Le mouvement d’Ennahdha qui vient de signer un contrat de lobbying avec une agence américaine pour jouer le rôle de la victime menacée par une dictature rampante, ne comprend-il pas que cette attitude menace plutôt les intérêts supérieurs de la mère patrie? Qu’en est-il du patriotisme?
« On les attendait de devant, ils sont venus par derrière ». Ainsi s’exprimait l’ancien Premier ministre Ali Laârayedh, connu pour ses contrepèteries, à propos des assaillants de l’ambassade des Etats-Unis, en septembre 2013. Sauf que, cette fois-ci, l’information est tombée de la part du pays de l’Oncle Sam. Un coup tordu concocté par les Américains afin d’enfoncer davantage les adeptes de l’islam politique en Tunisie? Une nouvelle idée du patriotisme?
Un douteux timing
Pour preuve. Le site du département américain de la justice a rendu public, le 3 août 2021, un nouveau contrat de lobbying de 30 000 dollars. Lequel a été conclu par le parti Ennahdha avec l’agence de communication et de relations publiques « Burson Cohn and Wolf», à la date du 29 juillet 2021, à Washington. Et ce, dans le but d’assurer la propagande politique au parti Ennahdha.
Pour rappel, ce contrat signé pour une période de deux mois a été conclu seulement quelques jours après les mesures exceptionnelles prises par le président de la République, en date du 25 Juillet 2021.
Il est destiné d’évidence à exercer une pression de lobbying sur l’opinion publique américaine, ainsi que sur Washington. Et ce, pour diffuser l’image d’un parti démocratique, en l’occurrence Ennahdha, menacée par un coup d’Etat perpétré par le méchant loup de Carthage.
Financement illicite
A noter à ce propos que ce contrat n’est pas le premier. Puisqu’il s’ajoutera au dossier de l’enquête lancée récemment par le pôle judiciaire économique et financier à l’encontre d’Ennahdha, Qalb Tounes et l’association 3ich Tounsi. A propos de soupçons de financement illicite de la campagne électorale de 2019.
D’autant plus que le paiement de ce type de contrat doit impérativement être validé par la Banque centrale de Tunisie. Ce qui n’a pas été fait et ce qui représente à l’évidence une infraction à la législation des changes.
A noter également que le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis 1, Mohsen Dali, indiquait que le Ministère public est en train de collecter les données sur le contrat de lobbying conclu entre le mouvement Ennahdha et l’Agence internationale de communication et de relations publiques. Et ce, « soit par l’ouverture d’une nouvelle enquête ou par la jonction de cette affaire avec celle en cours sur les contrats de lobbying conclus avant les élections législatives de 2019 ».
Ennahdha dans le déni
Pour sa part, Ennahdha précisait vendredi dernier via un communiqué « qu’il n’a signé aucun contrat avec une agence à l’étranger soit par la voie de son représentant légal ou par le biais de ses institutions ou ses dirigeants ». Le parti ajoutait qu’il n’a effectué aucun virement vers l’étranger ni reçu des fonds de l’étranger.
« Ennahdha est soumis aux lois tunisiennes et ses comptes ainsi que ses contrats sont contrôlés par la Cour des comptes ». Ainsi assure la même source, en ajoutant que le mouvement « assume seulement la responsabilité des décisions et des engagements de ses leaders et de ses structures ».
Elémentaire mon cher Watson, Ennahdha ne peut pas prendre le risque de signer un tel contrat à visage découvert. Son « patriotisme » en prendrait un coup. En effet, Montplaisir essaye de nous faire croire que la partie signataire du contrat, dénommée « Ennahdha Party Diaspora Group », a pris cette décision indépendamment des structures officielles. Et qu’il s’agit d’initiative indépendante prise par un groupe de sympathisants se trouvant à l’étranger.
Suprême sacrilège
Faut-il rappeler que parmi ce « groupe de sympathisants », figure le sulfureux militant islamiste de longue date, Radwan Masmoudi. Lequel se présente pompeusement comme le président du Centre pour l’étude de l’islam et de la démocratie?
Ce sinistre personnage qui se prétend bien introduit dans les cercles d’influence à Washington a soulevé un tollé suite à l’un de ses tweets autour des aides américaines prévues pour la Tunisie dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Car, suprême sacrilège, il tentait de justifier une éventuelle suspension des aides américaines à son propre pays ».
« Si les experts juridiques concluent qu’il y a eu un coup d’Etat, ce qui est manifestement le cas, ils seront obligés de suspendre tout type d’assistance et de soutien. C’est la loi et je crois qu’ils sont sur le point d’annoncer que c’était effectivement un coup d’Etat contre la démocratie et les institutions démocratiques ! », avait twitté ce méprisable personnage. Encore une preuve de son patriotisme…
Ces gens sans foi ni loi appartiennent-ils à cette bonne terre de Tunisie? Il est permis d’en douter.