Tel un bateau ivre, l’ARP navigue dans des eaux troubles où tout est désormais permis. Y compris la violence verbale et physique et le piétinement des lois de la République par certains élus sans foi ni loi.
Médiocre. L’adjectif revient comme leitmotiv lorsque les Tunisiens évoquent le rendement de nos élus sous l’hémicycle, une institution de la République qu’ils placent au bas de l’échelle ; alors qu’ils semblent s’être réconciliés avec l’institution militaire et même sécuritaire. C’est un fait indiscutable et tous les sondages d’opinion s’accordent à pointer du doigt le rejet voire la répulsion de nos concitoyens envers l’actuelle ARP, le Parlement monocaméral de la Tunisie depuis la promulgation de la Constitution de 2014. Et pour cause.
La preuve ? Hier, jeudi 15 juillet 2021, trois élus devraient être déférés devant la justice pour une sombre affaire de chèques sans provision; une députée est agressée pour la énième fois par ses « collègues » au sein même du palais du Bardo. Et, cerise sur le gâteau, un élu de la Nation se pavane dans les couloirs du Parlement alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’amener émis par le tribunal militaire. Qui dit mieux ?
Chèques sans provision
Ainsi, sans surprise, nous venons d’apprendre que le Ministère public près le Tribunal de première instance de Tunis a décidé de déférer trois députés de l’ARP devant la justice. Et ce, dans le cadre de plusieurs affaires liées à l’émission de chèques sans provision.
Selon une source judiciaire relayée jeudi par la radio Mosaïque-FM, une audience sera fixée pour l’examen de ces affaires après la reprise des services judiciaires. Lesquels étaient suspendus, suite aux mesures exceptionnelles prises par le Conseil supérieur de la magistrature pour empêcher la propagation du coronavirus.
S’oriente-t-on vers la levée de l’immunité de ces députés, une mesure qui mettra fin à l’impunité parlementaire, cheval de Troie de ceux qui se croient au dessus des lois de la République ?
Abir agressée par une élue « cagoulée »
Pis encore. Avant-hier, lors d’une séance plénière consacrée à l’examen du code des eaux, une députée affiliée au parti islamiste d’Ennahdha qui portait une bavette, donc méconnaissable, s’attaqua à la cheffe du PDL, Abir Moussi, pour lui arracher de force son téléphone portable alors qu’elle était en train de filmer le passage du Code des Eaux en plénière.
Toutefois, l’on a bien constaté que la « députée cagoulée » était épaulée par une horde de femmes qui insultaient la présidente du parti destourien, lui intimant l’ordre de « dégager ».
Pour rappel, Abir Moussi avait dénoncé le passage en plénière du Code des Eaux, estimant qu’il « sert uniquement des parties étrangères ». De plus, il s’agit d’une violation des dispositions des mesures exceptionnelles. Lesquelles stipulent qu’en situation de crise sanitaire, l’ARP n’examine que les projets de lois prioritaires. Or, selon elle, le Code des Eaux n’en est pas un.
Rached Khiari sort de sa cachette
Mais le fait marquant de ce jeudi sous le dôme du palais du Bardo est sans conteste la présence du sulfureux député Rached Khiari au Parlement. Une présence confirmée dans une vidéo live qu’il a diffusée sur son compte Facebook.
Bravant un mandat d’amener à son encontre par le Tribunal militaire, il est sorti de son trou pour narguer la justice de son pays. Après avoir, sans preuves, diffamé le président de la République, l’accusant même de haute trahison et d’intelligence avec certaines puissances étrangères.
Qui dit mieux !