Un Conseil Supérieur de la Jeunesse en Tunisie entend organiser en cette journée commémorant un des plus importants évènements de l’histoire de notre pays une action protestataire avec pour leitmotiv « Sortez, récupérez votre patrie ».
Sans prendre fait et cause pour n’importe qui ou contre n’importe qui, il faut reconnaître que le moment est mal choisi et que la voie recommandée n’est pas la bonne. Le peuple tunisien a, pour ainsi dire, déjà donné côté soulèvement. L’heure est plutôt au dialogue et à la recherche de solutions aux maux qui rongent le pays.
Quelle image offre la Tunisie en ce 64ème anniversaire de l’abolition de la monarchie husseinite. Celle-ci a régné pendant deux cent cinquante ans sur la Tunisie (1705-1957) ?
Réponse : l’image d’un pays divisé. Un Conseil Supérieur de la Jeunesse en Tunisie entend organiser en cette journée commémorant un des plus importants évènements de l’histoire de notre pays une action protestataire avec pour leitmotiv « Sortez, récupérez votre patrie ».
Un Conseil qui a appelé, dans un communiqué diffusé, le 17 juillet 2021, à l’« arrestation de la classe politique ayant exercé le pouvoir pendant ces 10 ans » et au « gel de leurs avoirs et comptes en Tunisie avec garantie de jugement équitable à leur encontre ».
Serions-nous avec cet appel à l’aube d’une révolution bis ? Quoi qu’il en soit le pays est encore en ébullition. Et tout le monde est en droit de croiser les doigts afin que cela ne dégénère pas. La Tunisie ne traverse-telle pas déjà une des crises les plus graves de son parcours historique ? Une crise à la fois politique, économique, sociale et sanitaire. Le coronavirus et son variant Delta ne font du reste que nous rendre la vie dure ! Une hécatombe.
Refiler la patate chaude à l’adversaire du moment
Les événements de ces derniers jours, avec la énième brouille entre les deux têtes de l’exécutif au sujet des « Journées portes ouvertes » de la vaccination, n’est en fait qu’un épisode de plus de ces crises qui peuvent se résumer en deux mots : crise de confiance.
Essentielle dans la vie des nations, la confiance n’est plus au rendez-vous depuis des années. Avec des politiques qui nous disent les choses et leurs contraires tentant même de nous faire avaler des couleuvres. Nous prenant pour carrément des idiots !
Avec l’art de refiler la patate chaude à l’adversaire du moment. C’est lui et pas moi. Même si les textes qui définissent les prérogatives de tout un chacun sont bien là pour prouver le contraire et que les arguments des uns et des autres dépassent tout entendement. Nos politiques ne sont-ils, à ce propos, adeptes du « Plus le mensonge est gros, mieux il passe » ? Certains diront qu’ « heureusement le ridule ne tue pas » !
Et les manifestations de cette crise de confiance se vérifient partout. Elles expliquent les insubordinations qui frisent quelquefois la désobéissance civile. On l’a vu avec la grogne de certains professionnels face aux décisions du gouvernement concernant la lutte contre la pandémie, les déplacements en masse entre les régions pendant la fête de l’Aïd Al Idha et les « rahba » sauvages organisées malgré tout pour la vente des moutons.
Elles expliquent aussi les agressions à l’endroit du personnel médical et le saccage fréquent de services médicaux observés ici et là. Impunité et irresponsabilité sont-elles devenues les signes distinctifs d’une partie de nous-même qui a depuis pratiquement 2011 changé le visage du pays ?
Un soulèvement qui est bel et bien un luxe
Cela risque-t-il de dégénérer davantage ? Tout est possible à partir du moment où les politiques sont divisés et parlent même de complots ourdis. A partir du moment aussi où des Tunisiens ne craignent plus même les représentants de l’Etat !
Dans le passé, des sociétés proches et lointaines se sont prêtées à des exercices semblables. Et cela, sans s’ériger en donneur de leçons, ne s’est pas bien terminé. C’est la fin d’un bâtit civilisé que des millions d’entre nous ont construit pendant des années et que nous risquons de détruire à jamais.
On dirait que certains d’entre nous du moins ne se soucient pas de leurs faits et gestes. En oubliant que les détenteurs du pouvoir ont une image à soigner et des règles de conduites à adopter.
Revenons à l’appel de ce Conseil Supérieur de la Jeunesse en Tunisie pour dire que ses recommandations appellent tout bonnement à un soulèvement. Un soulèvement qui est bel et bien un luxe que la Tunisie ne pourrait se permettre.
Sans prendre fait et cause pour n’importe qui ou contre n’importe qui, il faut reconnaître que le moment est mal choisi et que la voie recommandée n’est pas la bonne. Le peuple tunisien a, pour ainsi dire, déjà donné côté soulèvement. L’heure est plutôt au dialogue et à la recherche de solutions aux maux qui rongent le pays.
Seuls moyens de sauver le soldat Tunisie.