L’homme d’affaires Slim Riahi actuellement détenu par la police grecque sera-t-il extradé vers son pays d’origine? Rien n’est moins sûr. Car en invoquant son statut d’homme politique « persécuté » par le pouvoir, il pourrait passer entre les mailles des filets de la justice grecque.
Qu’en est-t-il réellement de la détention de Slim Riahi en Grèce? Sera-t-il extradé vers la Tunisie? Ou réussira-t-il à échapper à la justice tunisienne, en obtenant le statut de réfugié politique? Rappel des faits d’une étrange affaire.
Lundi 23 août 2021, le fondateur et ancien président du parti dissout, l’Union patriotique libre (UPL), démentait catégoriquement démenti, sur son compte officiel FB, son arrestation par la police grecque. « Je ne suis ni un corrompu, ni un criminel », de défendait-il sur sa page. Sans toutefois présenter des preuves tangibles qu’il s’agit bien d’une fake news.
Dans la soirée du même jour, Walid Hajjem, le conseiller du président de la République confirmait l’arrestation de Slim Riahi par la police grecque. Et ce, lors de son intervention au JT de la Watania. Ajoutant que le président de la République, Kaïs Saïed a donné ses directives. Et ce, pour que la personne en question soit rapatriée des îles grecques.
D’ailleurs, Othman Jerandi, ministre des Affaires étrangères, indiquait dès le 14 août avoir eu un entretien téléphonique avec son homologue grec Nikos Dendias, au sujet du dossier du milliardaire.
Démêlés avec la justice, la liste est longue
A savoir que l’ancien président du Club Africain n’a jamais été en odeur de sainteté avec la justice tunisienne.
Déjà, le 28 juin 2017, un juge d’instruction au sein du pôle judiciaire, économique et financier décide le gel de ses avoirs basé sur des soupçons de corruption et de blanchiment d’argent. Riahi indique pour sa part être victime d’un chantage. Et il estime que la campagne anticorruption du gouvernement est « une opération sélective ».
Par la suite, M. Riahi est condamné en octobre 2017 à cinq ans de prison par le Tribunal de première instance de Tunis. Cette fois, dans le cadre d’une affaire de chèques sans provision pour laquelle il écope de 25 ans de prison dans un premier temps, peine réduite par la suite. Après s’être présenté au Tribunal de première instance de Tunis avec des preuves du remboursement des dettes et des sommes qu’il doit, le tribunal annulait toutes les poursuites engagées contre lui.
Et ce n’est pas tout. Puisque le 6 février 2019, le Tribunal de première instance de Tunis le condamne à cinq ans de prison ferme. Le tout assorti d’une amende de 180 000 dinars pour chèque sans provision. Le 17 avril, la Cour d’appel de Tunis émet un mandat de dépôt à son encontre pour des soupçons de blanchiment d’argent. En outre, la Chambre criminelle du pôle judiciaire et financier le condamne le 12 décembre à onze ans de prison par contumace; alors que Riahi se trouve en Europe.
Riahi harcelé par la justice? La bonne blague
L’homme d’affaires sera-t-il extradé à la lumière de ces condamnations fermes pour des affaires aussi graves? Rien n’est moins sûr puisqu’il appartient à la justice grecque de trancher. Le hic, c’est qu’il pourrait invoquer son statut d’homme politique « harcelé » par la justice de son pays. Surtout avec le maintien de l’Etat d’exception en Tunisie. Et obtenir ainsi le statut de réfugié politique.
D’autant plus qu’après son arrestation qui a fait la Une des médias grecs, il est présenté comme « le chef de l’opposition tunisienne ». Un grotesque statut évidemment usurpé.
Rappelons que le quotidien grec Koutipandoras, a rapporté que Slim Riahi a été arrêté la semaine dernière lors d’un contrôle à une porte d’embarquement aux frontières du pays. Plus précisément à l’aéroport de l’île de Mykonos où il passait vraisemblablement ses vacances estivales. Précisant qu’il était recherché par les autorités tunisiennes, d’après une fiche d’Interpol.
Le sort incertain du Berlusconi tunisien
Toujours selon la même source, Slim Riahi aurait refusé d’être extradé vers la Tunisie. Arguant que c’est à la justice grecque de décider s’il peut être extradé vers la Tunisie ou pas.
Le média grec ajoute que l’intéressé possède la nationalité britannique, une infirmation qu’il a toujours niée.
En attendant son probable procès, le Berlusconi tunisien reste donc en détention provisoire. La justice grecque pourrait le relaxer contre le paiement d’une caution. Il en a les moyens et cela lui permettrait de couler des jours heureux dans les plages azurs des îles grecques. Ainsi va la vie.