Le Président de la République Kaïs Saïed a consacré, depuis le 25 juillet, une partie de son temps à la lutte contre la corruption, la spéculation et la hausse des prix.
Lors de ses visites dans les dépôts réservés au stockage de certains produits ayant connu une pénurie ou une hausse des prix, il a pointé du doigt la défaillance au niveau des circuits de distribution et la fixation des prix.
En effet, au cours d’une visite dans des centres de réfrigération des produits agricoles situés dans le gouvernorat de La Manouba, Kaïs Saïed a qualifié certains circuits de « circuits d’affamement » qui impactent le pouvoir d’achat.
Lors d’une autre visite inopinée à Bir Mcherga, dans le gouvernorat de Zaghouan, le 28 août 2021, Kaïs Saïed s’est rendu dans une usine où 31 mille tonnes de fer de construction ont été saisies. Il a déclaré qu’il s’opposera à la spéculation avec une main de fer. Il n’a pas manqué d’avertir aussi les personnes impliquées dans la monopolisation et la spéculation.
Ainsi, les déclarations lors des visites du Président de la République dans les dépôts réservés au stockage de certains produits suscitent, depuis, différentes réactions dans les milieux d’affaires et chez les spécialistes en la matière.
D’ailleurs, les commerçants de volailles à Sfax ont décidé d’entamer une grève de trois jours au mois d’octobre prochain. Et ce, pour protester contre les nouvelles tarifications décidées par le ministère du Commerce. Ils considèrent que les nouvelles marges bénéficiaires ne permettent pas de couvrir leurs charges fixes. Et que les nouvelles tarifications doivent être appliquées à tous les intervenants dans la filière.
Respecter les règles du jeu
Le système de tarification pose problème pour plusieurs pays. Il n’est pas spécifique à la Tunisie. Pour éclaircir le problème, leconomistemaghrebin.com a interviewé l’économiste et expert en énergie Fethi Nouri. Celui-ci a collaboré à plusieurs institutions de renommée en tant que consultant.
Fethi Nouri a une autre lecture du système de prix à pratiquer en Tunisie. Il considère que tout le système actuel est à revoir pour éviter la distorsion (compensation, subventions, aides…).
« Un système économique cohérent, transparent et efficace est celui qui pratique la vérité des prix dans un marché qui fonctionne convenablement et respecte les règles du jeu à travers les différentes lois », souligne-t-il.
Pour s’assurer de l’efficacité de ce système, Fethi Nouri recommande de renforcer les structures de contrôle et de surveillance. « En Tunisie, les lois et les institutions sont là; mais on est encore au stade de l’économie de spectacle. On manque de paysagistes économiques. L’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), par exemple, peut jouer un grand rôle dans ce domaine et aider à mettre en place des stratégies efficaces », regrette-t-il.
Renforcer l’arsenal juridique
Interpellé sur l’efficacité des visites inopinées du Président de la République pour faire face à la hausse des prix et la pénurie sur certains produits, Fethi Nouri affirme qu’elles ont un double impact.
Le premier est social, parce que le peuple se sent à l’aise et satisfait de cette campagne de lutte contre la corruption.
Deuxièmement et économiquement parlant, au niveau des facteurs de production (capital et travail), personne n’est satisfait!
« Où sont les organisations professionnelles dans tout cela! Les chambres syndicales auraient pu mobiliser leurs adhérents pour entrer en dialogue et discuter avec le président de la République, pour lui expliquer certains volets », ajoute Fethi Nouri. Pour ce, il déclare avoir adressé, à travers les réseaux sociaux, un message au président de la République. Pour l’inviter à arrêter de faire ce genre de visites, renforcer davantage l’arsenal juridique et renouveler les lois.
Au final, Fethi Nouri insiste sur l’importance d’une véritable création de richesse. Et ce, afin de faire de la croissance et rembourser les dettes.