Selon une enquête menée par un consortium de dix-sept médias internationaux, Pegasus, un logiciel informatique conçu par une société israélienne permet à un régime totalitaire de cibler ses propres citoyens. Une information qui fait froid dans le dos
C’est probablement l’affaire de cyber espionnage la plus retentissante depuis l’affaire Snowden. Où, dans le contexte de l’après 11 Septembre, la National Security Agency, un organisme gouvernemental responsable du renseignement d’origine électromagnétique et de la sécurité des systèmes d’information du gouvernement américain, avait mis en place un système mondialisé de surveillance de données.
Un logiciel espion
Selon une enquête publiée dimanche 18 juillet en cours par un consortium de dix-sept médias internationaux, dont le prestigieux quotidien français Le Monde, avec ce logiciel mis au point par une firme israélienne, des gouvernements arrivent à cibler leurs propres concitoyens. Et ce, qu’ils soient avocats, journalistes, syndicalistes, simples militants ou des hommes politiques. Y compris des ministres et 13 chefs d’Etat ou de gouvernement.
De quoi s’agit-il au juste? D’un logiciel espion nommé Pegasus, commercialisé auprès d’États ou d’agences gouvernementales. Et ce, avec l’aval du gouvernement israélien, par une société baptisée NSO, qui emploie 750 salariés dans la banlieue de Tel Aviv.
Pénétrant dans les smartphones qui se transforment en espions, le logiciel israélien a aussitôt accès à tout : contacts, photos, mots de passe et emails. Pire, il peut suivre les conversations et géolocaliser l’appareil.
Un vrai cauchemar pour l’utilisateur de ces appareils. A titre d’exemple, au Mexique, 15 000 numéros de téléphone ont été sélectionnés comme autant des cibles potentielles pour une attaque du logiciel espion. Parmi eux, celui de Cecilio Pineda, un journaliste assassiné en mars 2017, quelques semaines après que son numéro soit apparu dans le listing.
Froid dans le dos
En Inde, 30 journalistes, dont cinq d’investigation, dix chargés de l’information internationale et huit spécialistes politiques, ont été sélectionnés parmi les cibles du logiciel espion. Sachant que certains d’entre eux avaient enquêté sur le contrat controversé des 36 avions Rafale vendus en 2016 par la France au gouvernement indien.
Même scénario En Arabie saoudite. Le quotidien Haaretz avait déjà révélé que Ryad avait acheté le logiciel Pegasus en 2017, juste avant que Mohamed Ben Salman n’entame une purge parmi près de 500 de ses opposants. Dont l’entourage et la famille du journaliste Jamal Khashoggi, assassiné au consulat saoudien d’Istanbul le 2 octobre 2018..
Au final, une application mise au point par Israël, un Etat paria qui se dit démocratique, au service de régimes totalitaires. Gravissime et infâme.