Youssef Chahed, l’ancien chef du gouvernement et président de Tahya Tounes, affiche un soutien appuyé au président de la République. Et ce, lors d’une longue interview accordée hier jeudi à une radio locale. En précisant qu’il « a toute sa confiance ». Un appel du pied vers Carthage ou une manière d’assurer ses arrières?
Et si Youssef Chahed était l’oiseau rare que le président de la République, Kaïs Saied, s’apprête à tirer de son chapeau; avant la date buttoir du 25 août 2021?
Et si le président de Tahya Tounes et ancien chef du gouvernement était désigné en tant que Premier ministre-coordinateur de l’action gouvernementale. Et ce, en raison de son expérience durant les années passées à la Kasbah (27 août 2016 – 27 février 2020). Pourtant de l’avis général, le bilan était pour le moins désastreux. A moins qu’il s’agisse d’une certaine proximité entre les deux hommes. D’ailleurs on murmure dans les couloirs du palais de Carthage que Youssef Chahed a l’oreille du Président.
Un discret appel du pied?
Une éventualité que l’intéressé a vivement écartée lors d’une interview qu’il a accordée, hier jeudi 19 août 2021, à la journaliste Zina Zidi sur les ondes de Shems FM. « Je ne suis pas concerné par le poste de Chef de gouvernement. Je n’en a pas envie et n’y travaille pas. Même si je ne fais pas beaucoup de déclarations à ce sujet; j’essaie d’aider mon pays depuis mon poste de président de parti », affirmait-il, catégorique. Mais, d’évidence, il ne fermerait pas la porte à un autre poste digne de son statut d’ancien chef du gouvernement. Un appel du pied discret au Président?
Chahed : « Une action salutaire »
Mais quel regard porte Youssef Chahed sur l’action du 25 juillet 2021?
L’ancien chef du gouvernement sous l’égide du feu Béji Caïd Essebsi, n’a pas tari d’éloges sur le « courage » du président de la République. Celui-ci ayant pris des mesures exceptionnelles, dans un contexte politique, social et économique explosif. « Le 25 juillet représente un nouveau départ et un second souffle pour la démocratie tunisienne », s’est-il exclamé. Mais « le retour de la confiance entre le peuple et les institutions de l’Etat doit se faire dans le cadre de la liberté et de la démocratie », avertit-il.
« Les mesures prises par le président de la République le 25 juillet étaient salutaires car elles étaient destinées à mettre fin à la chienlit et au chaos. Il s’agit en vérité d’un électrochoc qui a permis aux Tunisiens de reprendre confiance et d’espérer un avenir meilleurs ».
« Le Président a restauré la confiance avec le peuple »
Et de rappeler ouin konna: « Avons-nous oublié les actes de violence et le blocage dans l’hémisphère du palais de Bardo ? Le gouvernement qui fonctionnait avec six ministres par intérim ou les 20.000 morts victimes de la propagation du Coronavirus et de la terrible pénurie d’oxygène ? » Par son action, « le chef de l’Etat a sifflé la fin de recréation et restauré la confiance avec le peuple. Nous devons aller de l’avant sur la base de ce capital confiance ».
Toujours sur la même longueur d’onde que le Président, M. Chahed considère que le locataire du palais de Carthage n’a point besoin du soutien d’une ceinture politique. Puisqu’il dispose du « soutien populaire tel qu’indiqué par les derniers sondages, qui à lui seul suffit !».
Par ailleurs, l’expression « feuille de route a perdu toute sa valeur », pense Youssef Chahed. Car, il n’est plus question d’un retour à la situation politique précédente. « J’avais, à maintes reprises mis en garde contre la détérioration de la scène politique. A l’époque, j’avais appelé à la tenue d’élections anticipées et proposé une révision de la loi électorale. Afin d’obliger les candidats à fournir un bulletin n°3, un quitus fiscal et autres documents. Mais, on m’avait accusé de chercher à exclure les gens ».
Des dossiers économiques brûlants
Revenant sur les qualités requises pour le prochain Premier ministre, le président de Tahya Tounes présume qu’il doit disposer d’une certaine « sensibilité économique, sans nécessairement être un économiste. Vu que le premier dossier à traiter est celui du FMI », a-t-il préconisé. Ajoutant que « la stabilité économique est étroitement liée à la stabilité politique ».
Reste la question de savoir si l’appui « total » affiché par l’ancien chef du gouvernement à Kaïs Saïed, en qui « il a une entière confiance », n’est pas une manière de protéger ses arrières? D’autant plus que certains anciens conseillers dans les gouvernements de Youssef Chahed ont été assignés à résidence, mercredi 18 août 2021, suite à une décision administrative et non judiciaire.