Lors de l’audience qu’il a accordée hier mercredi 28 juillet 2021 au président de l’Utica, Samir Majoul, le président de la République a annoncé une proposition de loi relative. Elle est relative à la réconciliation pénale avec les hommes d’affaires reconnus coupables « d’avoir spolié l’argent du peuple ». Et ce, en contrepartie de leur engagement à financer des projets sociaux dans les régions démunies.
Les Tunisiens vivent désormais au rythme du tempo présidentiel. Alors qu’on s’attendait à ce que le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, se prononce sur le choix d’un nouveau Premier ministre, priorité des priorités, il a choisi de se pencher sur le volet économique. En recevant, mercredi 28 juillet 2021 au palais de Carthage, le président de l’Utica, Samir Majoul, dont il a souligné le patriotisme et le sens du devoir. Le Président évoqua pêle-mêle la nécessité de baisser les prix en contrôlant les chaines de distribution d’approvisionnement des denrées de première nécessité et l’acheminement « mafieux » du phosphate. Mais surtout, et c’est le point d’orgue du discours présidentiel, il a renouvelé son initiative de proposer une amnistie pénale aux hommes d’affaires.
En effet, ces derniers ont été évoqués dans la liste établie par la Commission d’investigation sur les faits de corruption et de malversation commis pendant la période Ben Ali et présidée par feu Abdellafatteh Amor.
Alléger le coût du panier de la ménagère
Dans un premier temps, le Président a fustigé les spéculateurs des produits alimentaires, les grossistes, distributeurs et commerçants. En les invitant à faire preuve de patriotisme en réduisant leurs marges et en baissant les prix. Et ce, afin d’assurer le bon approvisionnement des produits alimentaires et agricoles sur le marché à des prix raisonnables. Permettant ainsi d’alléger le coût du panier de la ménagère.
« Il faut tenir compte de la misère des citoyens et ne pas privilégier le gain exorbitant au détriment des pauvres gens », s’écria le Président. Avant d’ajouter sur la base d’un hadith du Prophète que « le vrai musulman ne dort pas quand son voisin a le ventre vide ».
La mafia du phosphate pointée du doigt
Evoquant ensuite le sujet épineux du phosphate, le président de la République a haussé le ton contre la « mafia » qui contrôle honteusement le secteur. « Elle facture le transport du phosphate à 25 dinars alors que par train cela ne dépasse pas environ les sept dinars! De plus, elle paie des gens pour bloquer le train en mettant des obstacles sur les rails! Est-il normal que la Tunisie qui était le deuxième exportateur mondial de phosphate devienne importatrice? Ainsi, s’indignait Kaïs Saïed, en fustigeant les députés qui se drapent derrière leur immunité parlementaire pour saboter le transport de cette matière stratégique, pour se remplir les poches.
Troc
Evoquant enfin la liste des hommes d’affaires établie par la Commission d’Abdellafatteh Amor, Kaïs Saïed répétait à plusieurs reprises qu’il n’a rien contre les hommes d’affaires patriotes; notamment ceux qui paient leurs impôts. Alors que d’autres échappent au fisc et à la CNSS et font des affaires louches, « ajoutant de la misère à la pauvreté de nos citoyens ».
Pour cette catégorie d’hommes d’affaires, le président de la République a annoncé une proposition de loi relative à la réconciliation pénale. Elle permettrait à ceux reconnus coupables « d’avoir spolié l’argent du peuple » de régulariser leur situation. En contrepartie du financement des projets sociaux et d’infrastructures. A l’instar de la construction d’hôpitaux, de dispensaires, d’écoles, de routes et de pistes dans les délégations prioritaires.
De plus, les hommes d’affaires concernés devront assurer la maintenance de ces projets pendant dix ans.
Le président de la République a également informé son hôte que le nombre des hommes d’affaires concernés s’élève à 460. Et que les montants dus sont de l’ordre de 13,5 milliards de dinars. Toutefois, il ne va pas donner leurs noms, par respect de la dignité humaine, car il est hostile à ce genre de vindictes.