurs tunisiens à l’étranger ont augmenté en 2020 et resteront une source importante de devises. Nous nous attendons à ce que le solde des services soit proche de zéro en 2021. Car la vague actuelle d’infections dissuade le tourisme international pendant la haute saison.
La dette extérieure nette passera à 83% du PIB en 2023
Nous prévoyons que la dette extérieure nette passera à 83% du PIB en 2023. Et ce contre 77% en 2021, propulsée par la reprise des emprunts publics extérieurs ». Ainsi lit-on encore dans le même communiqué.
L’agence de notation prévoit une croissance de l’économie tunisienne de 3,4% en 2021 après une contraction de 8,8% en 2020. Toutefois, elle a estimé que la récente augmentation des infections à Covid-19 et les mesures de confinement associées peuvent entrainer une baisse des prévisions de croissance.
En effet, Fitch avait révisé, en novembre 2020, la perspective de la Tunisie de « stable » à « négative ». Et ce, tout en confirmant la note de défaut émetteur à long terme en devises étrangères à « B ».
Avec TAP