En dépit de l’injonction de la justice, la direction de la place Mohammed Ali a maintenu la date de son congrès non électif à Sousse. Une ville déjà durement touchée par la pandémie. Pour des raisons non avouables?
La coupe de l’ambition enivre la conscience et fait chanceler la droiture. La preuve? Le patron de la centrale syndicale la plus puissante et la plus ancienne d’Afrique et du Monde arabe a préféré braver la décision émise par le Ministère public près le tribunal de première instance de Sousse. Et ce, suite à la détection de six cas de contamination au coronavirus sur les tous premiers arrivés à ce congrès.
De même, la direction de la place Mohammed Ali a maintenu les travaux d’un congrès non électif dans une ville fermée à la circulation et durement frappée par la pandémie. Mettant ainsi en danger la vie de 500 participants au milieu de la plus grave pandémie que la Tunisie ait connue en ces temps modernes. Pour assouvir les ambitions personnelles des uns et des autres?
Des statuts scélérats
Mission accomplie puisque le président du Congrès de l’UGTT, Abdallah Euchi, révélait hier jeudi sur les ondes de Mosaïque FM, que tous les amendements des statuts de l’UGTT ont été validés par le congrès par 497 pour, 17 contre et trois abstentions.
Parmi ces amendements validés par les congressistes figure en premier lieu l’article 20 qui permet à Noureddine Taboubi et aux membres du comité exécutif de la centrale syndicale de briguer un troisième mandat de cinq ans. Ainsi, l’insistance de la direction syndicale de maintenir coute que coute ce congrès « non électif » contre vents et marées s’explique parfaitement.
En effet, ce congrès a fini par valider la modification des statuts de l’UGTT pour que les membres du bureau exécutif puissent être élus plus de deux mandats. Du coup, le SG est assuré de garder son fauteuil au-delà de son mandat initial. Des manœuvres dignes d’un pays de quart-monde.
Pis. L’UGTT n’a pas manqué de publier sur sa page officielle les photos d’une foule compacte de congressistes dans un manque flagrant des règles élémentaires de distanciation. Allez plus tard convaincre le citoyen lambda de se protéger contre la pandémie par les gestes barrières…
Faut-il rappeler que le Parquet du tribunal de première instance de Sousse 2 avait décidé mercredi 07 juillet, l’interdiction des travaux de ce congrès non électif, prévu ces jeudi et vendredi à Sousse. Cette décision de justice se justifie par la détection de six cas de contamination par le coronavirus, parmi un échantillon de 100 congressistes qui sont arrivés à l’hôtel, pour participer à ses travaux. Mais, la centrale syndicale obtenait une nouvelle autorisation du ministère de la Santé pour tenir son congrès. Par quel miracle?
Des arguments peu crédibles
Pour calmer la polémique autour de la tenue de ce congrès, l’UGTT nous rassure, en vain, sur sa page FB que « 35 % des congressistes ont effectué une analyse RT-PCR 48 heures avant leur arrivée, à Sousse où se tient le congrès non électif les 08 et 09 juillet. 600 congressistes sont arrivés à l’hôtel et ont fait le test rapide. Ces analyses ont été effectuées sous le contrôle et la supervision d’une équipe des structures régionales de la santé de Sousse ».
Et de signaler qu’une forte proportion des participants a reçu deux doses du vaccin anti-coronavirus.
Ah bon! « La forte proportion des participants » est âgée de plus de 65 ans pour avoir obtenu la double dose? A moins d’avoir tordu le coup au protocole d’Evax.
Rappelons pour clore ce triste chapitre que l’ancien SG, Houcine Abbassi, un des acteurs majeurs du Dialogue national de 2013, n’avait jamais touché aux statuts de l’UGTT pour se maintenir en poste. La tête haute, le prix Nobel de la Paix est sorti par la grande porte.