Lors de la cellule de crise organisée samedi dernier pour examiner la situation sanitaire liée à la pénurie d’oxygène dans plusieurs régions, le chef du gouvernement Hichem Méchichi a chargé implicitement son ministre de la Santé, Faouzi Mehdi. Pour se disculper tout en préparant le terrain à son limogeage?
Mauvaise gestion, manque de coordination ou incapacité d’anticipation? La situation semble paradoxale; alors que l’aide internationale en vaccins et en équipements médicaux afflue par ponts aériens à un rythme effréné. Les propos de M. Méchichi interrogent.
Alors que la Tunisie possède une entreprise cotée en bourse qui fabrique de l’oxygène, Air Liquide; en plus d’un autre producteur local d’oxygène, Lind Gaz.
Alors que nous avons du mal à constituer des réserves stratégiques en oxygène, certains de nos hôpitaux lancent de nuit des appels de détresse pour venir à l’aide aux patients atteints de ce maudit mal et qui suffoquent faute d’un bol d’air frais. A qui la faute et qui en est responsable de l’anarchique gestion de ce flux d’aide nationale et internationale?
C’est pour trouver une réponse à cette chienlit dans la gestion de la crise sanitaire que le chef du gouvernement, Hichem Méchichi, est arrivé dans la soirée du samedi 17 juillet, en tenue décontractée, pour présider la réunion urgente de la cellule de crise au siège du ministère de la Santé. Laquelle devait examiner la situation sanitaire liée à la pénurie d’oxygène dans plusieurs régions.
Une charge sabre au clair
Lors de cette réunion, le locataire du palais de la Kasbah a souligné que contrairement aux informations qui circulent « aucune rupture d’alimentation en oxygène n’a été enregistrée dans aucun établissement hospitalier de la République ». Dénonçant au passage « les informations contradictoires » et « un problème de communication » sans omettre d’appeler le ministère « à mettre à jour ses données et à donner des informations précises aux citoyens ».
« Est-ce qu’on a été incapables de prévoir la rupture de la chaine d’approvisionnement d’oxygène? A-t-on réagi avec la célérité nécessaire? Le retard de l’arrivée des vaccins et la pénurie au niveau du marché international est compréhensible, mais il s’agit là de ressources vitales pour les êtres humains », s’est étranglé le chef du gouvernement. Mais, n’était-il pas au parfum? Difficile à croire qu’il n’était pas au courant de la pénurie d’oxygène alors que plusieurs hôpitaux criaient leur détresse.
« Il faut bouger vite Monsieur le Premier ministre pour sauver 14 vies humaines (14 patients dont sept intubés et sept sous CPAP) avec une citerne d’oxygène qui sera vide après 5 heures ». Ainsi, suppliait hier dimanche le chef du service de réanimation de l’hôpital de Kairouan. En soulignant que la citerne possède une réserve ne dépassant pas les 10%.
Quand on veut noyer son chien
Or, il est de notoriété publique que les relations entre les deux hommes ne sont pas bonnes, voire très tendues. Mais, de là à accuser son ministre de la Santé, un militaire par-dessus le marché, d’avoir des « données périmées » et de ne pas donner des « informations précises » aux citoyens, il y a une ligne jaune que le chef du gouvernement a allégrement franchie.
Faut-il déduire que cette attaque frontale menée par le chef du gouvernement vise à faire porter le chapeau au Dr. Faouzi Mehdi afin de le remplacer par le dirigeant nahdhaoui et ancien ministre de la Santé Abdellatif Mekki?
Une manœuvre louche de Méchichi
C’est plausible, d’autant plus que le parti islamiste cherche à l’imposer à Bab Saâdoun comme le sauveur de la Nation qui arrive sur son cheval blanc. Le timing imaginé par Montplaisir est parfait: d’autant plus que la Tunisie a déjà touché le fond, que les vaccins affluent de partout et que la crise sera bientôt derrière nous. Mais la ficelle semble très grosse.