La Tunisie, plongée dans une crise sanitaire difficile, a bénéficié d’une aide substantielle de la part des quatre autres pays du Maghreb. Une solidarité qui s’est de nouveau manifestée le lendemain des décisions du président Kaïs Saïed. Notamment avec le gel des activités du Parlement pendant trente jours, la levée de l’immunité parlementaire et le limogeage du chef du gouvernement Hichem Mechichi.
À quelque chose malheur est bon. Nul doute que plus d’un Tunisien s’est souvenu de ce proverbe en observant la rapidité avec laquelle les autres pays de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) ont accouru pour apporter leur secours, alors que la Tunisie était dévastée par la pandémie.
En effet, Algérie, Maroc, Libye et Mauritanie, aucun pays de la région n’a manqué à l’appel pour apporter une assistance qui a soulagé la Tunisie. Doses de vaccins, médicaments, matériel médical, oxygène, hôpital de campagne. Les aides ont fusé de partout. Pourtant- et personne ne l’ignore- l’Algérie, le Maroc, la Libye et la Mauritanie sont eux-mêmes exposés aux ravages de la pandémie, qui n’épargne personne. Eux-mêmes ont, sans doute, besoin d’aide et d’assistance.
« Quarante Marocains et sept Européens tués »
Un épisode que les Tunisiens ne peuvent oublier, tant il coïncide avec un moment des plus difficiles de leur histoire. Un épisode à rapprocher d’autres, plus anciens, qui ont rapport avec d’autres faits et gestes. Comme lorsque, par exemple, les 7 et 8 décembre 1952, un soulèvement survient à Casablanca (la capitale économique du Maroc). Et ce, au lendemain de l’annonce de l’assassinat (le 5 décembre 1952) du secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Farhat Hached.
Un soulèvement raconté par l’historien Charles-André Julien, qui parle de « quarante Marocains et sept Européens tués ». L’historien ajoute: « une centaine, voire trois à quatre cents personnes tuées selon d’autres bilans. Le parti de l’Istiqlal évoquait à l’époque une liste de 269 noms de personnes disparues et une seconde de 400 personnes ». Il précise que « la lutte armée est alors déclenchée, au Maroc, après l’annonce, quelque temps après ces émeutes, de l’interdiction du parti de l’Istiqlal. Les Tunisiens connaissent aussi les événements de Sakiet Sidi Youssef du 8 février 1958. L’armée française avait alors bombardé, dans le cadre de sa guerre en Algérie, ce petit village du nord-ouest tunisien. En « causant la mort de plus de 70 personnes, dont une douzaine d’élèves d’une école primaire, et 148 blessés parmi la population civile ». Ce soutien des pays du Maghreb à notre pays s’est de nouveau manifesté ces derniers jours. Avec les visites des ministres des Affaires étrangères d’Algérie et du Maroc, Ramtane Lamamra et Nasser Bourita.
Une détermination à continuer sur la voie tracée
Intervenant le lendemain des décisions du président Kaïs Saïed, notamment avec le gel des activités du Parlement pendant trente jours, la levée de l’immunité parlementaire et le limogeage du chef du gouvernement Hichem Mechichi, ces visites ne pouvaient qu’être en rapport avec cet événement.
Les deux responsables étaient porteurs l’un et l’autre d’un message, pour l’Algérie, du président Abdelmajid Tebboune, et du roi Mohammed VI, pour le Maroc. Ce qui en dit long sur l’aspect bien particulier de ces visites, qui sonnent comme un soutien au peuple tunisien, afin qu’il réussisse à bien négocier un cap délicat.
La lecture des communiqués publiés à l’occasion a permis de relever qu’il a été question de deux aspects. A savoir: les rapports des pays ne peuvent être analysés que sous l’angle des liens de respect et d’appréciation entre ces pays et la Tunisie; et une détermination à continuer sur la voie tracée depuis des années : celle de coopération.
Des visites auxquelles il faut ajouter celle d’Abdallah Al Lafi, vice-vice-président du Conseil présidentiel libyen, venu à son tour apporter « le soutien absolu du Conseil aux décisions » du président Saïed. Tout le monde aura compris que l’heure est au Maghreb de la solidarité. Et tant mieux.