De Tuscania en Italie à Sète en France, Marianne Catzaras, connue pour ses images et poèmes, continue sa recherche artistique sous les visages que nous lui connaissons. D’ailleurs, rien de surprenant, pour la photographe et poète.
En cet été, après cette année de pandémie, Marianne nous raconte ici son désordre intérieur. Mais aussi les fluctuations tourmentées du monde qui l’entourent et l’espérance d’une rive meilleure pour accoster.
Après son exposition au Violon bleu à Sidi Bou Saïd où les visages des statues rencontraient l’histoire et la mémoire des hommes.
Voilà que Marianne Catzaras nous déclare comment l’initiative est née. « C’est le festival Corto en Italie qui m’invite à montrer un pays. Grâce au travail continu de l’Ambassadeur de Tunisie à Rome, Moez Sinaoui qui fut l’intermédiaire. Celui-ci ne cessant de donner de la visibilité aux artistes de son pays », précise-t-elle.
Son pays, la photographe en a plusieurs
A Tuscania, en pays étrusque, entre la poussière des nécropoles et les sarcophages des musées aux visages d’ange ou de démon. Marianne Catzaras sème de l’ombre dans la lumière avec ces visages d’époques et de pays divers. Tel est le travail de tout artiste qui veut lever le voile, transfigurer le réel afin de lui donner une forme, un visage à l’exil.
« Mettre en évidence la particularité et l’universalité de l’histoire des hommes. L’ombre qui nous traverse, titre de l’exposition en dialogue constant avec les Courts métrages du festival Corto, né du cercle culturel des jeunes personnes de Pise, des amoureux du cinéma, avocats, juristes, architecte… Il en va de même pour Maria Elena Bianchi présidente et son bras droit Francesco Moncerri tous les deux sont passionnés du 7ème art », nous déclare-t-elle.
D’ailleurs, en une dizaine d’images dans la rue principale de Tuscania, l’inquiétude et la perplexité se lisent dans chaque paysage. Le passé raconte le présent.
Des noirs et blancs extrêmes comme d’habitude dans le travail de Marianne Catzaras, des visages aux yeux béants, comme si le pays aux abois se cherchait.
Avant d’ajouter: « Une Tunisie aux identités mélangées et confuses, un pays aux querelles politiques où chaque conflit affole la rue. » En outre, Marianne Catzaras ne photographie pas les hommes, mais la pierre, le bronze, le marbre. Comme si les éléments avaient emmagasiné tous les cris, toutes les batailles, mais aussi la pérennité de l’humanité. Dans la ville étrusque l’exposition fut très bien accueillie.
Inauguree par le maire Fabio Bartolacci et la chargée à la Culture Stefania Nicolosi, cette exposition suit la publication d’un recueil de poésies
Le titre évocateur « J’ai fermé mes maisons » est le livre de Marianne Catzaras aux éditions Bruno Doucey. Il exprime aussi les lieux ouverts et fermés. Notamment des pays méditerranéens comme la Grèce, la Tunisie. Mais aussi cette rive commune de la douleur, de la solitude de l’abandon de la maison désertée, de la perte, des souvenirs que le poète va chercher dans chaque mot.
Aller à la recherche non pas des lieux mais du lieu
En quatrième de couverture l’éditeur raconte « la polyphonie des langues, des valises vides. Marianne n’a pas besoin de nommer l’absence pour faire chanter l’absence ».
Et puis cette magnifique préface de Murielle Szac, auteur et poète, en forme de lettre qui ouvre le recueil. « Es-tu sur ton île, je veux dire es-tu à Djerba? Ou bien es-tu de passage à Kastellorizo? A moins que tu ne sois à Tunis à Sfax ou à Athènes… »
Il s’agit d’un beau recueil de poésies que l’artiste a présenté aux Voix vives de la Méditerranée, festival de poésies à Sète, dans la ville de Paul Valery et de Brassens.
La rentrée littéraire et culturelle tunisienne l’attend avec impatience. Le livre sera disponible en Tunisie à la rentrée. Décidément de la photographie au texte, l’artiste nous fait découvrir son univers.