Intervenant sur les ondes de la radio privée Mosaïque FM, la porte-parole du ministère de la Santé, Nissaf Ben Alaya a annoncé « l’effondrement du système de la santé ». Pour elle, tout le monde en est responsable, y compris les citoyens.
Que Nissaf Ben Alaya constate l’effondrement du système sanitaire est une malheureuse annonce. Mais en tenir pour responsables les citoyens est une accusation sans preuve qui mérite une réponse. Voici pourquoi les citoyens ne sont pas responsables de l’effondrement du système de santé tunisien.
Empêcher l’effondrement du système de santé est la stricte mission de l’Etat
Les Tunisiens accablés par la propagation de la pandémie, ne sachant plus à quel saint se vouer, n’assument pas la responsabilité de cet effondrement. Dans toutes les démocraties, l’Etat à la responsabilité de défendre les citoyens et de garantir leurs droits socio-économiques et l’accès à la santé.
En Tunisie, l’article 38 de la Constitution de 2014 stipule que: « L’État garantit la prévention et les soins sanitaires à tout citoyen et fournit les moyens nécessaires pour garantir la sécurité et la qualité des services de santé. » A ce niveau les erreurs ne manquent pas, à l’instar du retard enregistré dans l’adhésion à l’initiative COVAX. Initiative dont l’objectif est d’accélérer la mise au point et la fabrication de vaccins contre la COVID-19 et d’en assurer un accès juste et équitable, à l’échelle mondiale. On citerait, également, les zones d’ombre sur la gestion du Fonds 1818 pour la lutte contre le coronavirus.
En Tunisie, les trois présidences assument entièrement l’ampleur de la catastrophe. Dire que les Tunisiens ne respectent pas les différents protocoles sanitaires, le couvre-feu et l’interdiction de déplacement entre les régions et les rassemblements veut dire une seule chose. C’est que l’Etat a échoué à faire respecter la loi et les différents protocoles sanitaire.
Transgression des protocoles sanitaires par des personnalités publiques et politiques en toute impunité
Le citoyen n’y est pour rien surtout qu’il sait pertinemment que plusieurs parties sont au-dessus de la loi. Il suffit de, pour ne citer que ces exemples, regarder la tenue du congrès exceptionnel non électif de l’UGTT. Et ce, en présence de plus de 500 congressistes, malgré une situation sanitaire catastrophique. Malgré la décision de Justice interdisant la tenue de l’événement.
De son coté, le Président de la République Kaïs Saïed s’est déplacé à Béjà pour présenter les condoléances au secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi, suite au décès de son père. Un déplacement qui intervient dans un contexte marqué par l’interdiction de déplacement entre les régions. En plus, ce déplacement n’est pas dicté par une urgence ou par les intérêts suprêmes de l’Etat.
Troisième et dernier exemple: plusieurs concerts et soirées musicales ont eu lieu en violation de tous les protocoles sanitaire et en toute impunité. Ainsi, force est de constater que l’impunité dont jouit certains alimente le non respect de la loi des autres.
Conflits politiques continuels
Alors que la pandémie aurait du être une raison pour apaiser les différends entre blocs parlementaires; ainsi qu’entre les trois présidences. Notamment entre le président de la République et le Chef du gouvernement. Cependant, la glace ne s’est pas brisée entre les deux chefs de l’exécutif et les violences verbale et physique montent d’un cran au sein de l’ARP.
Pourtant, l’heure est celle de l’union nationale et du rejet, ne serait-ce que provisoire, des conflits politiques. Et ce, pour se pencher sur une situation sanitaire critique. Malheureusement, nos politiciens voient les choses autrement.
Pour toutes ces raisons, les citoyens n’assument aucune responsabilité de cet effondrement. Bien au contraire, ils en subissent les conséquences.