La tenue d’un congrès extraordinaire de l’UGTT ne peut être défendue. Et passe mal. A quel dessein? Ensuite, par cette période où la pandémie ravage le pays. De plus, on est dans un gouvernorat parmi les plus sinistrés.
A bien y réfléchir, on peut se demander quelle mouche a piqué, comme on dit, l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) pour que cette organisation insiste à tenir un congrès extraordinaire les 8 et 9 juillet 2021 dans le gouvernorat de Sousse?
La question mérite d’autant plus d’être posée que cette tenue ne peut que nuire à l’image de cette organisation qui a toujours été un des piliers de la vie nationale et un motif de grande fierté dans son environnement tant national qu’international.
L’objet même du congrès a fait dresser les cheveux sur la tête de plus d’un. Certains ont carrément parlé de « putsch » (sic)! Et ce, pour décrire la tenue d’un congrès qui doit faire sauter la règle de la limitation des mandats des dirigeants de cette organisation.
Pérenniser une présence au pouvoir
Les initiateurs de la levée de ce verrou peuvent invoquer des raisons à leur décision de faire passer cela devant un congrès du reste non électif. Mais ils ne peuvent faire cesser logiquement des commentaires et des critiques quant à une volonté manifeste de s’accrocher à leurs fauteuils.
Il y a là du reste du bon sens à ces critiques. Surtout lorsqu’elles rappellent certaines mœurs politiques dans notre pays. Aussi bien du côté du président Habib Bourguiba que de celui de son successeur, Zine El Abidine Ben Ali, il y a eu des votes pour pérenniser une présence au pouvoir.
Et cela, quelle qu’en soit la bonne foi manifestée, passe mal après la révolution de 2011. Certes, l’exercice du pouvoir, quels qu’en soient l’époque et les motifs, a ses raisons que la raison ignore, comme les circonstances peuvent aider à décider des initiatives de ce genre. Mais allez l’expliquer à ceux qui disent qu’il fallait sans doute laisser cela à un congrès électif et qu’après tout les règles sont faites pour être respectées.
C’est du reste l’avis de nombre de syndicalistes qui refusent de s’inscrire dans la logique défendue par les initiateurs de ce congrès extraordinaire.
Il n’y a pas le feu
On peut s’interroger, dans le même ordre d’idées, sur l’urgence d’une telle manifestation. Y a-t-il le feu? Ne pouvait-on pas ne pas organiser ce congrès extraordinaire? De plus, on est dans cette période marquée par une pandémie qui ravage le pays.
Impossible de faire croire que l’on peut réunir un congrès de près de 600 personnes sans qu’il y ait dégâts. Cela défie toute logique et contredit toutes les précautions d’usage que tout le monde connaît et que tout le monde doit respecter. A commencer par ceux qui président aux destinées de nos institutions.
Raison pour laquelle la justice n’a pas voulu de ce congrès extraordinaire et a décidé de l’interdire. Pourtant, l’UGTT a obtenu une décision du ministère de la Santé. Certes. Mais, peut-on concevoir un instant qu’une décision administrative gomme une décision de justice? Il y a là matière à réflexion. Mais où est l’Etat? L’occasion n’est-elle pas là pour dire qu’il est en déliquescence?
« 566.4 contaminations/100 mille habitants »
Cela peut même sentir le roussi lorsqu’on sait que le gouvernorat de Sousse est réellement sinistré. « Le comité régional de lutte contre les catastrophes naturelles à Sousse a décrété un confinement sanitaire général, d’une semaine renouvelable dans tout le gouvernorat à partir du 04 au 11 juillet 2021 », lit-on dans la presse. Et que « cette décision intervient suite à la découverte du variant indien dans la région, la recrudescence des cas de contamination et la gravité de la situation épidémiologique avec une moyenne de 566.4 contaminations/100 mille habitants ».
Y a-t-il lieu de parler de deux poids deux mesures? L’Economiste Maghrébin a toujours –et cela nous a été quelquefois reproché- essayé de se placer du côté de l’UGTT lorsque cette organisation, qui est répétons-le une fierté nationale, a vu juste. Nous ne pouvons cette fois nous ranger de son côté.